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Par JMGoglin le 27 Septembre 2023 à 16:20
Alexis de Tocqueville alors Ministre des Affaires étrangères en 1850 © Getty - Huile sur toile de Théodore Chassériau
La démocratie selon Tocqueville
Parmi les objets nouveaux qui, pendant mon séjour aux États-Unis, ont attiré mon attention, aucun n’a plus vivement frappé mes regards que l’égalité des conditions. […] Bientôt je reconnus que ce même fait étend son influence fort au-delà des mœurs politiques et des lois, et qu’il n’obtient pas moins d’empire sur la société civile que sur le gouvernement : il crée des opinions, fait naître des sentiments, suggère des usages et modifie tout ce qu’il ne produit pas. […] Alors je reportai ma pensée vers notre hémisphère, et il me sembla que j’y distinguais quelques chose d’analogue au spectacle que m’offrais le Nouveau-Monde. Je vis l’égalité des conditions qui, sans y avoir atteint comme aux États-Unis ses limites extrêmes, s’en rapprochait chaque jour davantage, et cette même démocratie, qui régnait sur les sociétés américaines, me parut en Europe s’avancer rapidement vers le pouvoir. [...]
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Paris, Charles Gosselin, 1835, tome 1, « Introduction », p. I-II
La dictature de la majorité.
Il est de l’essence même des gouvernements démocratiques que l’empire de la majorité y soit absolu ; car en dehors de la majorité, dans les démocraties, il n’y a rien qui résiste. […]
Je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu’en matière de gouvernement la majorité d’un peuple a le droit de tout faire, et pourtant je place dans les volontés de la majorité l’origine de tous les pouvoirs. Suis-je en contradiction avec moi-même ? […]
Qu’est-ce donc qu’une majorité prise collectivement, sinon un individu qui a des opinions et le plus souvent des intérêts contraires à un autre individu qu’on nomme la minorité ? Or, si vous admettez qu’un homme revêtu de la toute-puissance peut en abuser contre ses adversaires, pourquoi n’admettez-vous pas la même chose pour une majorité ? Les hommes, en se réunissant, ont-ils changé de caractère ? Sont-ils devenus plus patients dans les obstacles en devenant plus forts ? Pour moi, je ne saurais le croire ; et le pouvoir de tout faire, que je refuse à un seul de mes semblables, je ne l’accorderai jamais à plusieurs. […]
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Paris, Charles Gosselin, 1835, tome 2, chapitre VII
Le repli individualiste.
Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.
Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Paris, Charles Gosselin, 1840, tome 4, chapitre VI
La toute-puissance de l’Etat.
À mesure que les attributions du pouvoir central augmentent, le nombre des fonctionnaires qui le représentent s’accroît. Ils forment une nation dans chaque nation, et, comme le gouvernement leur prête sa stabilité, ils remplacent de plus en plus chacune d’elles l’aristocratie. Presque partout, en Europe, le souverain domine de deux manières : il mène une partie des citoyens par la crainte qu’ils éprouvent de ses agents, et l’autre par l’espérance qu’ils conçoivent de devenir ses agents.
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Paris, Charles Gosselin, 1840, tome 4, chapitre V
Liberté et égalité.
Les peuples démocratiques aiment l'égalité dans tous les temps, mais il est toujours de certaines époques où ils poussent jusqu'au délire la passion qu'ils ressentent pour elle. Ceci arrive au moment où l'ancienne hiérarchie sociale, longtemps menacée, achève de se détruire […] et les barrières qui séparaient les citoyens ont enfin renversées. Les hommes se précipitent alors sur l'égalité comme sur une conquête, et ils s'y attachent comme à un bien précieux qu'on veut leur ravir. La passion d'égalité pénètre de toutes parts dans le coeur humain, elle s'y étend, elle le remplit tout entier. Ne dites point aux hommes qu'en se livrant aussi aveuglément à une passion exclusive, ils compromettent leurs intérêts les plus chers ; ils sont sourds. Ne leur montrez pas la liberté qui s'échappe de leurs mains tandis qu'ils regardent ailleurs ; ils sont aveugles […].
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Paris, Charles Gosselin, 1840, tome 2, chapitre XIII.
Voir : Tocqueville et la démocratie
Ecouter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/philo-alexis-de-tocqueville-et-l-election-en-amerique-3341204
Questions :
-Pourquoi Tocqueville présente-t-il les Etats-Unis comme modèle ?
-Quels dangers menacent la démocratie selon Tocqueville ? Comment explique-t-il ses craintes ?
-Quelles solutions peuvent être envisagées ?
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Par JMGoglin le 1 Décembre 2022 à 21:48
Créateur : ISA HARSIN/SIPA Droits d'auteur : ISA HARSIN/SIPA
Février 2023 : L'Assemblée nationale a voté l'article 1er de la réforme sur la fin des régimes spéciaux.
I. La démocratie n'est pas :
- Une tyrannie/autocratie.
=un système politique qui repose sur le pouvoir d'un seul.
- Une oligarchie.
=un système politique qui repose sur le pouvoir d'une minorité.
- Une dictature/un État totalitaire.
=un système politique où le pouvoir est concentré aux mains d'un seul individu ou d'un groupe.
=un système qui se maintient par la violence en réprimant toute opposition.
= un système qui réprime la liberté d'expression, de réunion...
Ex : Les États totalitaires du XXe s (Allemagne nazie, Italie mussolinienne et URSS).
Ex : Corée du Nord.
Jeu de propagande en Corée du Nord sous le portrait géant de Kim Jong-un, en 2015. (Crédits : Kobal/The Picture Desk/via AFP)
Ex : La Vague
- Une anocratie.
=système politique en transition qui n'est ni une démocratie ni une dictature.
Les anocraties sont souvent des régimes politiques instables.
Ex : La France durant la Terreur.
Ex : L'Afrique du Sud, longtemps présentée comme un modèle de transition.
Vidéo : L'AFS sous l'apartheid
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Lb-Ov6xrBys
Vidéo : BO Invictus de Clint Eastwood (2009)
Lire : http://www.slate.fr/story/74587/mandela-sport-apartheid
- Un système politique parfaitement abouti.
-Les États sont classés en fonction d'un indice démocratique.
-Les États se différencient entre :
-États non démocratiques (dictatures, États hybrides),
-États démocratiques défaillants,
-États démocratiques aboutis.
Ex : La France est présentée comme une "démocratie défaillante".
Lire : https://www.letemps.ch/monde/une-etude-salarme-dun-recul-democratie-monde-2021
II. La démocratie repose sur la responsabilité des individus.
- La démocratie garantit l'exercice des libertés de chacun.
-La démocratie reconnait et défend les libertés :
-La démocratie garantit les libertés individuelles.
Elle garantit que ces libertés puissent s'exercer dans un cadre collectif.
Elle garantit que tous puissent exercer ces libertés.
-La démocratie garantit l'exercice de ces libertés par des lois.
L'exercice de ces libertés est un droit.
Eugène Delacroix, La liberté guidant le peuple, huile sur toile, 1830.
- La démocratie garantit la liberté d'exercice des droits politiques de tous.
-La démocratie garantit aux individus le droit de participer à l'exercice du pouvoir :
-voter,
-être représenté,
-être représentant.
= droits politiques.
-La démocratie repose sur le droit de vote individuel.
"Suffrage universel" Un bureau de vote en 1891. Peinture d'Alfred Bramtot (1852-1894) 1891 Les Lilas, mairie Crédits : Photo Josse / Leemage - AFP
Bureaux de vote. France. 1913.
-Les droits politiques sont attachés à la possession de la citoyenneté et à l’accès à l’âge de la majorité.
Certains États imposent le vote comme une obligation.
Ex : en Europe.
- La démocratie reconnait les droits de l'homme.
-La démocratie reconnait l'égalité de tous dans l'exercice des droits individuels et politiques.
(c) UNESCO.
-1679 : Les Anglais adoptent l'Habeas Corpus qui définit les conditions des arrestations et des détentions.
1689 : Les Anglais adoptent le Bill of rights qui définit les droits individuels et collectifs.
26 août 1789 : Les Français adoptent la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.
Jean-Jacques-François Le Barbier, peinture à l'huile sur bois, XVIIIe s.
10 décembre 1948 : Les États membres de l'ONU adoptent la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=WzKFXqTjqbc
-Les droits sont considérés comme inaliénables.
Certains affirment que ce modèle des droits est en train de changer.
III. La démocratie est un système politique particulier.
- La démocratie contemporaine s'appuie sur des modèles.
-Un modèle antique : Athènes au Ve s av JC.
Vidéo : https://www.histoirealacarte.com/Grece-antique-monde-hellenistique/democratie-Athenes
Les citoyens athéniens sont égaux.
Ils forment une assemblée : l'ecclesia.
Ils discutent et votent directement les lois.
Certains occupent des fonctions déléguées.
-Un modèle médiéval : La monarchie parlementaire anglaise (1215).
-Un modèle contemporain : La République américaine (1787).
-Aujourd'hui : la moitié de l'humanité vit dans une démocratie.
- La démocratie repose sur la souveraineté populaire.
-Le terme "démocratie" associe "demos" (territoire/peuple) et "kratein" (commander).
1865 : Le président des États-Unis Abraham Lincoln définit la démocratie comme "le pouvoir du peuple par le peuple
pour le peuple".
Le "pouvoir du peuple" se définit comme "le pouvoir de faire la loi" pour soi-même.
-Le "peuple" est "souverain".
1762 : Jean-Jacques Rousseau : Du contrat social.
Texte : http://jmgleblog.eklablog.com/texte-jean-jacques-rousseau-justifie-la-volonte-generale-a170094606
-Le "peuple" regroupe l'ensemble des citoyen exerçant le vote.
XVIIIe s-XIXe s : Le suffrage est surtout masculin et censitaire.
XIXe-XXe s : Le suffrage universel s'impose progressivement.
Ex : En France.
Ex : Accès des femmes aux droits de vote.
XIXe-XXe s : Les suffragettes.
- La démocratie est soit directe soit représentative.
Le peuple exerce son pouvoir :
-directement : c'est la "démocratie directe",
-indirectement : c'est la démocratie représentative/pouvoirs délégués.
Le modèle de la démocratie représentative est le plus répandu.
Ex : en France.
- La démocratie repose sur la séparation des pouvoirs.
1748 : Charles de Montesquieu : De l’esprit des lois.
- La démocratie repose sur des contre-pouvoirs.
-Les électeurs contrôlent les politiques par le vote.
-Les institutions politiques fonctionnent avec des pouvoirs et des contre-pouvoirs.
Ex : Les institutions de la Ve République :
-le Président peut dissoudre l'Assemblée des députés,
-l'Assemblée des députés peut déposer une motion de censure contre le gouvernement.
-Les politiques sont justiciables.
22 mars 2013.
-Les médias doivent permettre :
-l'accès aux informations,
-la liberté d'expression.
Ils permettent de créer et d'entretenir les opinions publiques.
-Les citoyens peuvent créer des syndicats et des associations.
Ex : en France :
-Loi Waldeck-Rousseau de 1884,
-Loi 1901.
Pierre Sesmat. La grève au Creusot. 1899.
- La démocratie fixe ses principes politiques par écrit.
-Les États adoptent des chartes puis des constitutions.
La constitution décrit le fonctionnement du système politique, des institutions et du rôle du citoyen.
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=bGzT1PIsJO8
-L’État peut changer de constitution sans remettre en cause ses principes démocratiques.
Ex : La France et ses 14 constitutions depuis 1789.
IV. La démocratie peut être directe ou représentative.
- Benjamin Constant : Participer ou être représenté.
Correction : http://jmgleblog.eklablog.com/benjamin-constant-1767-1830-la-liberte-des-anciens-contre-la-liberte-d-a202182008
- La démocratie peut être directe.
-Le modèle de la démocratie directe fascine.
XIXe s : La démocratie directe est souvent assimilée à une forme d'"autogestion".
Ex : La Commune de Paris de 1871.
Tardi et Vautrin, Le Cri du Peuple.
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=_S1iWRWhcvc
- La démocratie peut être représentative.
-La démocratie représentative est :
-le modèle le plus récent, XVIIe-XIXe s,
-et le plus répandu.
-Mais le modèle est critiqué.
Vidéo : Le débat en France.
Certains reprochent à la démocratie représentative :
-d'accorder trop de pouvoir au pouvoir exécutif,
-d'être une forme d'oligarchie.
- La démocratie peut être participative ou délibérative
-La démocratie participative associe démocratie directe et démocratie représentative.
Ex : La Suisse.
Vidéo : Le système politique suisse
Les citoyens font émerger des questions nouvelles et peuvent proposer des lois.
-Certains s'opposent à ce système.
Lire : https://www.contrepoints.org/2013/06/25/128983-democratie-participative-confuse-dangereuse
- La démocratie peut être délégative (ou liquide).
-La démocratie délégative est un système où à chaque suffrage le citoyen décide :
-soit de voter directement,
-soit de transférer son vote à un intermédiaire de son choix.
Le représentant n'est mandaté que pour une tâche unique et limitée dans le temps.
- La démocratie future pourrait être liquide et digitale.
Certains évoquent une future "cyberdémocratie".
Lire : https://www.letemps.ch/no-section/democratie-futur-sera-digitale-collaborative
Elle reposerait sur :
-une citoyenneté numérique,
-l'accès à des plates-formes permettant le travail collaboratif et le vote.
Certains constatent une participation accrue des citoyens aux débats numériques.
IV. La démocratie est un système politique fragile.
- Alexis Clerel de Tocqueville : L’excès d’individualisme ou la tyrannie de la majorité.
Etude : http://jmgleblog.eklablog.com/etude-tocqueville-et-la-democratie-a214831415
- La démocratie repose sur le choix de la majorité et le respect des oppositions.
-La démocratie repose sur :
-le pluralisme politique,
-le respect des minorités politiques,
-la reconnaissance de l'alternance démocratique/changement de majorité.
-La démocratie est remise en cause :
-s'il y a refus de céder le pouvoir,
-s'il y a persécution des opposants politiques,
-s'il y a un coup d’État.
Ex : L'envahissement du Capitole par les partisans de Donald Trump.
Vidéo : https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000005030/l-attaque-du-capitole-a-washington.html
- La démocratie est fragilisée par l'abstention.
-L'abstention aux élections progresse.
Ex : en France.
Chiffres participation aux élections présidentielles sous la Ve République.
-L'abstention varie en fonction de l'âge, de la qualification professionnelle. et du revenu.
2017.
En France : l'abstention est plus forte chez :
-les 18-35 ans,
-les ouvriers et les employés.
- La démocratie est fragilisée par la remise en cause de la légitimité des politiques.
L'abstention pose le problème de la légitimité des élus.
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=fnB4YqQQTiI
Les jeunes s'engagent mais autrement.
Vidéo : https://www.dailymotion.com/video/x1cksbm
Vidéo : La démocratie est-elle en danger ?
Vidéo : Synthèse/Qu'est ce qu'une démocratie ?
Jean-Marc Goglin
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Par JMGoglin le 29 Septembre 2022 à 12:13
L'UE nait en 1993.
Elle résulte de l'adoption d'un traité : le traité de Maastricht.
Elle est le résultat d'une construction :
-commencée après la 2e GM,
-dans le contexte de la Guerre froide.
L'UE repose sur un fonctionnement démocratique particulier.
I. L’UE est une institution démocratique en construction.
- Depuis 1951 : Des États font le choix de s’unir.
-6 États font le choix de créer des politiques communes.
Ils s'associent par des traités.
-Les 6 États font d'abord le choix de l'intégration économique.
Ils fondent :
-1951 : la CECA par le traité de Paris,
-1957 : la CEE par le traité de Rome.
-1986 : Les 12 États alors membres de la CEE font le choix d'une union politique et monétaire.
Ils signent le traité de l'Acte unique.
-1993 : Les 12 États membres forment l'U.E.
-Les États membres sont toujours de plus en plus nombreux.
Décembre 2020 : Le RU a quitté l'UE.
-Depuis 2021 : Les États membres sont 27.
- Les États membres répondent à des critères économiques et politiques.
-1993 : Les États fixent des critères d'adhésion.
- Les États membres sont des démocraties.
- Les États membres décident de politiques communes.
-Les États conservent des compétences exclusives ou mettent en place des politiques communes :
Ex : https://www.consilium.europa.eu/en/60-years-of-common-agricultural-policy-fr/
II. Les Etats membres participent à des institutions décisionnelles.
- Les Etats membres ont adopté des institutions mixtes.
Les États européens ont longtemps hésité entre 3 modes de fonctionnement :
-fonctionnaliste, fondé sur des coopérations précises.
-unioniste, fondé sur la coopération des États qui restent souverains,
-fédéraliste avec la création d’une Europe institutionnelle supranationale souveraine.
Ils ont adopté un fonctionnement qui est à la fois fédéraliste et intergouvernemental.
Vidéo : https://mouvement-europeen.eu/video-comprendre-institutions-europeennes/
- Le Conseil européen fixe les orientations.
Le Conseil européen est créé en 1974.
Il se réunit au moins 2 fois par semestre.
Il est constitué des chefs d’État et de gouvernement.
Il fixe les orientations politiques.
- La Commission européenne prépare les lois et veille à leur application.
Elle rédige les lois et a même un pouvoir d'initiative des lois.
Elle veille à l'exécution des lois.
Elle gère les politiques communes et les budgets.
- Le Conseil de l'UE et le Parlement co-décident.
Le Conseil de l'UE et le Parlement partagent le pouvoir législatif et budgétaire.
Le Conseil conclut les accords internationaux au nom de l'UE.
La prise de décision associe démocratie déléguée et démocratie représentative.
Parlement européen à Bruxelles.
Parlement européen à Strasbourg.-Certaines décisions se prennent à la majorité (fonctionnement supranational).
Le traité de Lisbonne impose le principe de double majorité :
-55% des États,
-65% de la population.
Certaines décisions se prennent à l'unanimité (fonctionnement intergouvernemental).
-1979 : Le parlement est élu au SUD.
Le parlement ne cesse de renforcer son rôle décisionnel.
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=pt8CIkj_ofk
Le parlement approuve ou rejette la proposition de budget européen.
Il peut voter une motion de censure à l'égard de la Commission et la contraindre à démissionner.
Il ne possède pas encore l’initiative des lois.
- La prise de décision associe les parlements nationaux.
-Les institutions européennes associent les parlements nationaux à la prise de décision.
-Le traité de Lisbonne de 2007 impose :
-de consulter les parlements nationaux sur les projets de lois,
-de faire adopter les lois européennes par les parlements nationaux.
-Les parlements nationaux :
-transposent les lois européennes dans leur droit national,
-décident dans les domaines où leurs compétences sont jugées plus efficaces que celles du parlement européen.
=principe de subsidiarité.
III. Une démocratie sans réelle citoyenneté.
- Une citoyenneté européenne sans existence administrative.
1992 : Le traité de Maastricht institue une "citoyenneté européenne" sans réalité administrative.
Texte : https://www.vie-publique.fr/fiches/20320-qui-est-citoyen-europeen
Mais le 'citoyen européen' dispose de nouveaux droits.
Voir : https://www.touteleurope.eu/fonctionnement-de-l-ue/la-citoyennete-europeenne-en-3-minutes/
-2000 : Les États membres adoptent la Charte des droits fondamentaux des habitants de l’UE.
Ces droits sont : citoyenneté, liberté, dignité, égalité, solidarité et justice.
Ces droits sont institutionnalisés par le traité de Nice de 2001.
- L’UE développe le principe de la démocratie participative.
-Le traité de Lisbonne de 2007 favorise l'initiative citoyenne.
Il accorde aux citoyens le droit de demander à la Commission européenne de présenter un projet législatif.
La condition est de réunir 1M de demandes de 7 Etats différents.
Mais la commission européenne n’est pas tenue de transformer la demande en proposition de loi.
- Le sentiment d'appartenance à l'UE reste faible.
Les Européens ont peu le sentiment d’appartenir à une même communauté.
IV. Un système démocratique contesté.
- 2005 : Des citoyens rejettent le traité constitutionnel.
-2004 : Les représentants des États adoptent un traité constitutionnel.
Ce traité doit être ratifié par chaque État membre.
-2005 : Les Européens se divisent au sujet de la future constitution.
Les Français (29 mai) et les Néerlandais rejettent la constitution par référendum.
Le rejet marque une rupture dans l'histoire de la construction européenne.
-2007 : Les États adoptent le traité de Lisbonne qui reprend les mesures de la constitution de 2005.
Beaucoup de citoyens rejettent le traité de Lisbonne.
- Un fonctionnement institutionnel critiqué ou rejeté.
-Les lieux de pouvoir (Bruxelles, Strasbourg, Luxembourg) sont jugés géographiquement trop éloignés.
-Les institutions sont accusées de ne pas défendre les intérêts des Européens.
La commission est accusée d'être une technostructure.
=l’eurocratie.
Les députés sont accusés de ne pas représenter les électeurs européens.
Tous, commissaires et députés, sont accusés :
-d'être soumis aux lobbies industriels,
-de remettre en cause les États Providence et les acquis sociaux.
-Les citoyens oublient les raisons qui ont conduit à construire l'Union Européenne.
Affiche de 1951, « Europe Unie/Gage de Paix ». Digital Collections – Cornell University Library.
-Les citoyens assimilent le territoire de l'UE à un seul marché.
Voir : https://www.touteleurope.eu/economie-et-social/les-accords-europeens-de-libre-echange-en-3-minutes/
- Les politiques mises en place divisent les États et les citoyens.
-Les politiques d'élargissement.
Les PECO sont accusés de coûter cher et de créer une concurrence économique et sociale déloyale.
Les États sont jugés trop nombreux et l'UE est jugée ingouvernable.
Ex : La Turquie.
-Les politiques financières et fiscales.
Ex : La Crise de 2008.
Plantu. Le Monde. 15 juin 2015.
-Les politiques migratoires.
Ex : La crise migratoire depuis 2011.
2015.
-Beaucoup d'Européens analysent le retrait de la GB comme un échec de l'UE.
- De nombreux Européens rejettent l'UE.
-De plus en plus d'Européens sont "eurosceptiques".
Ils évoquent un "déficit" démocratique.
De plus en plus de citoyens s'abstiennent de voter aux élections européennes.
Ex : en France.
-De plus en plus d'Européens se revendiquent souverainistes et anti-européens.
Ils adhèrent aux mouvements identitaires ou populistes.
Ils obtiennent des élus au Parlement européen où ils défendent le rôle du parlement national.
Beaucoup réclament la sortie de leur pays de l'UE.
-De plus en plus d'Européens doutent de l'avenir de la démocratie...
Ex : en France.
Certains craignent une dérive de l'UE vers une « autocratie post démocratique » (Jürgen Habermas).
Jean-Marc Goglin
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Par JMGoglin le 26 Septembre 2022 à 14:27
I. La difficile construction de la démocratie chilienne.
- 1970 : La difficile arrivée au pouvoir de Salvador Allende.
1969-1970 : Le parti Unité Populaire fait campagne présidentielle.
4 septembre 1970 : Salvador Allende remporte les élections présidentielles avec 37% des suffrages.
4 novembre 1970 : Salvador Allende entre en fonction.
Instauration du gouvernement d’Unité populaire.
Il dirige par décret car il n'a pas la majorité à l'assemblée.
- Un programme d’inspiration marxiste.
Allende est le 1er marxiste latino-américain élu démocratiquement.
Il lance une politique de nationalisations.
Ex : 11 juillet 1971, nationalisations des mines de cuivre.
- Les remises en cause du projet d’Allende.
-La bourgeoisie s'oppose à Allende.
1er décembre 1971 : « Marche des casseroles vides ».
Août 1972 : La population manifeste contre l’inflation et retire son soutien à Allende.
-Les États-Unis condamnent le rapprochement du Chili avec Cuba.
La Banque mondiale cesse de prêter de l’argent au Chili.
- 11 septembre 1973 : Le coup d’Etat militaire.
-2 novembre 1972 : Entrées de militaires au gouvernement.
28 juin 1973 : Première tentative de coup d’État militaire.
23 août 1973 : Les députés du Parti national et de la Démocratie chrétienne déclarent le gouvernement illégal. Ils en appellent à l'armée.
11 avril 1973 : Grève des mineurs du cuivre.
-Le coup d’État est organisé par les chefs des armées et de la police.
Les États-Unis soutiennent le coup d’État.
Les conspirateurs assiègent le palais présidentiels qui est bombardé par l'aviation.
Salvador Allende annonce à la radio son refus de se rendre.
Il meurt dans son palais. Il se serait suicidé.
-Les militaires prononcent la dissolution du Congrès, des conseils municipaux, des partis politiques et des syndicats.
Ils suppriment la liberté de la presse.
Ils instaurent un couvre-feu.
45 000 personnes sont arrêtées.
200 000 Chiliens s'exilent.
-1974 : Augusto Pinochet est désigné "Chef suprême de la nation" puis Président de la République.
Il instaure une dictature militaire.
La dictature prend fin en 1990.
Elle a causé plus de 100 000 victimes (morts, disparus, torturés...).
II. La transition vers la démocratie en Espagne et au Portugal.
- Deux dictatures.
-Au Portugal : Dictature de Antonio de Oliveira Salazar depuis 1926.
Il était professeur d'économie à l'université de Coimbra.
Il ne pratique pas le culte de la personnalité.
Il impose "l’État nouveau" qui est un régime nationaliste, catholique et anti-communiste.
Le régime s'appuie sur un parti unique.
Salazar a le soutien des industriels, des banquiers et des grands propriétaires.
Il défend l'empire colonial portugais dans un contexte général de décolonisation.
1968 : Salazar est destitué au profit de Marcelo Caetano.
Pourtant il est nommé président du conseil à vie.
Et les Portugais n'apprennent pas son éviction.
Marcelo Caetano tente en vain de libéraliser le régime.
-En Espagne : Dictature de Francisco Franco depuis le 1er octobre 1936.
="el caudillo".
Franco prend le pouvoir après la victoire des nationalistes sur les Républicains à l'issue de la guerre civile espagnole.
Il impose un régime nationaliste et catholique.
Le régime s'appuie sur un parti unique.
Le régime utilise la répression et la torture.
Franco exerce un pouvoir sans limite.
- Au Portugal : la révolution des œillets.
-1973 : Création du Mouvement des Forces armées opposé au régime.
Certains militaires sont porteurs d'un projet démocratique.
16 mars 1974 : tentative de coup d’État qui échoue.
Les Portugais soutiennent le MFA.
Les guerres coloniales renforcent l'opposition au régime.
-24-25 avril 1974 : Antonio de Spinola et Coasta Gomes et leurs troupes font mouvement pour s'emparer des points stratégiques.
Ils portent un œillet rouge à leur boutonnière.
-Marcelo Caetano accepte de céder le pouvoir.
Les prisonniers politiques sont libérés.
Les militaires s'engagent à proposer une constitution.
- En Espagne : la transition sous Franco et Juan Carlos.
1969 : Franco crée le titre de "prince d'Espagne".
Il nomme Juan Carlos (famille Bourbon).
1975 : Juan Carlos est nommé Capitaine général des forces armées.
Franco est malade.
19 juillet 1975 : Juan Carlos devient chef d'Etat par intérim.
20 novembre 1975 : Mort de Franco.
22 novembre 1975 : Juan Carlos est proclamé roi d'Espagne.
Les grèves et les manifestations éclatent.
15 décembre 1976 : référendum sur la réforme politique.
27 décembre 1978 : Juan Carlos ratifie la constitution.
- Deux régimes politiques démocratiques.
-Au Portugal : une République parlementaire.
2 avril 1976 : La constitution établit un régime semi-présidentiel.
Juillet 1976 : Le général Eanes est élu président de la République.
-En Espagne : Une monarchie parlementaire.
Juan Carlos rétablit la liberté syndicale et restaure l'opposition politique.
1977 : Les élections législatives sont organisées.
23 février 1981 : échec du coup d’État militaire du colonel Tejero.
Tejero est condamné à 30 ans de prison.
-1986 : Le Portugal et l'Espagne adhèrent à la CEE.
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Par JMGoglin le 19 Octobre 2021 à 13:13
Alexis de Tocqueville (1805-1859) est issue d'une famille noble quia subi la Révolution française. Il se rend aux Etats-Unis afin d'observer le fonctionnement et le développement de cette nouvelle démocratie.
Tocqueville constate que le système politique américain est démocratique. Le peuple est souverain. Il délègue, par élection, son pouvoir à des représentants qui partagent pouvoirs législatif et exécutif.
Tocqueville reste critique vis-à-vis du système démocratique. Il craint que la démocratie ne se transforme en tyrannie.
Tocqueville remarque que le système repose sur les décisions de la majorité. Or la majorité peut se tromper dans ses choix et prendre des décisions contraires au bien commun. Et la majorité, si elle est persuadée avoir le droit de tout faire, peut en arriver à tyranniser et à persécuter la minorité politique qui défend des idées contraires. La majorité peut vouloir créer une société égalitaire et conformiste sans opposition politique.
Tocqueville prolonge certaines idées de Benjamin Constant. Il constate que le citoyen préfère les plaisirs individuels et privés à la participation à la vie politique. Il craint que ce désintérêt ne menace la démocratie elle-même.
Tocqueville condamne le despotisme démocratique. Il oppose l'Etat au peuple. L'Etat garantit au peuple le bien être et la protection des droits. Le peuple bénéficie de ce bien être et de cette protection. Il n'attend rien d'autre en échange et finit par abandonner sa souveraineté à l'Etat. L'Etat exerce alors un pouvoir "paternaliste" sur des individus repliés sur leur sphère privée.
Tocqueville est surtout un penseur qui insiste sur l'importance des contre pouvoirs au sein du système démocratique afin de le protéger de ses excès.
Jean-Marc Goglin
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