• Le chrétien est un baptisé.

    XIIe s : Le Décret de Gratien précise qu'il n'existe que 2 statuts de chrétien :

      -laïc

      -ou clerc.

    Il est impossible de mesurer le de gré d'attachement aux vérités de la foi.

    Il est plus facile de mesurer les pratiques.

    Le chrétien médiéval est donc quelqu'un qui pratique les rites cultuels chrétiens.

     

     

    I. Un pratiquant.  

     

    • Le baptême.  

     

    Le baptême marque l'entrée dans la vie chrétienne.

    Antiquité-début du M : Les baptêmes d'adultes sont majoritaires.

    Ex : Baptême de Clovis.

    MÂ : baptêmes d'enfants.

    Le baptême est essentiel pour accéder au Paradis.

    XIIIe s : Thomas d'Aquin accorde au laïc de pouvoir baptiser en cas d'urgence.

     

    • L'adhésion au dogme.

     

    -L'Eglise médiévale hérite des dogmes imposés dans l'Antiquité.

    Les sources médiévales mentionnent les "articles de foi".

    Ex :

      -Le Symbole de Nicée de 325,

      -Les ajouts du Concile de Constantinople de 381.

    L'Eglise impose que les dogmes soient appris par cœur et qu'ils ne soient pas remis en cause.

    Le dogme a une valeur juridique.

    La question n'est pas de savoir si le dogme est vrai ou faux mais s'il est compris ou non.

     

    -Le degré de foi est invérifiable.

    La présence au culte et la connaissance des dogmes attestent de l'engagement religieux.

     

    -Le laïc ne peut lire seul la Bible.

    L'Eglise institutionnelle se méfie des interprétations qu'elle juge contraires aux dogmes.

    À partir du XIIe s : le chrétien valorise davantage le Nouveau Testament.

    Il veut être plus fidèle à la Parole de Dieu.

    Il se réfère particulièrement aux évangiles et aux Actes des apôtres.

     

    • L'adhésion à des pratiques rituelles.  

     

    -Le chrétien assiste aux offices.

    Il suit les périodes de Carême.

    Il chôme les dimanches et jours de fête.

     

    -Le chrétien effectue des pèlerinages.

    XIe- XIIIe s : Il peut partir en croisade.

    Il fait des dons...

    XIIe-XIIIe s : L'assistance aux pauvres devient un acte pratiqué par beaucoup.

     

    • L'adhésion à une conception du monde et de la vie.

      

    -Le chrétien pense être supérieur aux animaux et tenir une place particulière dans le monde.

     

    -Le chrétien adhère à une conception du monde fixée par la Bible et par ses interprétations :

      -Dieu est créateur,

      -le monde est éternel.

    Le chrétien croit à un monde marqué par :

      -l'intervention divine,

      -les miracles.

    Le chrétien croit à :

      -l'âme,

      -l'existence après la mort.

    Le chrétien doit croire en la Résurrection et à la communion des saints.

    Il n'existe pas de pensée en dehors du cadre social et mentalisé contrôlé par l'Eglise.

     

    -Le chrétien adhère à une morale enseignée par la Bible :

      -les Proverbes engagent à une vie morale,

      -l'Ecclésiaste apprend à dépasser le monde sensible,

      -le Cantique des cantiques invite à l'union à Dieu.

    Le noble et le chevalier doivent se soucier de paraître modestes et modérés.

    Le marchand doit être honnête.

    De nombreux débats portent sur la pauvreté de l'Eglise ou des ordres monastiques et religieux.

     

    -XIe s : Le chrétien redécouvre l'exemplarisme christique.

    La dévotion à l’humanité du Christ existe tout au long du Moyen Âge.

    Elle s’accentue à partir des XIe et XIIe s.

    Beaucoup souhaitent vivre « nu comme le Christ nu ».

    =expression qui remonte à Jérôme et réapparaît fréquemment au XIIe s.

    Certains s'engagent dans une vie érémitique ou dans les ordres mendiants.

     Ex : Le dominicain Fra Angelico peint l'enfance du Christ.

     

    Fra Angelico, quand un peintre raconte l'enfance du ChristFra Angelico, La jeunesse du Christ, 1451-1453, Couvent San Marco de Florence.  

     

     

    II. Le membre d'une communauté.

     

    • Le membre d'une paroisse.

     

    -Le chrétien assiste à la messe :

      -le dimanche, jour chômé,

      -lors des grandes fêtes : Pentecôte, Ascension, fêtes mariales...

    Sous les Carolingiens : obligation de communier au moins une fois/an à Pâques.

     

    • Le membre d'une confrérie.

     

    Le chrétien peut adhérer à une confrérie religieuse.

    Les confréries se multiplient dans les villes comme dans les campagnes.

    Ex : 131 confréries sont crées à Rouen de 1120 à 1560.

    Les confréries recrutent parmi toutes les catégories sociales.

    On distingue 2 catégories de confréries :

                            -les confréries de dévotion,

                            -les confréries de charité.

    Les membres des confréries de charité se doivent :

      -assistance matérielle,

      -et spirituelle, au nom de la communion des saints.

    La confrérie prend en charge processions et achats.

    Ces confréries ne sont pas toujours bien perçues par les institutions ecclésiastiques qui craignent d’en perdre le contrôle.

     

    • Le membre d'un mouvement apostolique.

     

    À partir des années 1170 : des chrétiens se rassemblent dans des mouvements évangéliques.

    Ils souhaitent recréer la communauté des apôtres.

    Ils revendiquent le droit pour tous à annoncer la Parole de Dieu.

    Cette revendication donne naissance à des mouvements que l’Église considère comme hérétiques.

     

    • Le membre d'une communauté de pénitents.

     

    -Le fidèle peut pratiquer :

                            -jeûnes,

                            -pénitences,

                            -flagellations…

    Ex :

      -Mouvement des Humiliés, dès 1201,

      -Mouvement des pénitents Bianchi (habillés de blanc) en Italie, en 1399.

    La confession auriculaire se développe.

     

    -Fin XIIe s : Des femmes, célibataires ou veuves, choisissent de vivre dans des communautés de béguines ou en recluses.

    Ex : Communautés de Liège, Paris, Bruges...

    Ces femmes se présentent comme des "religieuses dans le monde".

    Chaque communauté se dote de ses propres règles et les modifie en fonction des besoins.

    Certaines béguines prononcent un vœu : pauvreté, chasteté...

    1311 : Le concile de Vienne condamne les béguines pour "fausse piété".

     

      

    III. Un dévot.

     
    • La dévotion au Christ douloureux.
     
    -Il n’existe pas de dévotion au Christ douloureux au début du Moyen Âge.

    Le christianisme des premiers siècles rejette l’adoration de la croix, instrument de torture infamant.

    Progressivement les théologiens précisent qu’il s’agit d’adorer non l’instrument mais le sacrifice.

    IXe-Xe s : Sous l’influence de la liturgie de Cluny, on prend l’habitude de placer une croix dans les églises[1].

    XIIIe s : La représentation du Christ souffrant évince celle du Christ en majesté.

    Au XIVe s : La méditation sur la Passion devient un acte de piété privilégié.

     

    -Cette méditation est individuelle mais aussi collective.

    Elle est mise en scène par :

      -la littérature,

      Ex : Les Meditationes vitae Christi, faussement attribué au franciscain Bonaventure.

      -le théâtre,

      XVe s : Développement des Mystères.

    =représentations théâtrales de la vie du Christ de l’Incarnation à la Résurrection.

    Ex : Le Mystère de la Passion de notre Seigneur de l’évêque Jean Michel, représentée à Angers en 1486.

      -la peinture.

    Ex : L’Agneau mystique des frères Hubert et Jan Van Eyck, vers 1432.

     

    https://www.connaissancedesarts.com/wp-content/thumbnails/uploads/2020/04/cda20_focus_agneau_vaneyxk-tt-width-1200-height-630-fill-0-crop-1-bgcolor-ffffff.jpg

    Cathédrale Saint-Bavon de Gand/Belgique.

    Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=vMv4wFLSHU4

     

    Les animaux dans l'art contemporain (deuxième partie) – Page 3 – L'art  moderne

     

    • La dévotion à Marie.

     

    -431 : Le concile d'Ephèse reconnait Marie comme theotokos.

     

    ART BLOG: Fra Filippo Lippi : Madonna delle Roccie | Peinture renaissance,  Les arts, Art de la renaissance

    Filippo Lippi, Madone au rocher, XVIe s.

     

    Marie est fêtée le 1er janvier.

    VIIe-XIIe s : L'Eglise institue 4 fêtes mariales dans la liturgie :

      -l'Annonciation, le 25 mars,

    L'Annonciation de Fra Angelico - Brouillons de culture...

    Fra Angelico, L'Annonciation, 1426. Musée du Prado de Madrid.

      -l'Assomption, le 15 août,

      -la Nativité de Marie, le 8 septembre, 

    Paolo Ucello - Nativité de la Vierge Marie | Les arts, Art de la  renaissance, Comment peindre

    Paolo Ucello, La Nativité de Marie, XVe s.

     

      -la Purification, le 2 février.

    XIIIe s : un genre littéraire, celui des Mariale, lui est consacré.

    =recueils de miracles, sermons, poèmes...

     

    -Le culte de Marie se développe à partir du XIVe s.

    L'Eglise institue de nouvelles fêtes : la Visitation...

    Marie n'est plus seulement pensée comme la mère de Jésus.

    Elle suscite des débats théologiques.

    Ex : Jean Duns Scot réfléchit à son rapport au péché originel.

     

    Des prières lui sont destinées.

    Ex : le rosaire, popularisé par les dominicains et en particulier par Alain de la Roche.

    Il consiste en la récitation de 150 Ave Maria répartis en dizaines, introduite chacune par un Pater Noster.

    Des confréries lui sont dévouées :

    Ex : confréries dévouées à la Vierge au Manteau.

    Beneditto Bonfigli, 1464.

     

    Des pèlerinages lui sont consacrés.

    Ex : Lorette où, selon la croyance, les anges ont transporté la maison de la sainte famille.

     

    -Marie finit par incarner la figure de l'Eglise.

    Le Couronnement de la Vierge d'Enguerrand Quarton – caryatides

      Enguerrand Quarton, Le Couronnement de la Vierge, Musée Pierre de Luxembourg, Villeneuve-lès-Avignon.

     Analyse : https://bulletintheologique.wordpress.com/2015/05/05/le-couronnement-de-la-vierge-denguerrand-quarton-un-itineraire-spirituel-vers-dieu/

     

    • La dévotion aux saints.  

     

    Le fidèle est libre de faire acte de dévotion au saint de son choix.

    Il cherche à obtenir protection et guérison en échange de prières.

    Ex : Sébastien, Roch priés lors des épidémies de peste.

      

     

    IV. Un viator.

     

    • La conscience d'une vie brève.

     

    Le chrétien a conscience d'une condition humaine temporaire.

    Il est un pèlerin permanent.

    Il ne doit pas s'attacher aux biens matériels. 

     

    • Le sentiment d'une nature déchue.

     

    Le chrétien pense appartenir à une nature déchue.

    Augustin d'Hippone a théorisé la notion de péché originel.

    Les théologiens s'interrogent sur ce sujet.

    Ex : Anselme de Cantorbéry (XIe s) et Bernard de Clairvaux (XIIe s).

    Le chrétien n'est pas l'homme qu'il devrait être.

    Il attend la restauration de sa nature.

     

    • L'angoisse du péché.

     

    -Le chrétien vit dans l'angoisse d'offenser Dieu.

    Les théologiens définissent le péché comme un acte volontaire.

    Anselme de Cantorbéry (XIe s) insiste sur l'opposition volontaire à la loi divine.

    Pierre Abélard insiste sur l'intentionnalité de la faute.

    Le chrétien est préoccupé par le pardon et le salut.

    Cette angoisse est très forte au XVe s.

     

    -Le chrétien cherche à se protéger des tentations et du démon.

    Certaines pratiques s'apparentent à de la superstition : port d'amulettes...

     

    • L'angoisse de l'au-delà.

     

    -Le chrétien vit dans l'angoisse du Jugement et la crainte de l'Enfer.

    Les prédicateurs décrivent les tourments.

     

    -Les théologiens pensent les lieux de l'au-delà :

      -le Paradis,

    https://www.connaissancedesarts.com/wp-content/thumbnails/uploads/2020/04/cda20_bio_bosch_main-tt-width-970-height-545-fill-1-crop-0-bgcolor-ffffff.jpg

    Jérôme Bosch, Le jardin des délices, v. 1494-1505. Musée du Prado/Madrid.

     

      -l'Enfer,

      -le purgatoire à partir du XIIIe s,

      -les limbes.

     

    -XVe s : Généralisation de la pratique testamentaire. 

    Le testament prévoit souvent distribution de pain et de viande aux pauvres après la cérémonie de l’enterrement.

     

     

    Jean-Marc Goglin (Ph D)

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