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Par JMGoglin le 25 Août 2022 à 13:25
-Crise = manifestation soudaine et violente/rupture.
Crise économique = perturbation des productions, des ventes et des échanges.
Les théoriciens pensent que l'économie évolue selon des cycles.
L'industrialisation crée des crises d'un genre nouveau :
-la crise avant : sous-production agricole qui entraine des famines,
-la crise industrielle : surinvestissements qui entraine la surproduction.
-1929 = date retenue comme étant une date rupture.
=date qui marquerait le début d'une crise économique d'une gravité sans précédents.
Pb :
I. Une crise financière et économique américaine.
- Un krach financier.
1925-8 : L'économie américaine a déjà des indicateurs négatifs :
-surproduction agricole et industrielle,
-surinvestissement à crédit,
-trop forte concentration bancaire.
-Le "jeudi noir" : le krach boursier du 24 octobre 1929.
=éclatement de la bulle spéculative.
12 M d'actions sont vendues en 1 jour.
Les valeurs s'effondrent.
-Une émeute éclate à l'extérieur de la Bourse NYSE.
Foule se massant devant le bourse de NY.
Source :
-Le krach se poursuit jusqu'au mardi 29 octobre 1929.
- La ruine des investisseurs et des épargnants.
-Beaucoup de particuliers ont acheté leurs actions à crédit.
Ils ont eu la possibilité de n'investir que 10% de la valeur de l'action lors de son achat.
1,5 M de particuliers sont ruinés.
-1930-1932 : 773 banques font faillite.
Les épargnants perdent leurs économies.
Ex : La famille Rockfeller perd 80% de sa fortune.
- Une économie en récession.
-Les banques augmentent leurs taux d'intérêt et limitent leurs prêts.
Les entreprises ne peuvent plus se financer et investir.
Les ménages ne peuvent plus consommer.
-Les productions et les prix chutent.
Ex : les productions agricoles.
Ex : la production automobile.
1929-1932 : La production industrielle chute de moitié.
-Des entreprises font faillite.
- Chômage et pauvreté.
1929 : 1,5 M de chômeurs.
1933 : 15 M de chômeurs.
-Les ouvriers industriels et agricoles se retrouvent au chômage.
Les fermiers tombent dans la pauvreté.
Beaucoup sont expropriés.
-Certains quittent la ville et retournent dans leur famille.
D'autres migrent vers la ville.
Une famille du comté de Pittsburg en Oklahom , est forcée de quitter sa maison pendant la Grande Dépression. Photographie de Dorothea Lange
-1933 : 2 M de personnes sont sans abri.
Les bidonvilles se développent.
="hoovervilles".
Seattle and Tacoma.
Source : https://depts.washington.edu/depress/hooverville.shtml
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=HioVzH0y2Ew
=La "grande dépression".
Le nombre des mariages et des naissances s'effondre.
Louisville/Kentucky. 1937. (c) Margaret Bourke-White.
II. Une crise économique mondiale.
- Le rapatriement des capitaux américains.
-Les Etats-Unis sont les premiers créanciers du monde.
L'Etat américain réclame le remboursement des dettes contractées par les Etats européens.
Les banques américaines rapatrient les capitaux investis en Europe.
-1931 : krachs boursiers en Autriche puis en Allemagne.
Des banques européennes font faillite.
- L'instauration du protectionnisme.
-17 juin 1930 : Le président Hoover augmente les droits de douane américains.
Les exportations sud-américaines et européennes vers les E.-U. s'effondrent.
-Les Etats européens mettent en place des mesures protectionnistes.
Les exportations américaines s'effondrent.
-Les politiques protectionnistes auraient limité les effets de la crise.
- Les politiques de dévaluation.
-1931 : La GB dévalue la livre sterling afin de soutenir ses exportations.
-Les autres Etats exportateurs dévaluent leur monnaie :
-1934 : Les Etats-Unis dévaluent le dollar,
-1936 : La France dévalue le franc.
-Les conséquences sont négatives :
-baisse de la valeur de la monnaie,
-baisse des revenus,
-hausse des prix,
-baisse du pouvoir d'achat.
Les dirigeants politiques et les banquiers sont accusés d'avoir causé une hyperinflation.
Lire : https://laviedesidees.fr/Pourquoi-les-crises-financieres.html
- Une crise de la production.
-Les Etats d'Amérique Centrale et du Sud ne parviennent plus à vendre leurs matières premières.
Les producteurs détruisent leurs stocks de produits agricoles.
Ex : Le café du Brésil.
-La production industrielle s'écroule.
Ex : La France.
III. Une crise sociale.
- Chômage de masse.
-1932 : 40 M de chômeurs dans les PI.
- Paupérisation et famine.
-Création de la "soupe populaire".
Soupe populaire à Paris vers 1932.
© Süddeutsche Zeitung/Rue des ArchivesChômeurs se restaurant à la soupe populaire (Berlin, 1933).- Manifestations contre la faim.
-1939 : John Steinbeck : Les raisins de la colère.
"Les petits fermiers allaient habiter la ville, le temps d’épuiser leur crédit et de devenir une charge pour leurs amis ou leurs parents ; et finalement ils échouaient eux aussi sur la grand’-route, où ils venaient grossir le nombre des assoiffés de travail des forcenés prêts à tuer pour du travail."
John Steinbeck, Les Raisins de la colère, chapitre XXII, 1939.
Antonio Berni, Manifestación, 1934, détrempe sur toile, 128 × 247,5 cm, Museo de Arte Latinoamericano, Buenos Aires.
Chicago 1934.
- Les remises en cause des gouvernements voire des démocraties.
-Aux États-Unis : les Républicains américains sont rendus responsables de la crise.
Hoover reste persuadé que "la prospérité est au coin de la rue".
Novembre 1932 : Hoover (15 M de voix) est battu lors de la présidentielle par F.D. Roosevelt (22 M de voix).
-En Europe et en Amérique du Centre et du Sud : les mouvements ou les partis opposés à la démocratie gagnent en influence.
Ex : en Allemagne où la République de Weimar est critiquée.
« La grande mélancolie allemande ».Couverture de la revue satirique allemande Simplicissimus. 15 septembre 1930. © source : www.simplicissimus.info/DR.-En Europe : la démocratie et le parlementarisme sont remis en cause.
Ex : en France.
Affiche antérieure à 1934. Auteur et source inconnus.
https://histoire-image.org/fr/etudes/antiparlementarisme-annees-30
Les manifestations se multiplient.
Ex : 6 février 1934 à Paris.
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=rYNR35ShKFY
-Les gouvernements sont remis en cause.
-Les coups d’État sont nombreux.
Argentine. 6 septembre 1930.
IV. Des politiques de relances nouvelles.
- Les prémices de l’État-providence.
L'économiste britannique John Maynard Keynes a une influence croissante.
Il théorise la sortie de crise : agir sur sur la demande.
- Le New Deal américain.
-Mars 1933 : F.-D. Roosevelt débute son mandat de président des E.-U.
Étude : http://jmgleblog.eklablog.com/etude-le-new-deal-a127456080
-1937 : L'économie américaine rechute.
Le New deal est une réponse politique à la crise plus qu'économique.
- Le Front Populaire et les accords Matignon.
14 juillet 1935 : Les forces de gauche manifestent dans Paris.
Elles forment un "Front populaire".
3 mai 1936 : Elles remportent les élections législatives.
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=1XlcXlsLB6U
Texte : Discours de Léon Blum devant la Chambre des députés
7 juin 1936 : Les accords Matignon sont signés.
Étude : http://jmgleblog.eklablog.com/etude-les-accords-matignon-a210075540
- Les politiques autoritaires.
-Certains États basculent dans la dictature :
-en Amérique Centrale et du Sud (1930 : Argentine ; 1934 : Équateur ; 1937 : Brésil),
-en Europe.
-Ces États :
-ferment leurs frontières,
-mettent en place des politiques économiques planifiées.
Texte : http://jmgleblog.eklablog.com/texte-l-etat-argentin-planifie-l-economie-a201634344
-La crise économique favorise l'instauration des dictatures mais n'en est pas la seule cause.
Lire : Idée reçue : "La crise de 1929 a porté Hitler au pouvoir".
Jean-Marc Goglin
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Par JMGoglin le 5 Novembre 2021 à 12:24
"En 1929, l'industrie de l'automobile commença à être touchée. En rentrant d'un voyage à New York, au début d'octobre 1929, interviewé sur la situation économique des Etats-Unis, je répondis qu'un pays où l'agriculture va mal, où le textile va mal, où l'automobile commence à aller mal et où on emprunte de l'argent à 9 % pour acheter des actions qui ne rapportent que 2 %, est un pays qui peut réserver des surprises. [...]
Quelques jours après, c'est le 24 octobre 1929, le Black Thursday de la bourse de New York d'où les brokers1 sortaient avec des vêtements déchirés et des faux cols arrachés. Les cours s'étaient effondrés. [...] Aux Etats-Unis, la production s'effondra. De 1929 à 1933, le pourcentage des chômeurs monta de 8,2 % à 24,3 %. De 1929 à 1932, les exportations tombèrent de 5,2 milliards de dollars à 1,6 milliard. Le blé tomba de 1 dollar à 0,35 dollar le boisseau2.
[...] Les fermiers devinrent incapables de rembourser leurs dettes. Les banques qui leur avaient fait des prêts s'écroulèrent par milliers. [...] Des chômeurs s'improvisaient marchands de pommes dans les rues de New York. Des agressions avaient lieu dans les jardins publics. La révolution grondait. La crise atteignit le monde entier. L'ouvrier métallurgiste de Pittsburgh, le planteur de café brésilien, l'artisan de Paris, le banquier de Londres, tous furent atteints."
Paul Reynaud (homme politique français, ministre des Finances de novembre 1938 à mars 1940 et Président du Conseil de mars à juin 1940), La France a sauvé l'Europe, Flammarion, 1947.
1. Courtiers en bourse 2. Environ 35 litres
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Par JMGoglin le 9 Septembre 2021 à 18:39
La tâche du Gouvernement qui se présente devant vous se trouve donc définie dès la première heure de son existence.
Il n'a pas à chercher sa majorité, ou à appeler à lui une majorité. Sa majorité est faite. (Vifs applaudissements à l'extrême gauche, à gauche et sur divers bancs.) Sa majorité est celle que le pays a voulue. Il est l'expression de cette majorité rassemblée sous le signe du Front populaire. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.) [...]
Il n'a pas à formuler son programme. Son programme est le programme commun souscrit par tous les partis qui composent la majorité, et l'unique problème qui se pose pour lui sera de le résoudre en actes. (Nouveaux applaudissements.) [...]
Dès le début de la semaine prochaine, nous déposerons sur le bureau de la Chambre un ensemble de projets de loi [...] Ces projets de loi concerneront :
- L'amnistie,
- La semaine de quarante heures,
- Les contrats collectifs,
- Les congés payés,
- Un plan de grands travaux (Applaudissements à l'extrême gauche et à gauche), c'est-à-dire d'outillage économique, d'équipement sanitaire, scientifique, sportif et touristique (Très bien ! très bien !),
- La nationalisation de la fabrication des armes de guerre (Vifs applaudissements à l'extrême gauche, à gauche et sur plusieurs bancs au centre),
- L'office du blé qui servira d'exemple pour la revalorisation des autres denrées agricoles, comme le vin, la viande et le lait (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs),
- La prolongation de la scolarité (Très bien ! Très bien !),
- Une réforme du statut de la Banque de France (Applaudissements à l'extrême gauche et à gauche), garantissant dans sa gestion la prépondérance des intérêts nationaux,
- Une première révision des décrets-lois en faveur des catégories les plus sévèrement atteintes des agents des services publics et des services concédés, ainsi que des anciens combattants. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.)Sitôt ces mesures votées, nous présenterons au Parlement une seconde série de projets visant notamment le fonds national de chômage, l'assurance contre les calamités agricoles, l'aménagement des dettes agricoles (Applaudissements), un régime de retraites garantissant contre la misère les vieux travailleurs des villes et des campagnes. (Vifs applaudissements à l'extrême gauche, à gauche et sur divers bancs au centre.)
À bref délai, nous vous saisirons ensuite d'un large système de simplification el de détente fiscale, soulageant la production et le commerce, ne demandant de nouvelles ressources qu'à la contribution de la richesse acquise, à la répression de la fraude, et surtout à la reprise de l'activité générale. (Applaudissements à l'extrême gauche et à gauche.)
Tandis que nous nous efforcerons ainsi, en pleine collaboration avec vous, de ranimer l'économie française, de résorber le chômage, d'accroître la masse des revenus consommables, de fournir un peu de bien-être et de sécurité à tous ceux qui créent, par leur travail, la véritable richesse (Applaudissements à l'extrême gauche et sur divers bancs à gauche), nous aurons à gouverner le pays.
Nous gouvernerons en républicains. Nous assurerons l'ordre républicain. (Applaudissements.) Nous appliquerons avec une tranquille fermeté les lois de défense républicaine. (Applaudissements à l'extrême gauche et à gauche.) Nous montrerons que nous entendons animer toutes les administrations et tous les services publics de l'esprit républicain. (Vifs applaudissements à l'extrême gauche, à gauche et sur divers bancs au centre.) Si les institutions démocratiques étaient attaquées, nous en assurerions le respect inviolable avec une vigueur proportionnée aux menaces ou aux résistances. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs. - Interruptions à droite.)
Léon Blum, Président du Conseil, Discours devant l'Assemblée nationale, 6 juin 1936.
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Par JMGoglin le 9 Septembre 2021 à 18:34
Consigne : Présentez les acquis sociaux obtenus lors des accords de Matignon, montrez que ces acquis ont été difficilement obtenus.
Doc. 1 :
[...] La tâche du Gouvernement qui se présente devant vous se trouve donc définie dès la première heure de son existence. Il n'a pas à chercher sa majorité, ou à appeler à lui une majorité. Sa majorité est faite. (Vifs applaudissements à l'extrême gauche, à gauche et sur divers bancs.) Sa majorité est celle que le pays a voulue. Il est l'expression de cette majorité rassemblée sous le signe du Front populaire. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.) [...] Il n'a pas à formuler son programme. Son programme est le programme commun souscrit par tous les partis qui composent la majorité, et l'unique problème qui se pose pour lui sera de le résoudre en actes. (Nouveaux applaudissements.) [...]
Léon Blum, président du Conseil, discours devant la Chambre des députés, 6 juin 1936.
Doc. 2 :
Grève joyeuse de mai 1936, photographie des chantiers navals de Bordeaux.
Doc. 3 :
Doc. 4 :
[...] Art. 3. L’observation des lois s’imposant à tous les citoyens, les employeurs reconnaissent la liberté d’opinion, ainsi que le droit pour les travailleurs d’adhérer librement et d’appartenir à un syndicat professionnel constitué en vertu du livre III du Code du travail. Les employeurs s’engagent à ne pas prendre en considération le fait d’appartenir ou de ne pas appartenir à un syndicat pour arrêter leurs décisions en ce qui concerne l’embauchage ou le congédiement. [...]
Art. 4. Les salaires réels pratiqués pour tous les ouvriers à la date du 25 mai 1936 seront, du jour de la reprise du travail, rajustés suivant une échelle décroissante commençant à 15 % pour les salaires les moins élevés pour arriver à 7 % pour les salaires les plus élevés. [...]
Art. 5. En dehors des cas particuliers déjà réglés par la loi, dans chaque établissement comprenant plus de dix ouvriers, après accord entre organisations syndicales, ou, à défaut, entre les intéressés, il sera institué deux ou plusieurs délégués ouvriers selon l’importance de l’établissement. Ces délégués ont qualité pour présenter à la direction les réclamations individuelles qui n’auraient pas été directement satisfaites, visant l’application des lois, décrets, règlements du Code du travail, des tarifs de salaires, et des mesures d’hygiène et de sécurité. [...]Accords Matignon, 7 juin 1936.
Doc 5 :
Luis, Un Pays qui ne peut plus exporter est voué à la faillite, 1936, lithographie en couleurs, 120 × 80 cm, bibliothèque Forney, Paris.
Doc. 6 :
Robert Fuzier, dessin de presse dans le Populaire, 1936.
Jean-Marc Goglin
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Par JMGoglin le 31 Août 2020 à 17:09Federico Pinedo est ministre des Finances et de l’Agriculture, après le coup d’État de José Félix Uriburu en 1930. Il met en place une économie dirigiste, conforme aux ambitions du nouveau pouvoir.
"Le pays a besoin d’un plan. Une fois la tâche préliminaire de réorganisation financière terminée, le temps est venu de le présenter. Le gouvernement le fait en étant conscient de sa grave responsabilité et persuadé qu’une crise longue et intense comme celle-ci, qui peut ébranler toute la structure de la Nation, ne doit pas être surmontée avec les règles traditionnelles de l’action administrative. […] Pour que l’industrie sorte plus vigoureuse et diversifiée de cette situation anormale, il faut avant tout maintenir et développer la demande de ses produits et assurer le financement de ses investissements fixes et l’acquisition ou le remplacement de ses équipements. La demande de produits industriels sera le résultat immédiat des mesures examinées ci‑dessus, visant à développer le pouvoir d’achat de la population."
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