• "Toujours plus grand devient le nombre des prolétaires, [...] toujours plus profonde, l'opposition des exploiteurs et des exploités, toujours plus exaspérée la lutte de classe de la bourgeoisie et du prolétariat, lutte qui sépare la société moderne en deux camps hostiles et qui est la caractéristique commune de tous les pays industriels. [...]

    Il n'y a que la transformation de la propriété privée capitaliste des moyens de production, - sol, mines, matières premières, outils, machines, moyens de transport, - en propriété sociale [...], qui puisse faire que la grande exploitation et la productivité, [...] deviennent, pour les classes jusqu'ici exploitées, [...] sources du plus grand bien-être et d'un perfectionnement harmonieux et universel. [...]

    La lutte de la classe ouvrière contre l'exploitation capitaliste est nécessairement une lutte politique. [...]

    Rendre cette lutte de la classe ouvrière consciente et unitaire et lui montrer son but nécessaire, telle est la tâche du Parti social-démocrate.

    Les intérêts de la classe ouvrière sont les mêmes dans tous les pays où existe le mode de production capitaliste. [...] En connaissance de ce fait, le Parti social-démocrate d'Allemagne se déclare en parfaite union avec les ouvriers de tous les autres pays qui ont conscience de leur classe. [...]

    Pour la protection de la classe ouvrière, le Parti social-démocrate d'Allemagne réclame tout d'abord :

    1. Une législation protectrice du travail efficace, nationale et internationale, sur les bases suivantes:

    a) Fixation d'une journée de travail normale de huit heures au maximum.

    b) Interdiction du travail industriel pour les enfants au-dessous de quatorze ans.

    c) Interdiction du travail de nuit, sauf pour les branches d'industrie qui, en vertu de leur nature, soit pour des raisons techniques, soit pour des raisons de bien-être général, exigent le travail de nuit.

    d) Un intervalle de repos ininterrompu d'au moins trente-six heures, une fois par semaine, pour chaque ouvrier."

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  • « L'histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire de la lutte de classes.

    Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurandes* et compagnon, bref oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une lutte ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une lutte qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la disparition des deux classes en lutte. [...]

    La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes, elle n'a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression à celles d'autrefois.

    Cependant, le caractère distinctif de notre époque est d'avoir simplifié les antagonismes de classes. La société entière se scinde en deux vastes camps ennemis en deux grandes classes qui s'affrontent directement : la bourgeoisie et le prolétariat. [...]

    La bourgeoisie a joué dans l’histoire un rôle éminemment révolutionnaire. Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a détruit les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens variés qui unissent l’homme féodal à ses supérieurs naturels, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt, les dures exigences du « paiement au comptant ». Elle a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a supprimé la dignité de l’individu devenu simple valeur d’échange ; aux innombrables libertés dûment garanties et si chèrement conquises, elle a substitué l’unique et impitoyable liberté de commerce. En un mot, à l’exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a substitué une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale. [...]

    Les communistes proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement de tout l'ordre social passé.

    À mesure que grandit la bourgeoisie, c'est-à-dire le capital, se développe aussi le prolétariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu'à la condition de trouver du travail et qui n'en trouvent que si leur travail accroît le capital. Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise, un article de commerce comme un autre ; ils sont exposés par conséquent à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché.

    Les ouvriers commencent par se coaliser contre les bourgeois pour la défense de leurs salaires. Ils vont jusqu'à former des associations permanentes, pour être prêts en vue de rébellions éventuelles. Ça et là, la lutte éclate en émeute. Parfois, les ouvriers triomphent ; mais c'est un triomphe éphémère. Le résultat véritable de leurs luttes est moins le succès immédiat que l'union grandissante des travailleurs.

    Que les classes dirigeantes tremblent devant une révolution communiste ! Les prolétaires n'ont rien à y perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner.

    “Prolétaires de tous les pays. Unissez-vous” ».

     

    Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du Parti communiste (extraits), chapitre 1, Londres, 1848.

    * Groupement professionnel autonome composé de membres égaux unis par un serment, sous l'Ancien Régime.

     


    Questions :

     1. Présentez le document.

    2. Quels rapports sociaux caractérisent l'Europe industrielle du milieu du XIXe siècle ? 

    3. Comment s'expliquent-ils ?  

    4. Comment faire évoluer cette situation ?

    5. Quelle société créer ?

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  • « Valeurs fondamentales du socialisme :

    a/ Nous nous opposons à toute dictature, toute forme de domination totalitaire et autoritaire où la dignité de l'homme est méprisée, sa liberté supprimée et ses droits réduits à néant. Le socialisme ne se réalisera que par la démocratie ; la démocratie ne peut s'accomplir que par le socialisme. […]

    b/ Les communistes se réclament à tort de la tradition socialiste. En réalité, ils en ont trahi la pensée. Les socialistes veulent instaurer la liberté et la justice, tandis que les communistes exploitent les divisions sociales pour installer

    c/la dictature de leur parti.

    d/L'État : La division de l'Allemagne menace la paix. La surmonter est indispensable pour le peuple allemand. Le Parti social-démocrate allemand se reconnaît dans une démocratie où l'autorité de l'État émane du peuple et où le gouvernement est toujours responsable devant le Parlement. […]

    e/L'expansion économique : Le but de la politique économique du Parti social-démocrate est l'accès de tous à la prospérité croissante. […] La libre consommation et le libre choix de l'emploi sont des points fondamentaux ; la libre concurrence et la libre-entreprise sont des éléments importants d'une politique économique social-démocrate. […] Une économie totalitaire ou dictatoriale détruit la liberté. C'est pourquoi le Parti social-démocrate approuve un marché libre où règne la concurrence.

    f/Notre parcours : Le mouvement socialiste accomplit une mission historique. Il est né d'une protestation naturelle et morale des travailleurs salariés contre le système capitaliste. […] Éliminer les privilèges des classes dirigeantes et donner à tous les hommes liberté, justice et bien, c'est là tout le sens du socialisme. Malgré de lourds revers et nombre d'erreurs, le mouvement ouvrier a pu aux XIXe et XXe siècles gagner la reconnaissance d'un grand nombre de ses revendications. Le prolétaire qui autrefois s'usait au travail pour un salaire de misère a obtenu la légalisation de la journée de huit heures, la protection du travail, les assurances – chômage, maladie et invalidité, et le droit à la retraite pour ses vieux jours. Il a conquis la liberté de réunion, la liberté de l'organisation syndicale, le droit de grève. Il est en train d'imposer son droit à la cogestion. […] D'un parti de la classe ouvrière, le SPD est devenu un parti du peuple ouvert à tous. […] Les communistes étouffent les libertés. Ils violent les droits de l'homme et le droit des peuples et des personnes à disposer d'eux-mêmes. À leur pouvoir s'oppose aujourd'hui un nombre croissant de personnes y compris dans les pays communistes. Là aussi, des changements s'accomplissent. Les espoirs du monde reposent sur une organisation basée sur les principes du socialisme démocratique qui veut créer une société respectueuse de la dignité humaine, libérée de tout besoin et de toute crainte, de toute guerre et de toute oppression, en lien avec toutes les personnes de bonne volonté. »

     

    Extraits de la Déclaration finale du Congrès du Parti social-démocrate allemand (SPD), à Bad Godesberg, RFA, 1959

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