• Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=VAxPmfx_REk

     

    Cette guerre est complexe. 

    Elle succède à la guerre d'indépendance d'Indochine.

    Elle est à la fois une guerre d’indépendance et de décolonisation menée par les indépendantistes et nationalistes algériens contre la présence coloniale,

    Elle est marquée par une ambiance de guerre civile.  

    Elle n'oppose pas de manière simpliste les métropolitains aux colonisés. Elle divise les populations.

    Elle n'est pas seulement un conflit armé, elle est aussi un conflit diplomatique sur la scène internationale.

     

     

    I. Des causes multiples.

     

    • La domination coloniale française.

     

    Rappel : http://jmgleblog.eklablog.com/la-republique-et-la-question-coloniale-a130133082

    La France conquiert l'Algérie de 1830 à 1848.

    La France fait de l'Algérie une colonie de peuplement.

    L'Algérie est administrativement intégrée à la France et organisée en 3 départements avec pour préfectures Alger, Oran et Constantine.

     

     

    • Les disparités socio-économiques.

     

    Les inégalités économiques et sociales en Algérie sont nombreuses :

    * propriétés agricoles : La taille moyenne des exploitations agricoles des agriculteurs français est de 100 ha, contre 14 ha pour celle des algériens.

    Toutefois, les colons riches – gros exploitants agricoles, chefs d’entreprises – ne représentent qu’une minorité (environ 25 000) des français d’Algérie. La majorité appartient aux classes moyennes et populaires.

    * salaires quotidien : Le niveau de vie des colons est supérieur à celui des musulmans : le salaire journalier d’un ouvrier agricole français est 2,5 fois supérieur à celui d’un autochtone. Le taux de chômage élevé de la population musulmane se traduit par une misère importante dans les villes.

    * Scolarisation : Les inégalités se retrouvent dans le faible taux de scolarisation des enfants musulmans dans le primaire (20% seulement, contre 100% des jeunes français).

    La population d'origine algérienne est citoyenne depuis 1947 mais elle n'est pas citoyenne de plein droit.

     

    • Le développement du nationalisme algérien.

     

    10 février 1943 : Manifeste du peuple algérien de Ferhat Abbas.

    L’opposition visible débute le 8 mai 1945 : l’émeute de Sétif se termine en massacre.

    Lire : https://www.monde-diplomatique.fr/2005/05/HARBI/12191

    Une assemblée algérienne de 120 membres (60 élus par les Français, 60 par les musulmans) est mise en place en 1947. Elle dispose en théorie d’une certaine autonomie. En réalité le pouvoir appartient au gouverneur général et à l’administration française.

    Octobre 1954 : Création du Front de Libération nationale.

    Texte : https://www.humanite.fr/en-algerie-il-y-soixante-ans-naissait-le-front-de-liberation-national-fln-554229

    Le FLN est un parti nationaliste, indépendantiste et socialiste arabe. 

     

     

    II. Un conflit qui ne dit pas son nom.

     

    • Le début de l'insurrection.

     

    -1er novembre 1954 : attentats.

    =actions du FLN.  

    Source : http://img.lelivrescolaire.fr/histoire-3e-2016/de-la-decolonisation-aux-nouveaux-etats/la-guerre-dalgerie/800.h.3.5.c2..png 

    7 morts.

     

    -Peu d'écho dans la presse métropolitaine :https://criminocorpus.hypotheses.org/files/2015/10/1651340_3_f128_la-une-du-monde-le-2-novembre-1954-lors-des_5df8db39297dd35ced97eff6cd39cc9b.jpg

    Mais les Français sont marqués par la "Toussaint rouge".

     

    • Le point de vue algérien : la lutte pour l'indépendance.

     

    Le FLN veut restaurer l'Etat souverain algérien.

    Il lance un appel à la population algérienne.

    Texte : Déclaration du F.L.N.

    Le FLN dispose d'une Armée de Libération Nationale.

    Le FLN et le Mouvement National Algérien de Messali Hadj rivalisent.

     

    • Le point de vue français : le maintien de l'ordre.

     

    12 novembre 1954 : François Mitterrand ministre de l’intérieur, déclare : « L’Algérie, c’est la France ».

    Texte : François Mitterrand, ministre de l'Intérieur, déclare : "L'Algérie c'est la France".

    http://jforum.fr/wp-content/uploads/1954_11_07_638_425.jpg

    L’État refuse de reconnaître le conflit comme une guerre d’indépendance et y voit une opération de maintien de l’ordre.

    F. Mitterrand envoie des compagnies de CRS.

    Les politiques évoquent « les événements d’Algérie ».

    Des supplétifs algériens intègrent l'armée française.

    ="harkis" :

    La guerre d'Algérie (1954-1962)

     

     

    III. L'affrontement.

     

    • L'affrontement en Algérie.

     

    -Aout 1955 : Les massacres perpétrés dans le Constantinois et la répression par l'armée française marquent le passage d'une insurrection à une guerre à outrance.

    Image associée

    30 aout 1955 : L'état d'urgence est proclamé dans toute l'Algérie.

    Écouter : https://www.franceculture.fr/droit-justice/comment-letat-durgence-est-ne-en-1955 

    La guerre est "sans nom".

     

    -12 mars 1956 : Le président du conseil Guy Mollet fait voter la loi sur les "pouvoirs spéciaux" de l'armée.

    Il envoie les appelés du contingent.

    400 à 470 000 jeunes Français stationnent en permanence entre 1956 et 1962 dans le cadre d’un service militaire porté à vingt-sept mois.

    Près de 3 M d'hommes sont mobilisés lors du conflit.

     

    -Le conflit se durcit : attentats, tortures, humiliations, contrôle accru des populations…  

     Dossier : http://www.lemonde.fr/afrique/visuel/2012/03/17/la-torture-et-la-guerre-d-algerie_1671229_3212.html

    L'Etat français met en place les Sections administratives spécialisées chargées d'alphabétiser les populations locales et de contrer le recrutement de l'ALN.

     

    -Aout 1956 : Le FLN fixe au congrès de la Soummam ses buts de guerre.

     

    -7 janvier 1957 : Début de la "bataille d’Alger" menée par les parachutistes français.

    Texte : http://www.huffpostmaghreb.com/2017/01/08/il-y-a-60-ans-la-bataille-dalger-_n_14033900.html

    Vidéo : http://www.lepoint.fr/histoire/il-y-a-60-ans-la-bataille-d-alger-07-01-2017-2095251_1615.php

    Ecouter : La bataille d'Alger et le débat sur la torture

    Octobre 1957 : Fin de la "bataille d'Alger".

     

    • L'affrontement sur la scène internationale.

     

    -Avril 1955 : Le FLN obtient son premier succès diplomatique lors de la conférence de Bandoung.

    Septembre 1955 : Le FLN intervient à l’ONU et obtient le soutien des États-Unis et de l’URSS.

     

    -13 avril 1958 : Le FLN crée une équipe de football qui devient un emblème de la cause algérienne.

    Lire : http://www.leparisien.fr/sports/l-equipe-d-algerie-est-nee-le-13-avril-1958-04-10-2001-2002484620.php

      Résultat de recherche d'images pour "équipe FLN 1958"Equipe du FLN de 1958. Source : http://www.sofoot.com/mekhloufi-le-football-et-la-revolution-436801.html

     

    -19 septembre 1958 : Le FLN crée le GPRA dirigé par Ferhat Abbas.

    Il est reconnu par 15 Etats africains et asiatiques.

    Le GPRA s'installe d'abord au Caire (1958-1960) puis à Tunis (1960-1962).

     

    • Un climat de guerre civile.

     

    -Certains partis politiques et syndicats commencent à se mobiliser en faveur de la paix et de l'indépendance : 

    La guerre d'Algérie (1954-1962)

    Tract du PCF de mars 1958. Source : http://www.larousse.fr/

     

     

    -13 mai 1958 : climat insurrectionnel à Alger.

    L'armée et les partisans de l'Algérie française œuvrent pour le retour au pouvoir de Charles de Gaulle.

    La guerre d'Algérie (1954-1962)

     

    Ils proclament la création d'un Comité de salut public.

    Vidéo : http://www.ina.fr/video/CAA88018517

     Résultat de recherche d'images pour ""L'Humanité" 14 mai 1958 Photo"

     

    -29 mai 1958 : Le Président René Coty rappelle Charles de Gaulle au pouvoir comme président du conseil.

    Charles de Gaulle obtient du Parlement les pleins pouvoirs. Il propose une nouvelle constitution qui est adoptée en octobre. Il est élu 1er Président de la Ve RP en décembre.

     

    -4 juin 1958 : Charles de Gaulle se rend à Alger et s'adresse aux "pieds noirs" : "Je vous ai compris!"

    Vidéo : http://education.francetv.fr/matiere/epoque-contemporaine/premiere/video/de-gaulle-a-alger-je-vous-ai-compris

    Texte : http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/accueil/discours/le-president-de-la-cinquieme-republique-1958-1969/discours-du-forum-d-alger-4-juin-1958.php

    3 octobre 1958 : Charles de Gaulle propose le plan de Constantine afin d'instaurer l'égalité entre les communautés.  

    Vidéo : http://fresques.ina.fr/de-gaulle/parcours/0001/de-gaulle-et-la-guerre-d-algerie.html

    Le GPRA refuse la "paix des braves".  

     

     

    IV. Le règlement du conflit.

     

    • L'autodétermination.

     

    -Charles de Gaulle oriente sa politique vers la négociation.

    16 septembre 1959 : Charles de Gaulle annonce vouloir consulter les Algériens évoque l'"auto détermination".

    Vidéo : http://fresques.ina.fr/de-gaulle/parcours/0001/de-gaulle-et-la-guerre-d-algerie.html#anchor17

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    Janvier 1960 : Les "pieds noirs", se sentant trahis, déclenchent une semaine d'émeute à Alger.

     

    La guerre d'Algérie (1954-1962)25 janvier 1960

     

    Mars 1960 : De Gaulle, en voyage à Alger, évoque une "Algérie algérienne".

     

    -6 septembre 1960 : 121 personnalités (intellectuels, artistes, universitaires... publient un "Manifeste pour l'insoumission" durant le conflit.

    Résultat de recherche d'images pour "manifeste des 121"

     

     -8 janvier 1961 : Le résultat du référendum sur l’autodétermination engage l’Algérie sur la voie de l’indépendance.

    Vidéo : Référendum du 8 janvier 1961

     

     

     

    • Les résistances à l'indépendance algérienne.

     

    -11 février 1961 : Création de l'OAS, partisane du maintien de l'"Algérie française".

    Résultat de recherche d'images pour "1961 OAS"

    Affiche de l'OAS

     

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    Affiche de l'OAS

    L'OAS rassemble des militaires et des Français d'Algérie favorables au maintien de l'Algérie française.

     

    -21-22 avril 1961 : Les généraux Challe, Salan, Jouhaud et Zeller tentent un putsch qui échoue.

    Résultat de recherche d'images pour "gpra refuse les pleins pouvoirs"

    Zeller-Jouhaud-Salan et Challe.

    Source : https://www.herodote.net/21_avril_1961-evenement-19610421.php

     

    21041961 b

     

    21041961 a

     

    Charles de Gaulle intervient à la télévision et appelle la population et l'armée à lui obéir.

    Etude : http://jmgleblog.eklablog.com/texte-charles-de-gaulle-discours-du-dimanche-23-avril-1961-a130092244

     

    -5 octobre 1961 : L'Etat impose un couvre-feu aux Algériens à Paris et en région parisienne.

    17 octobre 1961 : Le FLN appelle à une manifestation pacifique à Paris que la police réprime.

    La presse interprète les événements :

    La guerre d'Algérie (1954-1962)

    18 octobre 1961.

     

    -8 février 1962 : Une manifestation organisée contre l'OAS est réprimée par la police au métro Charonne : 8morts.

    La guerre d'Algérie (1954-1962)

     

    • Les accords d'Evian.

     

    -18 mars 1962 : Signatures des accords d'Evian.

    Texte  : http://www.axl.cefan.ulaval.ca/afrique/algerie-accords_d'Evian.htm

    Vidéo : http://fresques.ina.fr/de-gaulle/parcours/0001/de-gaulle-et-la-guerre-d-algerie.html

    19 mars : Cessez le feu.

    Pourquoi commémorer la guerre d'Algérie le 19 mars suscite une controverse

    Source : http://www.lefigaro.fr/vox/histoire/2016/03/18/31005-20160318ARTFIG00076-pourquoi-commemorer-la-guerre-d-algerie-le-19-mars-suscite-une-controverse.php

    Texte : http://jmgleblog.eklablog.com/texte-message-du-general-de-gaulle-au-parlement-20-mars-1962-a125997704

     

    L’État cherche à rassurer les Français d'Algérie :

    La guerre d'Algérie (1954-1962)

     

    -La violence ne cesse pas :

    La guerre d'Algérie (1954-1962)

    Mercredi 21 mars 1962.

     

    • L'Algérie indépendante.

     

    8 avril 1962 : Les Français de métropole se prononcent en faveur de l'indépendance.

    1er juillet 1962 : Les habitants d'Algérie se prononcent en faveur de l'indépendance. Les Algériens votent pour la 1ère fois.  

    La guerre d'Algérie (1954-1962)

    Bulletin "oui" utilisé lors du référendum en Algérie.

    Vidéo : Référendum du 1er juillet 1962 à Alger.

     

    3 juillet 1962  : La France reconnait l'indépendance de l'Algérie.  

    La guerre d'Algérie (1954-1962)

    Le Monde, 4 juillet 1962.

     

    5 juillet 1962 : L'indépendance est officiellement proclamée.

    La guerre d'Algérie (1954-1962)

    L'Etat transmet le pouvoir à Abderrahmane Farès.  

     

    • Les violences de l'après guerre.

     

    -5 juillet 1962 : Massacre de pieds noirs (Oran).

    Départs vers la métropole de près d'1 M de "pieds-noirs".

    La guerre d'Algérie (1954-1962)

    Photo Sipa. Départs de Français d'Algérie pour la métropole.

    Source : https://www.ladepeche.fr/article/2012/03/05/1298322-19-mars-1962-l-exode-le-plus-poignant-de-l-histoire-de-france.html

     

    L'Etat français abandonne les harkis.  

     

    -Les enjeux de la mémoire : http://jmgleblog.eklablog.com/les-memoires-de-la-guerre-d-algerie-a126003176

    Ils portent sur le bilan de la guerre (entre 250 000 et 1 million de morts selon les historiens et les discours) et sur son appréciation (guerre de décolonisation, d'indépendance, révolution nationale...).

     

     

     Jean-Marc Goglin 

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  • Texte : http://jmgleblog.eklablog.com/texte-charles-de-gaulle-discours-du-dimanche-23-avril-1961-a130092244

     

    -Le document est un texte qui retranscrit le discours radio télévisé de Charles de Gaulle prononcé le dimanche 23 avril 1961, à 20h. Charles de Gaulle, président de la république, s’adresse à l’ensemble des Français dans un contexte de crise politique majeure. Le 21 avril, quatre généraux, Challe, Salan, Jouhaud et Zeller, ont commis un coup de force à Alger. Le 22 avril, ils ont annoncé que « l’armée » a pris le contrôle de l’Algérie. Par son intervention, de Gaulle prend position contre ce coup de force et annonce des mesures exceptionnelles.

     

    -De Gaulle dénonce « un pouvoir insurrectionnel ». Il qualifie, implicitement, le coup de force du 21 avril de tentative de coup d’État. Il dénonce ceux qui l’ont réalisé : « un groupe d’officiers, partisans, ambitieux et fanatiques ». Il les présente comme des « usurpateurs » : ils n’ont ni légitimité ni autorité pour agir. Les quatre généraux forment un « conseil supérieur de l’Algérie ». Ils pensent que, comme en mai 1958, le gouvernement entamera des négociations. Ils ont peu de soutiens. Mais la crise montre que l’armée est devenue un pouvoir politique.

    De Gaulle dénonce « une partie de la population de souche européenne », les partisans de l’Algérie française qui refusent le processus d’autodétermination enclenché. Le 8 janvier 1961, les électeurs se sont prononcés, par référendum, en faveur de l’autodétermination. Le 11 janvier, de Gaulle a mentionné l’Algérie comme « un État souverain ». Charles de Gaulle condamne un coup de force qui met à mal « l’immense effort de redressement de la France ». Il mentionne les étapes de ce redressement entamé depuis le 18 juin 1940 : la victoire, l’indépendance, la restauration de la République et de l’unité nationale... De Gaulle se place au cœur de cette action. Il est celui qui a appelé à la résistance contre l’Allemagne nazie, qui a négocié avec les Britanniques et les Américains la  reconnaissance de la France comme pays vainqueur et qui a dirigé le GPRF jusqu’au 20 janvier 1946.

    De Gaulle condamne un coup de force qui stoppe le processus d’indépendance dans lequel le gouvernement s’est engagé. Il a été rappelé au pouvoir en mai 1958 afin de résoudre la crise politique et la crise algérienne. Depuis 1954, le FLN a entamé un conflit afin de permettre à l’Algérie d’acquérir son indépendance. De Gaulle souligne que la décolonisation est « nécessaire ».

    De Gaulle condamne un coup de force qui ébranle la puissance de l’État et le prestige international de la France.

     

    -De Gaulle fait une intervention à la fois radio et télédiffusée. Il utilise les médias que l’État contrôle. La radio et la télévision sont les moyens les plus efficaces pour communiquer avec les Français. La radio reste le média le plus utilisé. La télévision s’impose peu à peu comme un loisir et un vecteur performant d’information. Les journaux ne paraissent pas le dimanche. 20h est une heure solennelle et symbolique. Les Français écoutent ou regardent les nouvelles durant leur dîner. Les ménages s’équipent en postes de télévision et en transistors.

    De Gaulle utilise son image, réelle et symbolique. Son intervention est une mise en scène de sa personne et de sa fonction. Charles de Gaulle intervient en uniforme militaire. Il rappelle qu’il est à la fois l’ « homme du 18 juin », le président de la République et le chef des armées.

    De Gaulle sait utiliser des formules marquantes. Il se montre méprisant (« un quarteron de généraux en retraite »), solennel (« Au nom de la France »), autoritaire (« j’ordonne »)... Il n’hésite pas à marteler son message : « j’ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens ».

    De Gaulle annonce qu’il prendra « au besoin directement » les mesures nécessaires pour résoudre la crise. Il justifie l’usage de l’article 16 de la constitution qui autorise le président à prendre temporairement les pleins pouvoirs en cas de crise. Ces pleins pouvoirs sont mis en œuvre jusqu’au 30 septembre 1961. Il s’agit de la première et seule application de cet article dans l’histoire de la Ve République.

    De Gaulle appelle à l’unité de la nation : « Français, Françaises ! Aidez-moi ! ». Il s’adresse à tous : citoyens de métropole ou d’Algérie, militaires de carrière, appelés du contingent… Son discours est déterminé.

     

    -Les médias se relaient efficacement pour barrer la route aux putschistes. Alors que Radio-Alger est aux mains des putschistes, Radio Monte-Carlo, seule station métropolitaine reçue en Algérie, retransmet toutes les heures de la nuit et de la journée suivante l'appel du président de la République. Des manifestations de soutien à de Gaulle sont organisées. Le coup de force échoue. Si la majorité des officiers sont favorables au maintien de l’Algérie française, peu souhaitent tomber dans l’illégalité. Dès le mercredi 26 avril, les troupes insurrectionnelles se retirent. Challe est le premier des quatre généraux à se rendre aux autorités.

     

     

    Jean-Marc Goglin

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  • Vidéo : http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu00089/message-radiotelevise-du-general-de-gaulle-du-23-avril-1961.html

     

    « Un pouvoir insurrectionnel s'est établi en Algérie par un pronunciamiento militaire.

    Les coupables de l'usurpation ont exploité la passion des cadres de certaines unités spécialisées, l'adhésion enflammée d'une partie de la population de souche européenne qu'égarent les craintes et les mythes, l'impuissance des responsables submergés par la conjuration militaire.

    Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite. Il a une réalité : un groupe d'officiers, partisans, ambitieux et fanatiques. Ce groupe et ce quarteron possèdent un savoir-faire expéditif et limité. Mais ils ne voient et ne comprennent la nation et le monde que déformés à travers leur frénésie. Leur entreprise conduit tout droit à un désastre national.

    Car l'immense effort de redressement de la France, entamé depuis le fond de l'abîme, le 18 juin 1940, mené ensuite jusqu'à ce qu'en dépit de tout la victoire fût remportée, l'indépendance assurée, la République restaurée ; repris depuis trois ans, afin de refaire l'État, de maintenir l'unité nationale, de reconstituer notre puissance, de rétablir notre rang au-dehors, de poursuivre notre œuvre outre-mer à travers une nécessaire décolonisation, tout cela risque d'être rendu vain, à la veille même de la réussite, par l'aventure odieuse et stupide des insurgés en Algérie. Voici l'État bafoué, la Nation défiée, notre puissance ébranlée, notre prestige international abaissé, notre place et notre rôle en Afrique compromis. Et par qui ? Hélas ! Hélas ! par des hommes dont c'était le devoir, l'honneur, la raison d'être, de servir et d'obéir.

    Au nom de la France, j'ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens, soient employés pour barrer partout la route à ces hommes-là, en attendant de les réduire. J'interdis à tout Français et, d'abord, à tout soldat d’exécuter aucun de leurs ordres. L'argument suivant lequel il pourrait être localement nécessaire d'accepter leur commandement sous prétexte d'obligations opérationnelles ou administratives ne saurait tromper personne. Les seuls chefs, civils et militaires, qui aient le droit d'assumer les responsabilités sont ceux qui ont été régulièrement nommés pour cela et que, précisément, les insurgés empêchent de le faire. L'avenir des usurpateurs ne doit être que celui que leur destine la rigueur des lois.

    Devant le malheur qui plane sur la patrie et la menace qui pèse sur la République, ayant pris l'avis officiel du Conseil constitutionnel, du Premier ministre, du président du Sénat, du président de l'Assemblée nationale, j'ai décidé de mettre en œuvre l'article 16 de notre Constitution. A partir d'aujourd'hui, je prendrai, au besoin directement, les mesures qui paraîtront exigées par les circonstances. Par là même, je m'affirme, pour aujourd'hui et pour demain, en la légitimité française républicaine que la nation m'a conférée, que je maintien quoi qu'il arrive, jusqu'au terme de mon mandat ou jusqu'à ce que me manquent, soit les forces, soit la vie, et dont je prendrai les moyens d'assurer qu'elle demeure après moi.

    Françaises, Français ! Voyez où risque d'aller la France, par rapport à ce qu'elle était en train de redevenir.

    Françaises, Français ! Aidez-moi ! »

     

    Charles de Gaulle, discours radio télévisé du dimanche 23 avril 1961.

     

    Lire : http://www.atlantico.fr/decryptage/1961-pourquoi-putsch-alger-militaires-francais-contre-politique-general-gaulle-echoue-andre-zeller-journal-prisonnier-editions-1031590.html

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  • « Pour prouver notre désir réel de paix, limiter les pertes en vies humaines et les effusions de sang, nous avançons une plate-forme honorable de discussion aux autorités françaises, si ces dernières reconnaissent une fois pour toutes aux peuples le droit de disposer d’eux-mêmes.

    1. La reconnaissance de la nationalité algérienne par une déclaration officielle abrogeant les décrets et les lois faisant de l’Algérie une terre française au mépris de l’histoire, de la géographie, de la langue, de la religion et des mœurs du peuple algérien.
    2. l’ouverture de négociations avec les porte-parole autorisés du peuple algérien sur les bases de la reconnaissance de la souveraineté algérienne […].

    En contrepartie :

    1. Les intérêts français […] seront respectés ainsi que les personnes et les familles […].
    2. Les liens entre la France et l’Algérie […] feront l’objet d’un accord entre les deux puissances sur la base de l’égalité et du respect de chacun ».

     

    Manifeste du FLN algérien, 1er novembre 1954.

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  • « Mesdames, Messieurs les députés,

    La politique poursuivie par la République depuis tantôt quatre années au sujet de l'Algérie a été, à mesure de son développement, approuvée par le Parlement, soit explicitement, soit du fait de la confiance qu'il n'a cessé d'accorder au gouvernement responsable. Le référendum du 8 janvier 1961 a démontré, quant à la direction ainsi tracée, l'accord massif et solennel du pays.

     

    Mais, voici que la proclamation du cessez-le-feu, les mesures fixées pour l'autodétermination des populations, les conditions adoptées quant à la coopération de l'Algérie et de la France - y compris les garanties assurées à la population de souche française - dans le cas où l'autodétermination instituerait un État algérien indépendant, marquent une étape décisive de cette politique. L'ensemble des dispositions arrêtées en conclusion des négociations d'Evian avec les représentants du FLN et des consultations menées auprès d'autres éléments représentatifs algériens se trouve maintenant formulé dans les déclarations gouvernementales du 19 mars 1962.

     

    Nul ne peut se méprendre sur la vaste portée de cet aboutissement en ce qui concerne, tant la vie nationale de la France, que son oeuvre africaine et son action internationale. Nul ne peut, non plus, méconnaître les difficultés d'application qui en résultent aujourd'hui et risquent d'en résulter demain, non seulement quant à la situation d'un grand nombre de personnes et de beaucoup de choses, mais aussi dans le domaine de l'ordre public et de la sûreté de l'État. Il m'apparaît donc comme nécessaire que la nation elle-même sanctionne une aussi vaste et profonde transformation et confère au chef de l'État et au Gouvernement les moyens de résoudre, dans les moindres délais des problèmes qui seront posés à mesure de l'application.

     

    C'est pourquoi, en vertu de l'article 11 de la Constitution j'ai décidé, sur la proposition du Gouvernement, de soumettre au référendum un projet de loi comportant l'approbation des déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 ; autorisant le Président de la République à conclure les actes qui seront à établir au sujet de la coopération de la France et de l'Algérie si l'autodétermination institue un État algérien indépendant et enfin et jusqu'à ce que soient, dans cette éventualité, créés en Algérie des pouvoirs publics algériens, attribuant au Président de la République le pouvoir d'arrêter, par ordonnances ou par décrets pris en conseil des ministres, toutes mesures relatives à l'application de ces mêmes déclarations.

     

    Au moment où semblent s'achever enfin les combats qui se déroulent depuis plus de sept ans et où s'ouvre à la France nouvelle et à l’Algérie nouvelle, la perspective d'une féconde et généreuse coopération, je suis sûr, mesdames, messieurs les députés, que vous voudrez vous joindre à moi pour élever le témoignage de notre confiance et de notre espérance vers la patrie et vers la République ».

     

     

    Message du général de Gaulle au Parlement, Assemblée nationale et Sénat, 20 mars 1962 

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