• Texte : La circulation dans la mine selon Emile Zola

    « Des trains de berlines pleines ou vides passaient continuellement, se croisaient, avec leur tonnerre emporté dans l’ombre par des bêtes vagues, au trot de fantôme. Sur la double voie de garage, un long serpent noir dormait, un train arrêté, dont le cheval s’ébroua, si noyé de nuit, que sa croupe confuse était comme un bloc tombé de la voûte.

    Des portes d’aérage battaient, se renfermaient lentement. Et, à mesure qu’on avançait, la galerie devenait plus étroite, plus basse, inégale de toit, forçant les échines à se plier sans cesse.

    Étienne rudement, se heurta la tête. Sans la barrette de cuir, il avait le crâne fendu. Pourtant, il suivit avec attention, devant lui, les moindres gestes de Maheu, dont la silhouette sombre se détache sur la lueur des lampes.

    Pas un des ouvriers ne se cognait, ils devaient connaître chaque bosse, nœud des bois ou renflement de la roche.

    Le jeune homme souffrait aussi du sol glissant qui se trempait de plus en plus. Par moments, il traversait de véritables mares, que le gâchis boueux des pieds révélait seul. Mais ce qui l’étonnait surtout, c’était les brusques changements de température. En bas des puits, il faisait très frais, et dans la galerie de roulage, par où passait tout l’air de la mine, soufflait un vent glacé, dont la violence tournait à la tempête, entre les muraillements étroits.

    Ensuite, à mesure qu’on s’enfonçait dans les autres voies, qui recevaient seulement leur part disputée d’aérage, le vent tombait, la chaleur croissait, une chaleur suffocante, d’une pesanteur de plomb. »

     

    Émile Zola, Germinal, Paris, 1885, Le livre de poche, 1983, p. 37-38.

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