•  

    Le clergé régulier regroupe les hommes et les femmes qui prononcent des vœux et vivent selon une règle.

    Les hommes peuvent être prêtres ou laïcs.

    Les femmes sont laïques.

     

     

    I. Les chanoines.

     

    • Des servants d'églises vivant l'idéal apostolique. 

     

    Les chanoines ont un mode de vie inspiré de la vie des communautés des apôtres.

    Le chanoine dessert :

      -une église importante,

      -ou la cathédrale.

    Les chanoines vivent en communauté et observent des règles communes de vie. 

    Les communautés sont de taille variable : de quelques chanoines à la centaine.

    Les chanoines qui desservent la cathédrale ont des règles de vie imposée par leur évêque.

    Les relations sont parfois conflictuelles.  

     

    • Des servants divisés entre réguliers et séculiers. 

     

    -Les souverains carolingiens souhaitent :

      -rapprocher l'état canonial de l'étant monastique,

      -mais en maintenant la distinction entre les chanoines et les moines.

     

    -Pépin le Bref charge Chrodegang de Metz de la réforme.

    =évêque de Metz depuis les années 740.

    740 : Fonde l’abbaye de Gorze, abbaye réformatrice.

    766 : Meurt.

    Chrodegang est un des plus zélés partisans de la romanisation du culte.

    Il introduit à Metz :

                            -le chant, l’ordo,

                            -les coutumes romaines.

    Entre 754 et 756 : il rédige une règle de vie pour les clercs dépendant des cathédrales, les chanoines.

    La règle impose :

      -de vivre en communauté,

      -de participer aux heures canoniales,

      -de se réunir en chapitre.

    Sa règle s’inspire de celle de Benoît de Nursie.

    Chrodegang réunit plusieurs conciles réformateurs :

                            -en 756 : à Ver, à Verberie,

                            -en 757 : à Compiègne,

                            -en 762 : à Attigny.

    Les chanoines n'acceptent pas unanimement cette réforme.

     

    -Les chanoines se divisent entre :

      -chanoines réguliers,

      -et chanoines séculiers.

    Certains observent strictement la vie communautaire.

    Aux Xe-XIe s : ces chanoines adoptent le plus souvent la règle d'Augustin d'Hippone.

    Ex : Les Prémontrés fondés par Norbert de Xanten.

    D'autres préfèrent vivre dans des maisons individuelles.

    Ils obtiennent des revenus concédés par l'évêque.

     

    -La réforme dite "grégorienne" tente d'imposer la vie communautaire.

    Au XIIe-XIIIe s: Les chanoines ont presque tous abandonnés la vie communautaire.

     

    • Des clercs voués à la prière et à l'enseignement.

     

    -La première fonction est de prier en chapitre.

    La fonction pastorale est restreinte.

     

    -La deuxième fonction est d'enseigner.

    Certaines écoles capitulaires sont remarquables.

    Certaines sont particulièrement brillantes :

      -L’école de Saint-Victor à Paris, créée par Guillaume de Champeaux, après 1108,

      -L’école de Chartres créée dès le début du Xe s.

    Ecole connue pour son goût pour les sciences.

    Ex : Thierry de Chartres compose un commentaire sur la Genèse.

    Il cherche à accorder le récit de la Genèse avec la physique, celle du Timée de Platon dont on connaît un fragment.

    Il s’appuie sur l’idée que l’Un engendre le multiple.

    Il propose une preuve mathématique de l’existence de la Trinité : (1x1x1=1)

     

    • Des clercs organisés en chapitre.

     

    -Les chanoines forment un chapitre.

    Ils fixent des statuts qui définissent le fonctionnement et le mode de recrutement du chapitre :

      -l'âge requis,

      -les conditions d'admission (choix du chapitre, de l'évêque, choix partagé...),

      -les conditions de rémunération,

      -les obligations liturgiques...

     

    -Dès le IXe s : les chanoines jouent un rôle souvent majeur dans la désignation de l'évêque.

    Ils obtiennent le monopole de son élection lors du concile de Latran IV de 1215.

    Ils jouent un rôle politique et social prépondérant dans le diocèse.

    La noblesse y place certains de ses enfants.

     

     

    II. Les moines et les moniales.

     

    • Des hommes et des femmes vivant derrière une clôture.  

     

    -Certains choisissent la vie à l'écart du monde.

    Antoine du désert (IIIe-IVe s) apparait à la fois comme l'initiateur de la vie érémitique et de la vie monastique.

     

    Jérôme Bosch, La tentation de Saint Antoine, après 1490, Musée du Prado/Madrid.

     

    -D'autres forment des communautés vivant derrière une clôture.

     

    -Les premiers moines sont des laïcs.

    Ils deviennent quasiment tous prêtres à partir du Xe s.

    Les moniales sont des laïques.

     

    -Les premières communautés adoptent des règles de vie différentes :

      -règle de Benoit de Nursie,

      -règle de Colomban,

      -règle de Césaire d'Arles.

    VIIe s : Les communautés vivent sous la règle de Benoit de Nursie.

    Le moine ou la moniale adhère d'abord à des normes.

     

    -Les communautés vivent dans des monastères.

    Ceux-ci deviennent progressivement des puissances foncières.

    Les bâtiments deviennent variés et spécialisés.

     

    Abbaye de saint-Gall

    Abbaye de Saint-Gall.

      

    -Les communautés vivent en autonomie.

    Les moines obtiennent des exemptions et des privilèges qui les placent hors de la juridiction des seigneurs et des évêques.  

    L'abbaye est une puissance à la fois spirituelle et temporelle.

    L'abbé est aussi un seigneur.

     

    -Les moines ne vivent pas "hors du monde".

    Les moines :

      -prient pour le monde,

      -accueillent pèlerins et malades,

    Certains enseignent ou conseillent les princes.

    Ex : Le Bec fondé en 1034 par Herluin, fils du comte de Brionne.

     

    Visites - Site de l'abbaye Notre Dame du Bec Hellouin

    Abbaye Notre-Dame du Bec.

     

    Devient un grand centre intellectuel avec :

                            -Lanfranc de Pavie,

    Dispute contre Bérenger, écolâtre de Tours, à propos de la présence réelle dans l’eucharistie. Il ouvre la voie à la théorie de la transsubstantiation.

                            -Anselme d’Aoste (1033-1109).

     Auteur d’une œuvre théologique nouvelle.

    Son Proslogion, rédigé en 1078, aborde de manière nouvelle le problème de l’existence de Dieu. Son raisonnement, fondé sur la logique, réfute la figure biblique de l’insensé.

    =preuve dite « ontologique » de l’existence de Dieu.

     

    • Des communautés qui vivent sous la règle de Benoit de Nursie.

     

    -Les souverains carolingiens imposent à tous la Règle de Benoit de Nursie. 

    Louis le Pieux charge Benoit d'Aniane de cette réforme.

    Né vers 750.

    Fils du comte de Maguelonne, un aristocrate wisigoth.

    Elevé à la cour de Pépin le Bref.

    Devient moine en 774.

    Fonde sur ses propres biens le monastère d’Aniane dans le Languedoc.

    Y fait adopter la Règle de Benoît de Nursie.

    Il réforme de nombreux monastères, notamment en Aquitaine.

    Il rédige la Concordia Regularum.

    =commentaire de la Règle de Benoît de Nursie, accompagné des citations des règles de Basile, Pacôme et de Colomban.

     

    -814 : Louis le Pieux appelle Benoît auprès de lui.

     

    Ensemble, ils préparent les conciles réformateurs de 816 et 817.

    816 : Le concile d’Aix-la-Chapelle décide que les moines auront tous les mêmes obligations.

    817 : Ils font adopter le Capitulare monasticum par l’ensemble des monastères.

    La Règle de Benoît de Nursie (+ entre 550 et 560) devient le seul texte normatif reconnu.

    Benoît d’Aniane y introduit des nouveautés :

      -primauté donnée aux offices,

      -contrôle de l'abbé par le chapitre, 

      -école monastique réservée aux seuls moines…

    11 février 821 : Mort de Benoît d’Aniane.

     

    -Le texte cherche à organiser une vie communautaire parfaite.

    La Règle est un texte législatif complet.

    Les 3ers chapitres définissent la structure de la vie monastique :

      -vie communautaire,

      -obéissance à l'abbé,

      -rôle des conseils restreint (pour les affaires courantes) et communautaire (pour les affaires graves).

    Les chapitres 4 à 7 traitent des vertus du moine :

      -obéissance,

      -silence,

      -humilité.

    Les chapitres 8 à 20 fixent les activités du moine :

      -prières et chants,

      -lecture,

      -messe...

    Les chapitres 31 à 57 fixent le mode de vie matériel.

    Les chapitres 58 à 65 fixent le mode de recrutement.

    Les chapitres 66 et 67 fixent les relations avec l'extérieur.

     

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    • Les moines ou moniales forment une "famille".  

     

    -Les moines ou moniales forment le cœur de la communauté. 

    Ils ou elles prononcent des vœux.

    Les moines se divisent entre :

      -prêtres,

      -et convers, moines illettrés, entrés au monastère à l'âge adulte.

    Seule Cîteaux ne reconnait pas les convers comme des moines à part entière.

    Les moines se voient confier des charges spécifiques : chantre, cellérier, sacristain, hôtelier...

    Le moine partage son temps entre :

      -prières et offices,

      -travail manuel,

      -copie des textes.

     

    -Les oblats sont les enfants offerts par leur famille au monastère.

    =référence à Samuel.

    Ils sont destinés à devenir moines.

    Ex : Thomas d'Aquin oblat au Mont-Cassin.

    Ils reçoivent une éducation qui leur permet d'accéder à la prêtrise.

    La vie monastique ne commence qu'à l'âge de 15 ans.

    L'oblation finit par être interdite. 

     

    -Le chef ou la cheffe de la communauté est l'abbé ou l'abbesse.

    L'abbé ou l'abbesse est élue.

    L'abbé ou l'abbesse est responsable de la communauté sur les plans temporel et spirituel.

    La règle énonce qu'il ou elle a en charge "les âmes".

    L'abbé est un dignitaire de l'Eglise.

    L'abbé ou l'abbesse est issu de la haute noblesse.

    Ex : Hildegarde de Bingen (XIIe s).

     Hildegarde de Bingen — Wikipédia

    Miniature. Codex des Liber Scivias.

     

    -Les grandes communautés monastiques accueillent aussi des "familiers".

    Ce sont des serviteurs laïques.

    Certains vivent en ville, d'autres au monastère.

     

    • Les "moines noirs" de Cluny.

     

    -Fondée le 11 septembre 909 par Guillaume V le Pieux, comte de Macon et duc d’Aquitaine,

    Confiée au moine Bernon.

    Le monastère est placée sous le patronage des apôtres Pierre et Paul.

    La règle adoptée est celle de Benoît.

    Dans la charte de fondation, Guillaume :

      -renonce à tout droit sur l’établissement,

      -abandonne à la communauté la libre élection de l’abbé,

      -place le monastère sous la protection de la papauté.

    932 : Le pape Jean XI confirme l’exemption et prend l’abbaye sous sa protection.

    Cluny est soustrait à l’influence de tout pouvoir temporel.

     

    Urbain II consacre la 3e abbatiale de Cluny. Enluminure. sd.

     

    -L’essor de Cluny doit beaucoup :

      -à l’afflux de reliques,

      -et à la construction d’une image de société idéale.

    Débute sous l’abbatiat d’Odon (927-942).

    Se poursuit sous les abbatiats de :

      -Aymard (942-948),

      -Mayeul (948-994),

      -Odilon (994-1049).

     

    -998 : le pape Grégoire V soustrait Cluny à la juridiction de l’évêque de Macon.

    1024 : Jean XIX renouvelle les privilèges de Cluny et étend l’exemption à tous les monastères qui en dépendent[5].

    Cluny appartient désormais au siège romain.

    Cluny atteint son apogée sous l’abbatiat d’Hugues de Semur (1049-1109).

     

    -L’ « ordre » de Cluny=une Église monastique.

     L’expression désigne :

                            -une observance au XIe s,

                            -un groupement d’abbayes au XIIe s.

    Les Coutumes de Cluny insistent sur :

      -l’importance de l’office,

      -la lecture publique et privée de la Bible.

    La célébration des offices se multiplient :

      -2 offices conventuels par jour,

      -messes privées…

    Les autres activités sont réduites à l’essentiel : travail manuel, travail intellectuel…

     

    -Cluny lutte contre les ennemis intérieurs et extérieurs de l’Église :

                            -hérétiques,

                            -juifs,

                            -musulmans.

    Ex : Pierre le Vénérable.

    La papauté souhaite faire de Cluny un instrument de sa réforme.

     

    -Les abbés souhaitent diffuser la réforme en présentant Cluny comme un modèle.

    L’influence de Cluny s’étend :

                            -en France : Saint Germain d’Auxerre…,

                            -en Catalogne,

                            -en Italie du Nord,

                            -en Angleterre.

    Son influence est plus limitée dans les pays germaniques.

    Les monastères rattachés à Cluny se répartissent en :

                            -prieurés : Saint Pierre et Saint Paul d’Abbeville…,

                            -abbayes sujettes,

                            -abbayes affiliées.

     

    Cluny - LAROUSSE

     

    Chaque prieuré paye un cens annuel à Cluny en signe de subordination.

    1100 : Le pape Pascal II réduit les dépendances de Cluny au statut de prieurés.

     

    -Cluny connaît une crise grave sous l’abbatiat de Pons de Melgueil (1109-1122) :

      -une critique de ses vocations issues essentiellement de la noblesse,

      -une critique de son apparente richesse.

    Pons de Melgueil renonce à l’abbatiat.

    Son successeur, Pierre le Vénérable (1122-1156), est chargé de restaurer l’ordre.

    1132 : Pierre convoque un chapitre général afin d’instaurer un début de collégialité au sein de l’Église clunisienne.

    Cluny reçoit moins de dotations mais ne disparait pas.

    Mais son influence décline.

     

    • Les "moines blancs" de Cîteaux.

     

    -Robert de Molesmes veut renouer avec l'ascétisme.

    Né en Champagne.

    Il entre à l'abbaye de Montier-la-Celle dans le diocèse de Troyes.

    Il en devient le prieur.

    1071 : Il :

      -abandonne sa charge,

      -s’installe avec un groupe d’ermites dans la forêt de Collan, aux confins de la Bourgogne et de la Champagne.

    1075 : La communauté fonde l'abbaye Notre-Dame de Molesme. 

    La communauté adopte un mode de vie associant la règle bénédictine à l'érémitisme.

    Les dons afflux.

    La communauté se divise.

     

    -Robert quitte le monastère pour créer un nouvel ermitage à Cîteaux.

    Il est accompagné de 23 moines.

    21 mars 1098 : L’abbaye est officiellement fondée.

    Amaury de Cîteaux en devient l'abbé.

    L'abbaye obtient la protection du duc de Bourgogne.

     

    -Les moines entendent vivre selon une interprétation rigoriste de la Règle de Benoît.

    Aubry, 2e abbé, troque la robe noire des bénédictions pour une robe de laine blanche non teinte.

    1119 : Étienne Harding, 3e abbé, rédige la Charte de Charité. 

    La charte impose :

      -le nom de Cîteaux,

      -impose l'égalité entre les abbayes,

      -impose aux abbayes les mieux dotées de secourir les abbayes les plus pauvres.

      -organise la vie des moines.

    Les moines mènent une vie d’ascèse, de pénitence et de frugalité.

    L’office est abrégé et simplifié.

    Le travail manuel est imposé. 

    Le pape Calixte II approuve la charte.

    Cette charte est plusieurs fois remaniées.

     

    -La communauté a un succès considérable.

    Cîteaux oscille entre 200 et 300 moines.

    Ce succès est dû à des personnalités remarquables.

    Ex : Bernard de Clairvaux.

    1125 : Des bénédictines s'installent à l'abbaye de Tart.

    1132 : Elles obtiennent la protection de l'abbé Etienne Harding.

     

    -A partir des années 1110 : Cîteaux :

      -crée 4 abbayes-filles : La Ferté et Pontigny en 1114, Clairvaux et Morimond en 1115.

      -se voit rattaché des monastères réformés.

    Cîteaux prend la tête d'une fédération d’abbayes :

      -1153 : Cîteaux dirige 340 abbayes,

      -1354 : Cîteaux dirige 690 abbayes.

    Son abbé dirige l’ensemble de la congrégation.

    Il convoque chaque année un chapitre général qui réunit l'ensemble des abbayes cisterciennes.

    L'abbaye de Tart est à la tête d'un réseau de monastères en France (18), en péninsule ibérique, Angleterre, Danemark...

    Les abbayes reçoivent de nombreux dons.

     

    -Les Cisterciens s'illustrent par leur piété particulière.

    De nombreuses cisterciennes sont reconnues pour leur mystique : Mathilde de Magdebourg, Béatrice de Nazareth...

    Les Cisterciens s'illustrent aussi par leur rôle politique.

    Bernard de Clairvaux prêche la croisade, fait reconnaitre l'ordre militaire du Temple.

    XIIe s : Les Cisterciens fournissent 94 évêques et un pape (Eugène III).

    Les Cisterciens luttent contre les cathares.

    Ils christianisent la Prusse et les pays baltes.

    Ils soutiennent le pape contre les souverains germaniques lors de la "querelle des investitures".

     

    -Aux XIIIe s : les Cisterciens reçoivent de nombreux dons de terres, de moulins.

    Ils engagent une main d'œuvre salariée pour mettre en valeur leurs ressources.

    Ils s'éloignent de leur idéal de pauvreté.

    Ils sont concurrencés par les ordres mendiants en pleine expansion.

    A partir du XIVe s : Les Cisterciens subissent la Guerre de Cent ans.

    Ils s'appauvrissent.

    Au XVe s : Le roi tente d'imposer des abbés laïcs dont le but est de retirer des profits des terres monastiques.

    Les Cisterciens tentent de renouer avec leurs principes fondateurs.

     1494 : L'abbé de Cîteaux Jean de Cirey réunit les abbés les plus influents au Collège universitaire des Bernardins de Paris.

    Ils promulguent des articles réformateurs.

    Ils ne parviennent pas véritablement à restaurer et réformer l'ordre.

     

     

    III. Les ermites.

     

    • Des hommes qui veulent s'isoler et faire pénitence.

     

    -L’ermite peut être un moine, un prêtre ou un laïc qui veut assurer son salut personnel en fuyant le monde.

    Avant le XIe s : les termes utilisés sont : "reclus", "anachorète"...

    Le modèle de la vie érémitique est celui des Pères du désert, transmis par Jean Cassien (+433/434).

    L'ermite est reconnaissable à sa chevelure hirsute, ses vêtements en peau de bête et ses pieds nus.

    Il cherche à mortifier son corps.

    L'Eglise interdit aux femmes l'érémitisme solitaire.

    Les femmes sont enfermées dans des reclusoirs urbains.

     

    -Les ermites sont nombreux sous les Mérovingiens.

    Les saints fondateurs du christianisme en Bretagne sont tous des ermites.

    Les ermites sont moins nombreux sous les Carolingiens qui renforcent leur contrôle sur les populations.

    Le pouvoir distingue parfois l'ermite du vagabond.

     

    -XIe s : renouveau en Italie.

    Le mouvement se propage :

      -en France de l’Ouest,

      -en Lotharingie,

      -en Flandres.

    L'Eglise reconnait ce modèle de vie.

     

    -L’ermite du XI-XIIe s est un pénitent.

    Il mène une vie à la fois contemplative et active.

    Il mène souvent une vie de prédicateur vagabond.

    Il est rarement seul.

    Il reçoit des visites.

    Il lui est réclamé des prières, des prédictions...

     

    -Le mouvement érémitique s’estompe après 1150.

    Il reprend aux XIIIe et XIVe s.

     

    • Bruno fondateur de la Chartreuse (v 1035-1101).

     

    -Écolâtre de Reims.

    Se retire avec quelques compagnons dans la vallée de la Chartreuse, au pied du massif du Grand Sone dans les Alpes.

    Ils forment une communauté de pénitents.

    Cette communauté est composée de prêtres et de laïcs.

    Ils cherchent à concilier l’idéal érémitique et la nécessité du cénobitisme.

    Les premiers chartreux refusent la proximité des femmes et même leur passage sur leur terrain.

     

    -Le chartreux :

      -prononce des vœux,

      -est soumis est au prieur.

    Il reçoit une robe de drap blanc.

    Sa vie est une vie solitaire.

     

    -Les coutumes des chartreux sont rédigées par Guigues, 5e prieur, entre 1121 et 1125.

    Le chartreux doit lire, méditer et prier dans le silence quasi absolu.

    Il subvient à ses besoins en travaillant de ses mains.

    Les premiers chartreux exploitent le fer.

    Le chartreux assiste moins aux offices que les membres des autres ordres.

     

    -Le chartreux n'est pas totalement coupé du monde extérieur.

    Les chartreux reçoivent des hôtes et prient pour le monde extérieur.

    Mais ils n'ont pas d'obligation de réception car ils ne suivent pas la Règle de Benoit.

     

    -Le succès est important.

    Les chartreux reçoivent des dons de terres.

    Les premiers bâtiments sont probablement en bois.

    La première description date de 1144.

    L'ensemble compte :

      -une maison haute pour le  :

      -les cellules,

     -un cloître qui organise les communs (chapelle, réfectoire...)

    Il ne reste aucune trace de ces premières constructions détruites par une avalanche en 1132.

     

    -On compte :

      -les premières chartreuses de femmes à partir de la 2e moitié du XIIe s,

      -33 chartreuses début XIIIe s,

      -65, début XIVe s.

    L'aristocratie dauphinoise soutient les chartreux.

     

    • Robert d’Arbrissel (v. 1047-1116).

     

    -Naît au milieu du XIe s.

    Fils du curé d’Arbrissel (près de Rennes).

    Fait ses études en Haute-Bretagne puis à Paris.

    Archiprêtre du diocèse de Rennes.

    1095 : Commence une vie érémitique.

    1096 : Il obtient d’Urbain II la permission de prêcher.

    Il commence une vie d’errance.

    Il attire les disciples à la fois hommes et femmes.

     

    Avant 1101 : Robert s’arrête à Fontevraud.

    Il fonde une communauté mixte. 

    Cette cohabitation mixte est vécue comme une mortification volontaire (=syneizaktisme).

    1101 : Robert fonde 2 monastères.

    1106 : Le pape Pascal II reconnait l'ordre de Fontevraud.

    L'ensemble est constitué de 4 communautés :

      -les hommes,

      -les femmes,

      -les pêcheresses,

      -les lépreux.

    1115 : Une abbesse est élue : Pétronille de Chemillé.

    25 février 1116 : Robert meurt en Berry.

     

    -L'abbaye est protégée par les comtes d'Anjou puis par la dynastie des Plantagenêts.  

    Elle devient une nécropole royale.

    Vue aérienne de l'abbaye de Fontevraud.

    Abbaye royale de Fontevraud.

    XIIe s : L'ordre comprend 35 prieurés et 2000 membres hommes et femmes.

    L'abbaye décline à partir du XIIIe s.

     

     

    IV. Les mendiants.

     

    • Les Mineurs : des mendiants prédicateurs. 

     

    -François naît fin 1181 ou début 1182.

    De son vrai nom Jean Bernardone.

    Fils de Pierre Bernardone, un riche marchand de draps d’Assise en Ombrie.

    Même la vie festive de la jeunesse dorée d’Assise.

    Est tenté par la vie des armes.

    1202 : Se joint à une expédition dirigée contre Pise.

    Il est capturé et rentre malade.

    1206 : il prend le statut de pénitent malgré l’opposition de son père.

    Février 1208 : Il entend un prêtre lire un passage de l’évangile selon Matthieu (10, 7-16) et prend conscience de sa vocation : vivre dans la pauvreté évangélique.

     

    -François se voue au Christ pauvre et souffrant.

    Il s’habille d’une simple tunique et d’une simple corde.

    François parcourt l’Ombrie et prêche.

    Il est vite rejoint par des compagnons avec lesquels ils forment une communauté itinérante.

     

    -François ne veut pas créer d’ordre.

    Il souhaite créer une communauté de prédicateurs itinérants vivant de l’aumône.

    1209 : La première règle de la communauté est constituée d’une juxtaposition de passages des évangiles.

    François se rend à Rome pour la soumettre au pape Innocent III.

    L’acceptation n’est qu’orale.

    Pin on # 12° et 13° S. peintres italiens

    Giotto. La confirmation de la règle. Basilique d'Assise.

     

    -François organise des missions de frères.

    Lui-même se rend en Egypte en 1219.

    Il rentre en 1220.

     

    -François ne parvient plus à maîtriser l’expansion de son ordre.

    Il démissionne et nomme son successeur : Pierre Catane.

    La communauté doit s’adapter à cette évolution.

    1220 : Une année de noviciat est imposée.

    1221 : François rédige une nouvelle règle.

    1223 : La règle est approuvée par Honorius III.

     

    -1224 : François, retiré en ermite sur le Mont-Alverne, reçoit les stigmates.

    Epuisé, aveugle, il rédige :

      -le Cantique de frère Soleil,

      -son Testament.

    3 octobre 1226 : François meurt.

     

    -L'ordre a des problèmes identitaires.

    Il se divise d'abord à propos du statut de la pauvreté dans l’ordre.

    1239 : Le Ministre général, Elie de Cortone, est accusé de trahir l’idéal de François.

    Il est déposé.

     

    -L’ordre se divise ensuite à propos de la figure de François.

    1254 : Gérard de Borgo San Donnino rédige son Introduction à l’Évangile Éternel.

    Il est très influencé par les théories millénaristes du cistercien Joachim de Flore (1135-1202).

    Il fait de François un 2e Christ qui inaugure le 3e temps de l’Eglise : celui de l’Esprit Saint.

    Le ministre général Jean de Parme est lui aussi influencé par le millénarisme joachimite.

    1255 : Innocent IV condamne Gérard de Borgo San Donnino.

    Les frères mineurs sont divisés.

     

    1257 : Bonaventure est élu ministre général.

    Maître à l’université de Paris.

    Il fédère les tendances opposées.

    1260 : Il rédige les Constitutions de Narbonne qui réorganisent l’ordre.

     

    • Les prêcheurs : des prédicateurs mendiants.

      

    -Dominique de Guzman.

    Dominique de Guzmán - Vikidia, l'encyclopédie des 8-13 ans

    Fra Angelico. Christ aux outrages. Détail. Couvent San Marco de Florence.

     

    Naît en 1175 à Caleruega, en Castille.

    Appartient à une famille noble et est destiné à une carrière ecclésiastique.

    1196 : devient chanoine au chapitre cathédral d’Osma.

    1203 : Participe à une mission diplomatique en Allemagne en Nord.

    Août 1206 : Retourne en Castille.

    En traversant le comté de Toulouse, il participe à des débats avec les cathares.

    Il prend conscience :

      -de l’importance de l’hérésie cathare,

      -de la richesse de l’Eglise,

      -de l’importance de la prédication,

      -de l’exemple de la pauvreté.

    1214 : Dominique s’installe à Toulouse à la demande de l’évêque Foulque.

     

    -Dominique fonde une communauté de prédicateurs.

    Il souhaite que ces prédicateurs soient des clercs et qu’ils partagent leur vie entre :

                            -la prière,

                            -l’étude,

                            -et la prédication.

    Cette prédication doit porter :

      -sur la morale évangélique,

      -sur les erreurs doctrinales.

     

    -1215 : Le IVe concile de Latran reconnaît l’existence de l’ordre des frères prêcheurs.

    Printemps 1216 : La règle adoptée est celle d’Augustin d’Hippone.

    21 janvier 1217 : L’approbation de l’ordre est définitive.

    1220-1221 : Dominique dote l’ordre de Constitutiones qui organisent la vie des frères.

    6 août 1221 : Mort de Dominique à Bologne.

     

    -Les frères s’installent rapidement :

                            -à Paris,

                            -à Bologne,

                            -dans les villes universitaires.

    1221 : Il existe 25 couvents répartis en 5 provinces.

       

    • Des experts de la prédication.

     

    -Les religieux mendiants sont des experts de la prédication.

    Les prêcheurs vouent leur vie à l'étude.

    Ils étudient dans leur école conventuelle puis parfois à l'université.

    Beaucoup obtiennent la licencia docendi qui leur permet d'enseigner à l'université.

    Ex : Albert le Grand-Thomas d'Aquin...

     

    -XIVe-XVe s : La prédication se renforce.

    Elle nécessite une technique :

                            -choix du vocabulaire, adapté au public,

                            -utilisation de citations bibliques ou patristiques,

                            -utilisation d’exempla.

    La prédication se fait :

      -en latin,

      -en langue vernaculaire.

    Ex : Prédication du dominicain Maître Eckhart en bas allemand.

     

    -Les dominicains sont des spécialistes de la prédication.

     Allegory of the Active and Triumphant Church and the Dominican Order

    Allégorie de l'ordre des "domini canis". Eglise Santa Maria Novella.

     

    Les dominicains prêchent :

                            -dans le cadre paroissial,

                            -itinérante.

    Ex : Prédication itinérante du dominicain espagnol Vincent Ferrier en France, en 1416.

    A Toulouse : prêche 6 jours de suite dans le couvent des dominicains puis prêche dans la cathédrale.

    Ses sermons durent jusqu’à trois heures sans lasser l’auditoire.

     

    -Les thèmes de la prédication se transforment.

    Elle insiste sur la dimension intérieure des actes humains.

    Ex : Vincent Ferrier développe principalement deux thèmes :

                            -la christologie,

                            -l’eschatologie.

    Développement du sentiment de culpabilité.

     

    • Des ordres contestés mais toujours confirmés.

     

    L assemblée des saints Dominique et François d Assise, 1434 de Fra Angelico (1395-1455, Italy) | Reproductions De Qualité Musée Fra Angelico | WahooArt.com

    Fra Angelico - détrempe - 27 x 26 cm - 1434Fine Arts Museums of San Francisco

     

    -Les mendiants sont perçus comme des concurrents par les clercs séculiers.

    Ceux-ci cherchent à faire rattacher ces ordres aux ordres monastiques ou même à les faire interdire.

     

    -Le  premier débat a lieu à l'université de Paris.

    Les séculiers tentent d'interdire aux mendiants d'enseigner à l'université.

    21 novembre 1254 : Innocent IV promulgue la bulle Etsi animarum qui suspend les privilèges des mendiants.

    22 décembre 1254 : le nouveau pape Alexandre IV suspend la bulle.

    1255 : Il promulgue la bulle Quasi lignum vitae qui annule les décisions prises par les séculiers contre les mendiants.

    1255 : Un maître séculier, Guillaume de Saint-Amour, rédige un traité Sur les périls des Temps présents dans lequel il accuse les mendiants de mettre l’Église en péril. 

    Il réclame la suppression des ordres franciscain et dominicain.

    Les mendiants répliquent :

      -par Bonaventure qui rédige quatre questions disputées définissant la Perfection évangélique et un traité plus développé, l’Apologie des Pauvres,

      -et Thomas d’Aquin, notamment.

    1256 : le traité de Guillaume de Saint-Amour est condamné par la papauté.

    Octobre 1256 : la bulle Non sine multa approuve le genre de vie des mendiants.

    1269 : La querelle est relancée par Gérard d’Abbeville, un disciple de Guillaume de Saint-Amour.

     

    -1274 : Le concile de Lyon II confirme l'existence de 4 ordres mendiants :

      -ordre des frères mineurs,

      -ordre des frères prêcheurs,

      -ordre des carmes,

      -ordre des ermites de saint Augustin.

    Il interdit les autres ordres mendiants.

    Ex : Les frères Sachets, fondés en 1248, sont supprimés.

     

    -1303-1320 : Le débat reprend à l’université d’Oxford.

     

    -Mais les ordres mendiants continuent leur expansion jusqu'au XVe s.

     

     

    Jean-Marc Goglin (Ph D)

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