Marsile de Padoue : Le défenseur de la paix

Marsile de Padoue (v. 1275-1342) est un théoricien politique.

Il s'interroge sur la nature du pouvoir dans un contexte politique et religieux marqué par la querelle de la papauté et de l'empire.

Il définit l’État comme :

  -une société fondée sur des intérêts matériels,

  -un appareil de gouvernance terrestre.

Marsile de Padoue ne lie plus pouvoir temporel et pouvoir spirituel.

Il les sépare.

Il s'oppose au pouvoir temporel du pape.

Marsile de Padoue est un adversaire des théories d'Augustin.

-Le Défenseur de la Paix est rédigé en collaboration avec Jean de Jandun entre 1318 et 1324.

Le 'défenseur de la paix' est l'empereur.

-Marsile utilise Aristote.

Mais il l'utilise différemment de Thomas d'Aquin;

Marsile reprend la théorie finaliste : 'en vue de'.

Il s'interroge sur la nature de la vie bonne au sein de la cité terrestre.

Il fait du bonheur en cette vie une fin en soi.

I. La Cité est instituée pour une vie bonne.

-Marsile de Padoue reprend à Aristote sa théorie de l'homme 'animal politique'.

-Marsile de Padoue définit la Cité comme :

  -un lieu animé et vivant'.

  -un lieu de la paix,

   -le lieu de la prospérité des sociétés.

La paix est créatrice de libertés.

La discorde entraine la ruine politique et économique des sociétés.

-Les citoyens aspirent :

  -à une vie bonne,

  -au bonheur (postmortem mais aussi en cette vie).

Ils possèdent le désir naturel d'être heureux.

II. Mais tous les régimes politiques ne le permettent pas. 

-Marsile de Padoue distingue le régime qui assure le bien commun et le régime corrompu. 

-La tyrannie ne se préoccupe que du bien du tyran.

L'oligarchie défend le bien du groupe au pouvoir.

La démocratie ne défend pas le bien commun car elle est accaparée par le 'petit peuple'.

-La monarchie défend le bien commun par l'intermédiaire du pouvoir d'un seul.

La République défend le bien des citoyens par le pouvoir de tous.

-Marsile défend un système qui distingue :

  -le gouvernement,

  -le législateur.

Le prince est à la fois un gouvernant et un juge.

Les citoyens, qui sont libres, doivent avoir le pouvoir de s'opposer à la loi.

Le prince ne peut pas prétendre appliquer une loi divine pour contraindre les citoyens.

Marsile soutient que le bon régime politique s'appuie sur le droit naturel.

III. Les citoyens doivent participer activement à la vie de la Cité.

-Marsile de Padoue soutient que les citoyens doivent :

  -participer au pouvoir législatif,

  -élire son souverain.

Les citoyens transmettent leur pouvoir.

-Les citoyens n'accordent au roi et l'aristocratie qu'une délégation temporaire pour légiférer.

Ils n'ont qu'une possession conditionnelle du pouvoir.

Marsile défend une forme de 'constitutionnalisme séculier'.

-Les citoyens sont la source de la loi.

La loi doit combler l'écart entre l'acte accompli et l'acte juste.

La loi doit être être :

  -juste et utile,

  -conforme à la raison et à la loi naturelle.

IV. Les citoyens peuvent alors agir selon le bien. 

-Les citoyens peuvent :

  -contrôler leurs passions,

  -agir selon la raison.

-Les citoyens peuvent pratiquer l'activité théorétique et rechercher le bonheur.

-Les citoyens peuvent former une communauté parfaite.

Conclusion :

Marsile de Padoue rompt avec l'augustinisme politique.

Le texte/5 thèses sera déclaré hérétique.

Certains analystes en font un précurseur de la séparation du politique et du religieux.

Bibliographie :

J. Quillet, Marsile de Padoue. Le Défenseur de la paix. Introduction, traduction, commentaire. Paris, Vrin, 1967.

Jean-Marc Goglin