• La plupart des définitions de la laïcité font appel à l’étymologie, à la loi, à l’histoire. Elles y associent, à des titres divers, des thèmes tels que la liberté de conscience, la séparation, la question scolaire, le lien avec la République. Peut-on en dégager une qui fasse l'unanimité ?

     

    • L’étymologie.

    Que peut nous apporter l’étymologie? Le mot laïcité vient du grec laos « peuple ». […] Le terme latin laicus désigne le peuple comme le laos grec. On trouve les mots laïkos et klêrikos dans les écrits des auteurs chrétiens de l’Antiquité tardive. Ils marquent l’opposition, et la complémentarité des « laïcs » et des « clercs ». Ils appartiennent toujours au vocabulaire religieux. Le sens des adjectifs « laïque » et « clérical » a évolué. Ils désignent d’abord ce qui a trait au « laïc » et au « clerc », puis finissent par qualifier deux positions politiques. Le « laïque » (croyant ou non) est partisan de la laïcité. Le « clérical », d’abord descriptif, deviendra péjoratif sous la plume de son adversaire laïque. […]

     

    • La loi.

    Il n’y a pas de définition juridique de la laïcité. […] L’absence de définition légale, officielle, laisse toute latitude aux citoyens de proposer leurs propres conceptions. C’est par centaines qu’il faut compter les définitions de la laïcité. […]

     

    • L’histoire.

    […] C’est dans l’Antiquité grecque et latine que, à la suite des hommes de la Renaissance et de la Révolution, les laïques modernes ont puisé leur inspiration. Nous devons aux Grecs et aux Romains la philosophie, la démocratie, la République, sans lesquelles la laïcité serait impensable. […] Au VIe siècle avant l’ère actuelle, la raison conquiert son autonomie dans le cadre de la Cité grecque. La liberté de penser est liée à la liberté politique. […]

    Le développement des associations de libres penseurs, à partir de 1848, est caractéristique. Le critère d’adhésion est le refus de toute religion révélée. Elles acceptent aussi bien des matérialistes comme Marcellin Berthelot, des sceptiques comme Anatole France, des spiritualistes comme Ernest Renan ou Victor Hugo. Ces associations défendent à la fois l’athéisme, le rationalisme, l’anticléricalisme et la laïcité. […]

     

    • La thématique laïque.

    La plupart des définitions de la laïcité associent à l’étymologie, aux lois et à l’histoire des thèmes majeurs : la liberté de conscience, la séparation, la question scolaire, le lien avec la République. La liberté absolue de conscience est un principe né dans les Loges maçonniques. La loi de 1905 l’a repris dans son article premier : « La République assure la liberté de conscience ». Ainsi chaque citoyen est libre de croire ou de ne pas croire. Il est libre de manifester, publiquement et collectivement, ses convictions philosophiques ou religieuses. Cette liberté est absolue ou elle n’est pas.

    Cette conception diffère de la « liberté religieuse ». Celle-ci est prônée dans la plupart des pays protestants. L’Eglise catholique l’a adoptée depuis Vatican II. Un pays en régime de liberté religieuse peut reconnaître plusieurs cultes et les financer. Les croyants des cultes reconnus sont privilégiés par rapport aux croyants des cultes non reconnus et aux incroyants. […]

    La séparation des cultes et de l’État garantit la liberté de conscience de chaque citoyen. Ce principe de séparation est réaffirmé par tous les auteurs laïques. Certains se limitent d’ailleurs à ce principe, qui s’est traduit dans les faits par la loi de 1905 chef d’œuvre d’Aristide Briand. Guy Haarscher fait appel aux concepts du philosophe américain John Rawls. […] Dans cette théorie, l’État incarne le « juste » comme garant du droit de tous les citoyens. Il doit être séparé du « bien », sphère des idéologies (dont les religions) défendant diverses conceptions de « la vie bonne ». […]

     

    • Problèmes et défis.

    Dès l’origine, le principe laïque avait subi plusieurs tentatives de redéfinitions. Il n’y a rien de plus légitime, de plus laïque même, que de repenser la laïcité. Mais certaines redéfinitions aboutissent, volontairement ou non, à la vider de son sens. Sa réduction à la neutralité ou à la tolérance sont les exemples les plus anciens. […] La tolérance fut un incontestable progrès. Elle est néanmoins une relation du fort au faible. Une religion officielle, établie, peut éventuellement « tolérer » une religion minoritaire. C’est une forme de « liberté religieuse ». La laïcité intègre et dépasse les acquis de la tolérance grâce à la séparation. […]

    Ces dernières années diverses propositions amalgamées sans trop de nuances sous le terme générique de « laïcité nouvelle » ou « ouverte » ont suscité des polémiques. […]

     Claude Nicolet a proposé avec perspicacité de distinguer « laïcité institutionnelle » et « laïcité intérieure ». La laïcité est un attribut indispensable des institutions publiques. Elle est une des composantes de l’identité républicaine. La laïcité est aussi un choix, un état d’esprit, une volonté, parfois une passion. Elle est une des composantes de l’identité personnelle des militants, et de l’identité du mouvement laïque en tant que tel. […]

    De nombreux auteurs ont mobilisé l’étymologie, la loi, l’histoire, développé les thèmes de la liberté de conscience, de la séparation, de la question scolaire, du lien avec la République, affronté les problèmes et les défis anciens et nouveaux, pour proposer chacun leur version de la laïcité. Peut-on aujourd’hui en proposer une nouvelle définition positive? Tenter une synthèse en puisant dans notre patrimoine. Serait-ce judicieux ? A coup sûr, elle ne ferait pas l’unanimité. Aucune ne l’a jamais fait. […]

     

    Contribution de Charles Conte, chargé de mission laïcité à la Ligue de l’enseignement, donnée le 30 novembre 2005 au colloque « La Laïcité, valeur commune de la République ? ». Académie des Sciences Morales et Politiques.

    Source : https://blogs.mediapart.fr/edition/laicite/article/201015/peut-donner-une-definition-de-la-laicite

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  • Jean Baubérot « La laïcité absolue n’existe pas, c’est un idéal à atteindre »

     

    Entretien réalisé par Ixchel Delaporte, Vendredi 28 Février 2014, L'Humanité

    Historien, sociologue et spécialiste des religions, Jean Baubérot interroge dans son livre Une si vive révolte (1) les enjeux tantôt conflictuels, tantôt pacifiés des rapports entre politique et fait religieux […]

     

    Quelle est votre définition de la laïcité ?

    La laïcité, c’est la liberté imposée aux religions et non la répression des religions. La neutralité et la séparation sont des moyens. Le but, c’est la liberté de conscience. La finalité de la laïcité vise la non-discrimination pour raison de religion, mais cela concerne aussi les homosexuels qui veulent se marier et les citoyens qui veulent mourir dans la dignité. C’est un combat pour la liberté de conscience analogue aux libres-penseurs qui voulaient mourir sans recevoir les saints sacrements. La non-discrimination doit profiter à tout le monde.

     

    Pour autant, la laïcité s’interprète différemment selon les formations politiques mais aussi selon les époques...

    Par rapport à la loi de séparation de 1905, il me semble qu’il y a aujourd’hui moins de séparation et trop de neutralité. Sous Sarkozy, il n’y a eu que fort peu de séparation avec son discours du Latran sur l’identité catholique de la France. Il y avait un aspect anti-immigrés et anti-musulmans très net. C’était une captation de la laïcité au profit d’un discours de droite dure qui a donné un boulevard à l’extrême droite. Hollande a remis de la séparation avec le droit au mariage pour les personnes de même sexe, car la loi civile n’a pas à obéir aux normes des religions. La laïcité leur impose la liberté. Ce qu’a refusé le catholicisme officiel qui s’est battu contre le divorce au XIXe siècle, contre la loi sur l’avortement au XXe siècle, contre le mariage homosexuel, au XXIe siècle et demain contre la loi sur la fin de vie. Mais, à mon sens, cette relance de la dynamique séparatiste reste trop limitée.

     

    Cela va-t-il à l’encontre de l’idée d’une France laïque par essence ?

    Oui, complètement. La France croit être laïque par essence et se dédouane ainsi d’une réflexion sérieuse sur la laïcité. Les « Français de souche » seraient laïques par naissance, comme une sorte de privilège, et les immigrés auraient un examen de passage à accomplir... Une atmosphère décliniste ressasse une prétendue grandeur passée de la France et fait de la laïcité une exception française. Or c’est de cette exaltation nationaliste que Marine Le Pen se nourrit.

     

    En tant qu’historien des religions, vous expliquez que le régime de l’édit de Nantes est un point de repère essentiel. Pourquoi ?

    Les catholiques étaient frustrés parce que le catholicisme n’était plus la seule religion. Les protestants l’étaient aussi parce qu’ils avaient des limitations. Cette frustration permettait le vivre-ensemble. Si un groupe n’est pas frustré, c’est qu’il domine totalement les autres. Il faut donc un équilibre pour que les relations sociales soient pacifiées. La référence aux protestants, comme groupe minoritaire, me permet d’amorcer une réflexion plus générale sur les raisons de la construction idéologique de minorités comme politiquement dangereuses. […]

     

    Que faudrait-il faire pour introduire plus de séparation ?

    Il existe beaucoup d’exemples. Il faudrait s’attaquer au concordat qui existe en Alsace-Moselle. C’est un régime antérieur à 1905. Voilà un siècle que cette région est redevenue française et il y a encore des cours confessionnels de religion desquels on peut être dispensé avec un accord des parents. Les pasteurs, rabbins et curés sont payés par nos impôts, et même si cela ne représente pas une grande somme, c’est une affaire de principe et de liberté de conscience. Par ailleurs, il y a une conception faussée de la neutralité. En 1905, les républicains ont instauré la neutralité de la puissance publique. Par contre, l’interdiction du port de la soutane dans l’espace public a été refusée et on a étendu la liberté de faire des processions interminables sur la voie publique. En fait, la religion a été plus libre après la séparation qu’avant. Les évêques devenaient libres de prendre des positions publiques, à condition de ne pas prétendre que les lois sont illégitimes. Pendant les années cinquante, deux députés, le chanoine Kir et l’abbé Pierre, se rendaient en soutane à l’Assemblée nationale. On ne se focalisait pas sur le vêtement mais sur le comportement.

     

    Cela serait impossible aujourd’hui...

    Oui, aujourd’hui, on voudrait que l’espace public soit religieusement neutre. Mais l’espace public est un espace de pluralité, de discussion et de confrontation positive de la société civile. L’espace public n’a pas à être neutralisé. Notre laïcité n’est pas assez séparatiste et donne une fausse interprétation de la neutralité quand certains veulent l’étendre à certains secteurs de l’espace public et aux entreprises privées. […]

     

    Avec d’autres universitaires, vous avez rédigé une déclaration universelle de la laïcité en 2005. Elle a eu un écho limité. Pourtant, elle clarifie la place de l’État dans sa gestion des questions religieuses...

    Nous avons mis deux ans à rédiger un document signé par 250 universitaires de 30 pays. Diffusé dans plusieurs continents, il a eu un certain succès mais a été largement ignoré par les politiques. Nous avons distingué trois piliers sur lesquels la laïcité se fonde : l’indépendance de l’État à l’égard des religions et convictions ; la liberté de conscience et la non-discrimination pour raison de religion. Dans toute démocratie, il y a des éléments de laïcité mais la laïcité absolue n’existe pas, donc on casse l’idée que certains pays sont entièrement laïques et d’autres pays démocratiques pas du tout. La laïcité est en quelque sorte un idéal vers lequel on doit tendre. Notre déclaration affirme le droit au blasphème et la nécessité d’accommodements raisonnables. Raisonnables, car on ne peut pas dérégler une institution par des revendications religieuses. Par exemple, à la cantine scolaire, proposer un repas sans viande est un accommodement raisonnable. Il faut sortir de la logique du tout ou rien et apprendre à gérer la pluralité culturelle. […]

     

    Pensez-vous que la France parvienne à pacifier ses rapports conflictuels avec la religion ?

    Mais heureusement, à côté de quelques affaires montées en neige par certains médias et de demandes outrancières d’une sorte d’absolutisation de la laïcité, il existe déjà une laïcité calme, qui ne fait pas l’actualité, précisément parce qu’elle fonctionne de façon sereine. L’actualité médiatique n’est pas toute la réalité, loin de là. Par rapport au tout début du XXe siècle, la laïcité a permis de pacifier, pour l’essentiel. La preuve : plusieurs articles de la loi de 1905 prévoyant la pénalisation de délits contre la liberté de conscience sont restés lettre morte, car la culture laïque de l’immense majorité des Français de toutes convictions a rendu inutile leur application.

    (1) Une si vive révolte, de Jean Baubérot.
éditions de l’Atelier, 2014.

     

     

    Texte complet : http://www.humanite.fr/debats/jean-bauberot-la-laicite-absolue-n-existe-pas-c-es-560090

    Coupes et présentation remaniée : Jean-Marc Goglin

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  • Site de l'Académie de Rouen : http://hist-geo.spip.ac-rouen.fr/spip.php?article5755

     

    Accès direct : http://www.dailymotion.com/video/x398i1a_separationegliseetat1905_school

     

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  • Texte publié : http://blog.ac-rouen.fr/lyc-bloch-notes/2016/03/03/la-laicite-entre-modeles-top-down-et-bottom-up/

     

    La loi du 9 décembre 1905 (http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000508749) a été pensée et votée comme une loi de conciliation. Aboutissement d’un processus de laïcisation entamé depuis au moins le XVIIIe siècle, elle sépare l’État et les Églises catholique, protestante et juive[1]. Elle garantit la neutralité de l’État. Celui-ci ne doit ni ne peut privilégier aucun culte et garantit à chacun la liberté de consciences, c’est-à-dire la liberté de croire ou de ne pas croire, et la liberté de culte. Cette loi est un principe. Elle ordonne des comportements. Par exemple, tout agent de l’État doit respecter une « stricte neutralité ». En cela, comme toute loi, la loi de 1905 est normative. Conçue ainsi, la loi de 1905 répond à un modèle « top down », c’est-à-dire un modèle normatif, imposé du haut au bas.

     

     Dans sa note d’orientation du 27 mai 2014, l’Observatoire de la laïcité remarque que « la France se caractérise aujourd’hui par une diversité culturelle plus grande que par le passé » (http://www.gouvernement.fr/qu-est-ce-que-la-laicite). Il invite l’État à faire face aux nouveaux enjeux contemporains. Le contexte a en effet changé depuis 1905 : la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales signée à Rome le 4 novembre 1950, insiste sur la préservation des libertés individuelles et le refus de toute discrimination et notamment religieuses ; les pratiquants sont désormais minoritaires et l’islam est devenu la deuxième religion de France. L’Observatoire définit la laïcité comme ce qui « garantit à tous les citoyens quelles que soient leurs convictions philosophiques ou religieuses, de vivre ensemble dans la liberté de conscience, la liberté de pratiquer une religion ou de n’en pratiquer aucune, l’égalité des droits et des devoirs, la fraternité républicaine ». Explicitement, il rappelle que la laïcité « n’est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect des principes de liberté de conscience et de liberté des droits ». Selon cette approche, la loi de 1905 garantit les libertés individuelles. Elle permet donc l’adoption d’un nouveau modèle « bottom up », c’est-à-dire un modèle fondé sur les initiatives de la base.

     

    Ces deux modèles répondent à deux logiques inverses et suscitent des interrogations.

     

    Conçue selon le modèle « top down », la loi de 1905 impose des comportements qui, pour être bien vécus, doivent être acceptés, intériorisés. Elle nécessite donc un apprentissage et contribue à « construire » les individus. Néanmoins, la laïcité ne peut pas être définie comme une valeur. Cela ne signifie pas qu’il est impossible individuellement, par choix et conviction, de l’adopter comme telle. Mais la laïcité ne peut être imposée collectivement comme telle. Toute valeur, quelle qu’elle soit, est indivisiblement l’objet d’un désir et l’objet d’un jugement. Si l’un ou l’autre de ces facteurs manquent, indépendamment du fait d’accorder la primauté à l’un ou à l’autre, la valeur disparait. Définir la laïcité comme une valeur collective aurait mené à deux dangers : soit la rendre normative et donc conduire à une restriction de la liberté de pensée, soit la rende relative et discutable et par conséquent la soumettre à une menace de disparition.

     

    Conçue selon le modèle « bottom up », la loi de 1905 crée donc un espace de liberté. Définie comme « émancipatrice », la laïcité autorise des comportements dont les seules limites posées sont le « trouble à l’ordre public » et la remise en cause des principes républicains et de laïcité. L’Observatoire admet qu’il est possible qu’un comportement, s’il est perçu comme une menace ou une agression symbolique, puisse créer un sentiment d’hostilité. Il promeut donc la tolérance et le dialogue entre les individus. Le modèle « bottom up » montre ici sa limite. Comment définir le degré de perception de la menace ou de l’agression symbolique ? Comment définir le « ressenti », notion entièrement subjective, qui combine émotions et cognitions propres à chacun ? S’il entend promouvoir un concept maximaliste de la laïcité conçu comme un « vivre ensemble » parfait, ce nouveau modèle crée les conditions d’une laïcité minimaliste dans laquelle la tolérance reprendrait son sens originel inspiré de la philosophie stoïcienne, à savoir « de supporter faute de pouvoir faire autrement »[2].

     

    Les évolutions actuelles sont intéressantes à observer mais elles ne sont pas sans susciter des inquiétudes. Elles invitent à s’interroger sur les comportements autorisés. Plus que jamais, une éthique est nécessaire. Comme les philosophes analytiques américains le rappellent, la loi s’applique mais aussi se pense[3]. Ce n’est pas parce que l’on peut que l’on doit. À chacun de réfléchir à ses actes et de trouver l’équilibre. Mais laisser l’individu seul arbitre de son agir et mettre en avant l’homéostasie comme moyen principal de régulation des conflits est un pari optimiste mais aussi une prise de risque pour la vie sociétale.

     

    Jean-Marc Goglin (Ph D)

     

     

    [1] J. LALOUETTE, La séparation des Églises et de l’État, Paris, Seuil, 2005.

     

    J.-M. GOGLIN, http://hist-geo.spip.ac-rouen.fr/spip.php?article5755 ; http://www.dailymotion.com/video/x398i1a_separationegliseetat1905_school

     

    [2] J. LECLER, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, Paris, Albin Michel, 1994, nouvelle éd.

     

    [3] A. G. AMSTERDAM, J. BRUNER, Minding the law, Harvard University Press, 2002.

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