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Par JMGoglin le 2 Mai 2023 à 12:53
La religion repose sur une croyance et des rites.
Elle crée un sentiment d'appartenance communautaire.
En cela, une religion tient une fonction politique.
Elle entretient des rapports particuliers avec l’État qui administre la société.
I. La religion.
-La religion peut se définir comme un lien particulier entre l'individu et un principe supérieur considéré comme sacré.
Le mot « religion » dériverait :
-soit du latin « relegere » (relire, recueillir),
-soit du latin « religare » (lier, relier).
Il est possible de lier ces 2 étymologies.
La religion relie les individus par :
-des croyances,
-des pratiques héritées et communes
et crée un sentiment d’appartenance communautaire.
Il est difficile de trouver une définition de la religion qui fasse l'unanimité.
-Les religions sont aussi anciennes que l'humain et plus anciennes que les États modernes.
Les premiers humains possèdent déjà des systèmes de croyances qui vont donner naissances aux religions
Vénus de Lespugue. Statuette en ivoire. Plus de 20 000 ans.
.
Dessins de mains dans la grotte dite "Cueva de las manos" à Rio-Pinturas - province de Santa-Cruz en Patagonie (Argentine)• Crédits : © Marcel Otte
Certains historiens pensent que la religion organisait le lien social des sociétés antiques.
Ex : La religion civique dans les cités grecques.
Ex : Les fêtes des Panathénées à Athènes.
Ex : https://www.youtube.com/watch?v=ZdnXfnx0W3g
-Aujourd'hui : il n'existe pas une mais des religions.
2015 : 1 personne sur 8 se revendique d'une religion.
Il est impossible de dénombrer les religions existantes.
-Certaines religions ont aujourd'hui disparu.
Aujourd'hui, 4 religions dominent :
-le christianisme,
-l'islam,
-l'hindouisme,
-le bouddhisme.
Tableau : http://jmgleblog.eklablog.com/tableau-les-4-grandes-religions-du-monde-a207661988
-Les religions les plus importantes sont transnationales.
Ex :
2, 3 MM de chrétiens dans le monde.
Ex :
1,6 MM de personnes
-Certaines sont locales.
Ex : L'Eglise maradonienne.
-Les religions sont protégées par l’article 18 de la DUDH :
=affirmation de la liberté de conscience, de pensée et de religion.
La notion de "liberté de conscience" est souvent confondue avec celle de liberté religieuse ou de tolérance.
La liberté de conscience autorise à croire ou à ne pas croire, à changer de croyances et de culte.
La liberté de conscience est un droit.
Lire : Liberté de conscience : histoire d’une notion et d’un droit
II. La religion officielle.
-43 États ont une religion officielle.
=une religion qui a un statut légal et officiel.
Cette religion a une fonction politique : favoriser l'unité de la communauté.
Ex : Le chiisme jafarite est la religion officielle de la République islamique d’Iran.
-40 autres États favorisent officieusement une religion.
-La religion officielle n’exclue pas nécessairement la liberté de conscience.
Ex : L’Angleterre. La religion officielle est l’anglicanisme. Le souverain est le chef de l’Église. La liberté de conscience est garantie.
Henri VIII, fondateur de l’Église anglicane en 1538.
-Certains États s’affirment athées.
Ex : Corée du Nord.
La Corée du Nord pratique le culte de la personnalité du chef de l’État.
Ex : L'Albanie est un pays officiellement athée mais reconnait la liberté de culte depuis 1992.
Lire : https://www.lesechos.fr/2014/09/le-pape-francois-erige-lalbanie-en-exemple-310107
III. La théocratie.
-La théocratie est une conception du pouvoir fondé sur la divinité.
L'usage est d'appeler "théocratie" un système politique où le religieux et le politique se confondent.
Ceux qui exercent le pouvoir l'exercent au nom de la divinité.
Celui ou ceux qui dirigent sont considérés comme "infaillibles".
-Les théocraties existent depuis l'Antiquité.
La théocratie est historiquement liée au monothéisme.
Flavius Joseph utilise le terme pour qualifier la royauté juive.
=roi est 'choisi' par Dieu+commandements.
Mais des systèmes politiques appuyés sur des polythéismes peuvent aussi être des théocraties.
Ex : la théocratie pharaonique où le pharaon est à la fois un dieu et un roi humain.
Ex : La monarchie absolutiste de droit divin.
Louis XIV, Rigaud, 1701, Louvre/Paris.
Mais n'est pas une théocratie.
-Certains États actuels sont des théocraties.
Ex : L'Arabie saoudite.
Ex : Iran (1979).
Vidéo 1 : https://www.youtube.com/watch?v=MVrqX73MG_8
Vidéo 2 : https://www.lemonde.fr/religions/video/2016/06/15/comprendre-l-opposition-entre-chiites-et-sunnites-au-moyen-orient_4951233_1653130.html
Vidéo 4 : https://www.youtube.com/watch?v=VG5sBKL6LXw
Les institutions religieuses contrôlent les institutions politiques.
Le clergé contrôle le président, le gouvernement et l'assemblée.
Le clergé gouverne à travers le Rahbar (ou ayatollah, =guide religieux).
La théocratie iranienne est une théocratie de juristes.
Lire : https://www.la-croix.com/Actualite/Monde/L-Iran-a-l-epreuve-de-la-theocratie-2013-06-20-976095
Écouter : https://www.franceculture.fr/emissions/affaires-etrangeres/liran-40-ans-de-theocratie
Plan : http://jmgleblog.eklablog.com/plan-la-theocratie-iranienne-a188933594
-La loi civile et la loi religieuse se confondent.
Les États théocratiques condamnent pour blasphème.
D'autres États non théocratiques condamnent aussi pour blasphème.
Ex : la Russie depuis 2013.
IV. La sécularisation.
-La notion de sécularisation apparait dans la philosophie politique allemande du XXe s.
="rendre au siècle/monde".
-Cette notion désigne un processus.
Il toucherait toutes les sociétés modernes.
Celles-ci abandonneraient progressivement leur attachement et leurs références au religieux.
La sécularisation reposerait sur :
-un "désenchantement du monde" (Marcel Gauchet),
-ou une "démagification du monde" (Max Weber).
-La sécularisation est d'abord pensée sur le plan politique.
XIVe s : Certains théoriciens pensent le politique sans aucune référence à Dieu.
XVIe s : Les théoriciens insistent sur le rôle du prince.
Ex : Jean Bodin, La République (1576).
La sécularisation favoriserait la démocratie.
-La sécularisation est ensuite pensée sur le plan des connaissances.
Les sciences apportent de nouvelles explications au fonctionnement du monde et du vivant.
Ex :
-La sécularisation est enfin pensée sur le plan social.
Les religions seraient un frein aux évolutions sociales.
-Ce processus touche :
-d'abord l'Europe aux XVIIIe siècle
=Lumières,
-puis l'Occident,
-et toucherait aujourd'hui le monde arabo-musulman.
Mais ce processus n'est pas constaté comme un processus universel et irréversible.
-Certains analystes contestent l'existence de ce processus.
Ils notent :
-l'existence de sociétés post-séculières (Jurgen Habermas),
-le retour du religieux,
-l'apparition d'une religiosité syncrétique et individualiste.
Lire : https://www.revue-projet.com/articles/2008-5-la-secularisation-et-ses-paradoxes/
V. La liberté religieuse.
-Certains États garantissent la liberté religieuse.
Ils garantissent le pluralisme religieux et la liberté de conscience.
-La réflexion sur la liberté de conscience émerge au XVIe s dans le contexte des guerres de religions entre catholiques et protestants.
La liberté de conscience se fonde sur la notion de tolérance comprise dans son sens stoïcien : « parce qu’il est impossible de faire autrement ».
Michel de Montaigne assimile « liberté de conscience » et "liberté de culte ".
John Locke défend l’idée qu’il est possible de ne pas avoir la même foi que le prince.
-Pourtant :
2021 : 26 pays sont touchés par les persécutions religieuses.
Ex : L’État chinois.
Pourtant :
-il reconnait certaines religions : bouddhisme, catholicisme, protestantisme, islam, taoïsme.
-il ne contraint personne à croire ou ne pas croire.
Mais il oblige à faire allégeance à des associations patriotiques.
-L’appartenance à une religion a souvent entrainé et entraine encore des discriminations et des persécutions
Ex : 245 M de chrétiens persécutés en 2018.
Ex : Les Ouighours persécutés en Chine.
VI. La laïcité.
-La laïcité ne repose pas sur une définition unique.
Le terme "laïc" apparait au XIIIe s.
Il désigne ceux qui n'appartiennent pas au clergé.
Le sens du terme évolue.
Lire : http://jmgleblog.eklablog.com/texte-peut-on-donner-une-definition-de-la-laicite-a126940340
-La laïcité est une forme singulière de la sécularisation.
La laïcité est un principe qui garantit la neutralité de l’État vis-à-vis des religions et des Églises.
Exposition virtuelle BNF : La laïcité est-elle l'ennemie de la religion?
-9 États contemporains se déclarent laïques.
Certains États font de la laïcité un principe constitutionnel.
Ex : Les États-Unis en 1787 ; la France en 1946.
-Certains définissent la laïcité comme un idéal.
Texte : http://jmgleblog.eklablog.com/texte-la-laicite-un-ideal-a-atteindre-a126853350
VII. La religion comme caractéristique identitaire ?
-La religion repose sur des croyances qui façonnent l’interprétation du monde, le rapport aux autres et le rapport à soi-même.
-1993 : Samuel Huntington fait de l’affrontement des religions le fondement du « choc des civilisations ».
Beaucoup critiquent ce modèle explicatif des conflits contemporains le jugeant trop réducteur.
Lire : https://www.marianne.net/debattons/billets/qu-est-ce-que-le-choc-des-civilisations
Certains pensent que la mondialisation culturelle est plus forte.
-L'importance de la religion et des religions varie en fonction des époques et des enjeux.
Lire : https://www.la-croix.com/Religion/Monde/Que-seront-religions-2050-2016-04-22-1200755307
Aujourd'hui : les religions semblent perdre leur influence.
Lire : https://www.slate.fr/story/164051/religions-monde-chretiente-islam-juif-secularisation
Jean-Marc Goglin
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Par JMGoglin le 23 Mai 2021 à 09:33
Ariane Bonzon — 11 février 2015 à 7h09 http://www.slate.fr/story/97819/turquie-laicite
- La laïcité turque, ce n'est pas la séparation de l’Eglise (ou plutôt de la Mosquée) et de l’Etat
Depuis 1928, l’islam n’est certes plus déclaré religion de l’Etat. Mais la laïcité turque n’est pas la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Elle est le contrôle de la religion dominante par l'Etat. Si elle s’inspire du modèle français, c’est dans sa volonté de supprimer toute influence de la religion sur les affaires publiques.
[…] L’objectif des fondateurs de la République turque était d’éviter que la religion ne s’érige en contre-pouvoir tout en voulant utiliser la religion musulmane dominante comme instrument de légitimation du nouveau pouvoir.
- L’islam sunnite bénéficie d’un régime particulier
La Direction des affaires religieuses (Diyanet), directement liée au Premier ministre, a été créée pour assurer le contrôle de l’islam sunnite (le courant de l’islam dominant) qu’elle traite différemment des autres courants musulmans (chiites, alévis) et des minorités religieuses. Autrement dit, le sunnisme est tout à la fois contrôlé et favorisé. […]
Ce sont les théologiens du Diyanet qui rédigent chaque semaine le prêche du vendredi, lequel peut traiter de sujets aussi divers que la contraception, la lutte contre le terrorisme, la protection de l’environnement ou bien encore de la «Guerre de l’Indépendance» (1919-1922). Le texte du prêche est envoyé dans toutes les mosquées afin que les imams le lisent aux fidèles. De même, les cours obligatoires de religion donnent la priorité à la connaissance de l’islam sunnite.
Dans certains pays –dont la France– les pratiques et la vie religieuse des Turcs sunnites vivant à l’étranger sont réglées par un attaché religieux, fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères et rattaché à l’Ambassade.
- Les Alévis sont les premières victimes de la laïcité turque
Comme seule une des branches de l’islam a été prise en main et bénéficie de l’appui de l’Etat, la liberté religieuse (l’un des aspects essentiels de la laïcité à la française) est loin d’être totale en Turquie. Aucune aide d’aucune sorte n’est accordée aux minorités musulmanes non sunnites. Et en premier lieu aux Alévis, qui pratiquent un culte hétérodoxe et syncrétique. Et les chiites, beaucoup moins nombreux, se plaignent de la même façon. […]
En 2007, la CEDH a condamné la Turquie sur recours d'un Alevi parce que l'enseignement obligatoire de la religion à l’école porte essentiellement sur le sunnisme (c’est en fait un véritable catéchisme) et qu’il ne pouvait pas dispenser ses enfants de ces cours obligatoires comme le peuvent les non-musulmans. Les Alévis protestent régulièrement contre cet enseignement [...].
- Le port du voile est désormais autorisé partout
Le port du voile dans les services publics et les établissements d’enseignement a longtemps été interdit en Turquie même si, en fait, aucun texte ne l’interdisait spécifiquement. […] progressivement, avec l’affirmation de l’emprise du gouvernement «islamo-conservateur» de l’AKP, cette interdiction a perdu de sa force. […]
- Les minorités non musulmanes sont protégées... selon le traité de Lausanne
[…] Car le traité de Lausanne signé le 24 juillet 1923 est consacré dans sa section III à la protection des minorités non musulmanes. Les minorités peuvent s’organiser en fondations (vakif), avoir leurs écoles, leurs hôpitaux. La rénovation de leurs églises et les salaires de leurs prêtres sont à la charge de leur communauté.
Mais les autorités administratives et judiciaires adoptent une interprétation restrictive du Traité de Lausanne, avec par exemple la privation progressive pour les fondations du droit d’acquérir, d’hériter ou de récupérer des biens immobiliers. De plus, la jeune République turque (1923) ayant repris très largement le code civil suisse et le code pénal français, les minorités religieuses ont décidé d’abandonner certaines règles spécifiques en matière de famille, par exemple, que leur avait accordées le traité de Lausanne.
Dans un premier temps, le gouvernement du Parti de la Justice et du développement (AKP) et son Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait donné des signes forts en direction de ces communautés en assouplissant la loi sur les fondations ou bien en autorisant la suppression de la mention de la religion sur les cartes d’identité.
Mais le discours de ces dernières années, beaucoup plus polarisant et «islamisant», va dans le sens contraire. Conclusion: les communautés non-musulmanes sont protégées sur le papier; dans la pratique c’est plus problématique.
- La charia ne s'applique pas en Turquie
[…] Depuis 1923, la République turque en rejette et les règles, et le principe même, comme contraire au principe de laïcité. La Constitution interdit en effet toute influence de la religion sur les normes ou les institutions du pays: donc, pas de règles du droit musulman, même pour les relations familiales, pas de référence à la charia comme source du droit, pas de tribunaux islamiques, pas de savants ou de muftis pouvant édicter des règles ou des fatwas, pas de jurisprudence islamique.
D’ailleurs la Cour européenne des droits de l’homme (à laquelle adhère La Turquie) a affirmé que la charia était incompatible avec la démocratie et les droits de l’homme dans un jugement qui déclarait que la dissolution du Refah (Parti du bien-être), prônant l’instauration de la charia en Turquie, était bien conforme à la Convention des droits de l'homme.
Reste que la charia régit également les obligations rituelles des croyants, et notamment les «cinq piliers de l’islam»: ainsi pour le jeûne, les prières, voire, de façon plus extensive, les prescriptions alimentaires ou vestimentaires. Or ces normes sont respectées par une grande majorité de la population turque. Alors, si les sanctions ne sont, certes, pas juridiques, elles n’en sont pas moins réelles. Et les pressions sociales de plus en plus fortes ces dernières années.
- Erdogan cherche à réduire l'impact du principe de laïcité, pas à le supprimer
Malgré ce que l’on croit, l’Etat moderne turc n’a pas hésité à instrumentaliser la religion que l’Etat a prudemment placée sous son contrôle. Aussi, depuis que le multipartisme fonctionne (c'est-à-dire depuis 1946), au gré des alternances et des coups d’Etat militaires, nombreuses sont les réformes qui ont renforcé le poids de la religion dans les affaires publiques.
En 1950, l’arabe a remplacé le turc pour l’appel à la prière. En 1982, pour contrer le développement du communisme, l’armée –pourtant identifiée comme un bastion de la laïcité– a rendu obligatoires les cours de religion dans les écoles primaires et secondaires. Le Président Erdogan a poursuivi et amplifié cette tendance. Il continuera, sans aucun doute, à réduire l’impact de la laïcité dans la vie sociale, et peut-être à redorer la place de la religion et de ses serviteurs et dignitaires dans la vie publique.
Mais de là à supprimer le principe de la laïcité, dans ses implications juridiques et politiques, il y a un gouffre : cela supposerait pour commencer de modifier fondamentalement la constitution, qui déclare que le principe de laïcité fait partie des dispositions intangibles qui ne peuvent être modifiées et dont la modification ne peut être proposée. Il faudrait ensuite revoir l’ensemble des codes, pour y introduire des éléments de la charia, etc.
On peut dire que les Turcs se servent «à la carte». L’establishment laïque insiste sur la neutralité d’une sphère publique non confessionnelle. Les intellectuels islamistes s’attachent à la liberté de conscience et de religion et ferment les yeux sur les autres éléments. Quant à l’égalité religieuse des citoyens, elle n’intéresse ni le premier ni le deuxième groupe.
Consigne : Comment s’articulent le politique et le religieux. Montrez que le pouvoir politique s’appuie sur le religieux pour gouverner tout en assurant sa primauté.
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Par JMGoglin le 17 Août 2020 à 15:48
Article à étudier : https://www.lejdd.fr/International/sainte-sophie-transformee-en-mosquee-a-istanbul-pourquoi-cela-cree-des-tensions-a-lechelle-internationale-3980820
Vidéo : Histoire d'Ayasofya
Vidéo : Visite virtuelle
L'entrée de Mehmed II dans Constantinople• Crédits : Fausto Zonaro (1854-1929).
Consigne :
Construisez une chronologie succincte présentant les grandes périodes de l'histoire ottomane/turque. Situez les événements liés à votre sujet.
Pourquoi est-il nécessaire de donner à cet événement une portée à la fois géographique, politique, historique et géopolitique ?
Est-il possible de totalement dissocier ces portées ?
Jean-Marc Goglin
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Par JMGoglin le 5 Août 2019 à 14:00
I. Le modèle des Etats-Unis : une "laïcité de reconnaissance".
- La Constitution déconfessionnalise l’État.
-Le terme "laïcité" n'existe pas aux Etats-Unis.
XVIIe s : Des protestants puritains fuyant les persécutions religieuses s'installent au Nouveau Monde.
= "nouvelle Terre promise".
De nombreuses communautés défendent alors l'idée d'une stricte séparation des Eglises et de l'Etat.
-Déclaration des droits :
-L'article :
- déconfessionnalise l’État, interdit toute Église officielle,
-autorise la liberté de conscience et le libre exercice des cultes.
Les États-Unis rompent avec le modèle britannique de la monarchie de droit divin.
Ils adoptent un principe qui fonctionne sur l'"accommodement".
La Cour Suprême est la garante du respect des amendements.
L'Etat ne subventionne aucune école religieuse.
- Le politique admet une "religion civile".
-Les politiques s'appuient sur une conception déiste de Dieu.
La Déclaration d'indépendance de 1776 mentionne à la fois le "Créateur" et un "Dieu de la nature".
Ces dénominations sont fédératrices.
-Le président des Etats-Unis prête traditionnellement serment sur la Bible depuis 1789 :
« Je jure solennellement que je soutiendrai et défendrai la Constitution des États-Unis contre tous ennemis, externes ou intérieurs, que je montrerai loyauté et allégeance (…) je vais bien et loyalement m'acquitter des devoirs de la charge que je m'apprête à prendre. Que dieu me vienne en aide ».
Vidéo : Serment du démocrate Brack Obama (2013).
Le 1er à prêter serment a été Georges Washington.
Le dernier :
Joseph Biden, lors de son investiture en tant que président des Etats-Unis. 20 janvier 2021.
(ANDREW HARNIK / MAXPPP)
Le président des EU dispose de son conseiller religieux.
-Les devises religieuses sont nombreuses : "In God we trust" (1956) ; "God bless America"...
Billet de 100 dollars.
La fête de Thanksgiving devient une fête à laquelle chacun peut adhérer.
La critique des religions est difficilement concevable.
Ex : Absence de caricatures sur les religions.
Lire : https://www.cnews.fr/bd/2015-03-21/la-religion-seul-tabou-de-la-caricature-americaine-701664
- Les mouvements religieux jouent un rôle politique essentiel.
-Les communautés religieuses sont parfois puissamment organisées :
-réseaux éducatifs,
-médias...
BA : Chaine Tv GodTV
Certaines sont de riches organisations de masse.
-Les mouvements religieux jouent un rôle majeur dans la politique intérieure du pays.
Ils ont soutenu l’émancipation afro-américaine :
-l’Église baptiste a soutenu Martin Luther King qui était pasteur,
1963.
-les musulmans ont soutenu Malcom X.
Washington D.C. USA. 1961. © Eve Arnold | Magnum Photos.
-Les communautés pèsent lors des élections présidentielles.
Le parti républicain s'appuie traditionnellement sur les électeurs chrétiens conservateurs.
Mais le parti démocrate bénéficie du vote des chrétiens attachés aux valeurs d'égalité.
Les candidats évoquent leur foi.
Ex : Le démocrate Barack Obama a évoqué sa conversion et sa foi chrétienne.
Les candidats rencontrent les communautés religieuses.
Ex : Le républicain Donald Trump soutenu par les Evangéliques.
Lire : https://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/trump-nouvelle-icone-de-lamerique-evangelique-130189
-Les mouvements religieux pèsent sur l'élection présidentielle mais rarement sur l’adoption des lois.
Les préoccupations sociales et morales ont moins de poids que les préoccupations économiques.
- La société pratique une laïcité de "reconnaissance".
-Les Etats-uniens s'affirment majoritairement croyants.
Les premiers colons sont des puritains protestants venus en Amérique afin de pratiquer librement leur religion.
La communauté athée est encore assimilée à un danger.
-Les débats publics portent régulièrement sur les questions religieuses :
-présence de signes religieux visibles dans l'espace public.
-théories créationnistes opposées aux théories scientifiques.
Aucune religion ne doit être privilégiée.
-Mais les Etats-uniens ignorent le plus souvent leurs propres traditions religieuses.
Le nombre d'athées et d'agnostiques progresse, notamment parmi les jeunes générations.
II. Le modèle de la France : une laïcité de séparation.
- La loi du 9 décembre 1905.
Etude : http://jmgleblog.eklablog.com/etude-la-loi-de-separation-des-eglises-et-de-l-etat-de-1905-a183328312
-Le terme de laïcité apparait sous la IIIe République.
L'émergence de la loi est longue et complexe.
-La loi est défendue par Aristide Briand.
Elle est une loi de compromis.
341 voix pour/233 voix contre.
-Article 1er : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes […] ». Le premier article crée un large consensus. Le texte ne laisse que peu de marge pour son application, par les mots « assure » et « garantit ».
Article 2 : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. […] »
-Le pape Pie X condamne la loi de 1905.
- La laïcité comme manière de penser la laïcité.
-La définition de la laïcité pose débat.
Certains la définissent comme un principe.
D'autres la définissent comme une valeur qui s'oppose aux valeurs religieuses.
-Jean Baubérot estime qu'il existe en France 7 manières différentes de penser la laïcité :
-antireligieuse,
-gallicane,
-libérale et individualiste,
-inclusive,
-laïcité ouverte,
-identitaire,
-concordataire.
Il n'existerait donc pas de modèle français fondé sur une manière unique de penser la laïcité.
Jean Baubérot la présente comme un "idéal".
Lire : https://www.humanite.fr/debats/jean-bauberot-la-laicite-absolue-n-existe-pas-c-es-560090
- Depuis 2003 : une laïcité inclusive ?
Aujourd'hui, la réflexion porte sur la distinction privé/public et public/intime.
Certains avancent que l'espace public est un espace pluriel.
Lire : https://www.ladepeche.fr/article/2016/12/08/2474687-gilles-kepel-enjeu-laicite-est-integration.html
Lire : https://www.huffingtonpost.fr/asif-arif/laiecite-inclusive-francaise_b_4511615.html
- Depuis 2003 : une "nouvelle laïcité"?
-Certains prônent une "nouvelle laïcité".
Certains critiquent la "nouvelle laïcité" comme une nouvelle manière de hiérarchiser les religions.
-Les débats portent sur les manifestations visibles de l'islam.
-Certains débats sont violents.
III. Le modèle de la Turquie : une laïcité de contrôle.
- 1924 : L’État impose une laïcité de séparation.
-La Turquie nait de la défaite de l'Empire ottoman.
29 octobre 1923 : La République turque est proclamée.
3 mars 1924 : l’assemblée abolit le califat.
-20 avril 1924 : La constitution proclame l’Etat laïque.
Elle interdit toute loi d'inspiration religieuse.
Vidéo : https://www.francetvinfo.fr/monde/turquie/la-video-la-laicite-a-la-turque_3062779.html
Etude : http://jmgleblog.eklablog.com/etude-le-modele-laique-turc-a207780062
La laïcité reste inscrite dans les révisions constitutionnelles de 1937 et de 1980.
-L’État ferme les écoles religieuses et les tribunaux religieux.
Il fait des imams des fonctionnaires de l’État.
Il interdit la polygamie.
Il accorde le droit de vote aux femmes.
-L’État institue une Direction des affaires religieuses.
L’État veut éviter que la religion devienne un contre-pouvoir.
L'armée est la garante de la lutte contre le retour du religieux en politique.
-La constitution de 1982 mentionne la laïcité.
Le sens du terme n'est pas défini.
- L’État favorise le sunnisme.
-L’État soutient le sunnisme qui est la religion des 3/4 des Turcs.
Mais l'Etat doit protégé ses minorités (traité de Lausanne de 1923).
-1950 : L'arabe est de nouveau autorisé pour l'appel à la prière.
1982 : La constitution rend obligatoire l'enseignement coranique dans sa version sunnite.
Seuls les élèves déclarés chrétiens ou juifs peuvent être dispensés.
1986 : La loi interdit le blasphème.
Depuis 2013 : Le port du voile est progressivement autorisé (fonction publique, université...).
-Les minorités musulmanes chiites et alévis se plaignent.
- L’État reconnait et protège certaines minorités.
-Les minorités non musulmanes sont théoriquement protégées par le traité de Lausanne de 1923.
Les minorités reconnues et protégées sont : les chrétiens orthodoxes et les juifs.
-Les autres minorités ne sont pas reconnues.
Ex : Les catholiques et les protestants.
- Aujourd'hui une laïcité abandonnée ?
L'Etat turc semble être engagé dans une forme de désécularisation.
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=OebT-NunyJ4
Lire : https://www.la-croix.com/Religion/Monde/Controverses-laicite-Turquie-2016-04-27-1200756320
Etude : http://jmgleblog.eklablog.com/etat-et-religion-le-cas-d-ayasofya-a-istanbul-a200956256
Cette stratégie est liée à une volonté :
-de renouer avec la grandeur ottomane,
-de se rapprocher de nouveaux partenaires géopolitiques.
Jean-Marc Goglin
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Par JMGoglin le 5 Août 2019 à 13:46
I. Le pouvoir est pensé comme d’origine divine.
- Le modèle du roi biblique.
Les médiévaux découvrent dans la Bible un modèle de souverains : David.
- L’affirmation de Paul de Tarse.
Paul affirme que « tout pouvoir vient de Dieu ».
- Les premières théorisations politiques.
VIIIe s : Les médiévaux théorisent le pouvoir du souverain.
Dieu est pensé comme juge et législateur.
II. La rivalité des princes et des papes pour le pouvoir.
- Le pouvoir est d’abord détenu par les souverains.
-476 : L’empire romain d’occident disparait.
Les évêques et les abbés restent les détenteurs du pouvoir à l’échelle locale.
Les nouveaux rois s’appuient sur eux pour gouverner.
Ils finissent par se convertir et se faire baptiser.
Ex : Clovis.
Plaque en ivoire du IXe s.
-Charlemagne incarne le modèle du souverain médiéval.
Les Carolingiens ont introduit le sacre par onction.
Ils reprennent la figure de l'Ancien Testament de Saül oint par Samuel.
768 : Charlemagne devient roi des Francs.
Il devient le protecteur du pape.
774 : Il devient roi des Lombards.
25 décembre 800 : Charlemagne est couronné empereur romain d'Occident par le pape Léon III dans la basilique Saint Pierre de Rome.
Charlemagne se présente à la fois comme le successeur de l’empereur romain et des rois bibliques.
Il se donne les titres de :
-recteur de l’Eglise,
-de fonctionnaire de Dieu.
Il est le souverain universel qui protège l’Eglise.
Les clercs carolingiens identifient les Francs au peuple chrétien.
L'Etat et l'Eglise ne s'en distinguent pas.
Le peuple franc a une mission universelle : évangéliser.
Les peuples conquis doivent se convertir au christianisme.
- La lente affirmation du pouvoir pontifical.
-Le pape est l’évêque de Rome.
Il est élu.
Il n’a pas de pouvoir sur les autres évêques.
Il n’exerce qu’une primauté d’honneur.
Jusqu’au VIIIe s : le pape est un sujet de l’empereur byzantin.
-Progressivement, le pape se détache du pouvoir byzantin.
Il cherche appui auprès des souverains carolingiens.
756 : Le pape s’attribue un patrimoine terrien entre Rome et Ravenne (= "patrimoine de saint Pierre").
= « fausse donation de Constantin ».
-Le pape affirme son pouvoir sur les évêques.
Il se présente d'abord comme le "vicaire de saint Pierre";
Il se présente ensuite comme le "vicaire du Christ".
Il s’appuie sur les cardinaux qui composent la curie romaine.
-Les papes Léon IX puis Grégoire VII imposent la réforme dite "grégorienne".
Le pape impose le droit canonique.
Il légifère.
Il impose l'indépendance des clercs.
Il met en place une justice pontificale.
Il octroie des indulgences.
- La rivalité entre les papes et les souverains germaniques.
-Février 962 : Otton Ier est sacré empereur du Saint Empire romain germanique.
L’empereur s’accorde le droit de choisir le pape.
-1059 : Le pape Nicolas II impose que le pape soit élu par les cardinaux.
1075 : Grégoire VII retire au roi le pouvoir de nommer les évêques.
L’empereur Henri IV annonce qu’il va destituer Grégoire VII.
Grégoire VII excommunie Henri IV.
= « querelle des investitures ».
Henri V renonce à la nomination des évêques.
=concordat de Worms.
- Les papes imposent leur pouvoir.
-Le pape structure l’Eglise de manière hiérarchique.
-L’Eglise impose croyances et pratiques religieuses identiques.
Elle s’applique à mieux former le clergé.
Ex : fondation des universités.
Elle surveille les mouvements laïcs.
Elle condamne les déviants en les déclarant « hérétiques ».
XIIIe s : L’Eglise instaure le tribunal d’inquisition.
-Le pouvoir du pape s’affaiblit au XVe s.
Les Etats modernes commencent à émerger.
Jean-Marc Goglin
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