• Consigne : D'abord vous présenterez les arguments communistes qui justifient le coup de Prague puis les arguments de ceux qui s'opposent au coup de Prague. Puis vous expliquerez en quoi le coup de Prague illustre la construction de la bipolarisation de l'Europe.

     

     

    Document 1 : L'Armée rouge libère la Tchécoslovaquie.

     

    L’URSS libératrice

    Lithographie. 1945.

     

    Document 2 : Déclaration commune des partis communistes tchèque et slovaque.

     

    "La crise intérieure provoquée à l’improviste par des hommes politiques de certains partis nous expose au danger non seulement d’un bouleversement intérieur, mais aussi à voir la République menacée par des agents de la réaction étrangère. Le bloc antidémocratique, antipopulaire et antisocialiste se propose comme but de renverser le régime de la démocratie populaire et d’obtenir un déplacement des forces en faveur de tous les éléments réactionnaires. Par leur démission, les chefs des partis politiques en question se sont placés en dehors du gouvernement pour jouer le rôle d’une opposition subversive. [...] Les bureaux des Partis communistes tchèque et slovaque, dans cette grave situation, font appel à tous les bons Tchèques et Slovaques pour qu’ils se groupent dans un Front national qui soutiendra d’une manière résolue le gouvernement Gottwald. Lequel satisfera toutes les revendications exigées par l’intérêt public, c’est-à-dire assurera la sauvegarde de la grande œuvre de la révolution nationale et en garantira l’évolution ordonnée ainsi que les engagements qui nous lient à nos alliés, l’URSS et les autres États soviétiques."

     

    Déclaration commune des Partis communistes tchèque et slovaque, 19 février 1948.

     

    Document 3 : Le témoignage de Léon Blum sur le « coup de Prague ».

     

    "À Prague, le Parti social-démocrate semblait intact, et aussi le Parti socialiste national de Benes, et aussi la démocratie chrétienne. Comment toute cette armature s’est-elle disloquée, volatilisée ? On ne parvient pas à le comprendre. Le coup d’État reste un coup de théâtre mystérieux.

    Pour la social-démocratie, en particulier, que s’est-il passé ? Le Congrès de Brno ne remonte qu’à peu de mois et une majorité de résistance s’en était dégagée après un débat solennel. Comment cette majorité s’est-elle trouvée renversée ? Comment Lausman, le vainqueur de Brno, a-t-il été réduit à l’impuissance par Fierlinger, son rival vaincu ? Pour quelles raisons Lausman a-t-il signé avec Fierlinger un pacte, qui n’était qu’une capitulation, et a-t-il personnellement pris place dans le nouveau cabinet Gottwald ? Est-ce un effet panique du terrorisme policier, une sorte de fascination collective ? Est-ce une soumission docile au fait accompli ? Le noyautage communiste avait-il, ces derniers mois, gâté la social-démocratie du dedans, comme un fruit ? Rien ne nous a éclairés à cet égard... La succession catastrophique des événements reste une énigme."

     

    Léon Blum, dans L’œuvre de Léon Blum, Paris, Ed. Albin Michel, 1958

     

    Document 4 : Procès et purges.

     

    "Vendredi soir, j’ai assisté à un service en l’honneur de la mémoire du Dr Milada Horakova, avocate, membre du Parlement et présidente de l’Association nationale des femmes en Tchécoslovaquie. Elle s’est noblement battue pour la liberté, les droits de l’homme et la justice. En 1939, quand les nazis occupèrent son pays, elle s’opposa inébranlablement à eux et, en conséquence, passa quatre ans en prison. [... Après la guerre], elle a combattu le communisme autant qu’elle avait combattu le nazisme, et quand les communistes arrivèrent au pouvoir en Tchécoslovaquie en février 1948, elle savait que ses jours de liberté étaient comptés. Elle a été arrêtée en septembre 1949, accusée d’être inamicale envers l’Union soviétique et trop proche des démocraties occidentales. Avec douze autres hommes et femmes, elle a été jugée en juin 1950 et, avec trois des hommes, condamnée à mort et exécutée le 27 juin. Le docteur Horakova a admis le crime de vouloir des élections libres, supervisées par la communauté internationale, et de vouloir changer le régime de terreur qui domine actuellement la Tchécoslovaquie."

     

    Discours d’Eleanor Roosevelt, 23 octobre 1950, à Hyde Park (New York).

     

    Document 5 : Le coup de Prague vu par l’ambassadeur Maurice Dejean, 18 mars 1948.

     

    « (…) Dans l’organisation d’un bloc économique, politique et militaire, aux ressources et aux énergies étroitement conjuguées, l’URSS a acquis une avance marquée sur les Puissances occidentales. À l’est s’est formé un groupement d’États dont chacun est dirigé par le parti communiste et dont l’ensemble forme un instrument docile aux mains de Moscou, la vieille cité russe prenant de plus en plus figure, à l’égard de tous les pays communisés, de capitale fédérale. (…)

    Pratiquement, l’installation d’un gouvernement communiste à Prague signifie que le Haut Commandement soviétique peut disposer désormais, à son gré, de l’armée tchécoslovaque ainsi que des formidables positions stratégiques que représente le plateau de Bohême et des facilités qu’offre le couloir Morave. La même remarque s’applique à tous les Etats de l’Europe centrale et balkanique. L’unité de direction politique réalisée par la mainmise sur ces pays du parti communiste, qui les étreint tous dans un corset de fer, présente au point de vue de la préparation et de la conduite de la guerre, des avantages considérables. En Europe centrale et orientale, une coordination étroite est déjà obtenue dans la direction des affaires économiques, politiques et militaires, alors qu’à l’ouest, les Etats qui voudraient endiguer les progrès du communisme et de l’URSS, se présentent encore, dans la plupart des domaines, en ordre dispersé.

    Dans ces conditions, il est clair que les mesures prévues par le plan Marshall sont radicalement insuffisantes pour faire face à la situation. (…) Si l’on veut empêcher que les troupes soviétiques ne se portent un jour de l’Elbe au Rhin, et de là à la côte atlantique, il convient d’envisager sans délai l’établissement d’une ligne d’arrêt judicieusement choisie et l’organisation concertée d’une défense assignant à chaque puissance intéressée des tâches proportionnées à ses moyens. Un pareil rempart ne saurait être constitué uniquement par des crédits ou même par des documents diplomatiques, si bien conçus qu’ils soient. Il doit être fait d’hommes et d’acier. (...) 

     

    Archives du ministère des Affaires étrangères (La Courneuve), Archives privées et papiers d’agents, Henri Bonnet, volume 1, Télégramme n° 327, Prague, 18 mars 1948, au sujet des événements de Prague et de la situation internationale

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  • Quels faits dénonce JF Kennedy ? Comment réagit-il ? Comment justifie-t-il sa réaction malgré les risques ?

     

    « […] Cette décision soudaine et clandestine d’implanter pour la première fois des armes stratégiques hors du sol soviétique constitue une modification délibérément provocatrice et injustifiée du statu quo, qui ne peut être accepté par notre pays, si nous voulons que nos amis et nos ennemis continuent à avoir confiance dans notre courage et notre parole.

    Les années 1930 nous ont enseigné une leçon claire : les menées agressives, si on leur permet de s’intensifier sans contrôle et sans contestation, mènent finalement à la guerre. Notre politique a été une politique de patience et de modération. Nous ne risquerons pas prématurément ou sans nécessité le coût d’une guerre nucléaire mondiale, mais nous ne nous déroberons pas à ce risque à quelque moment que nous ayons à y faire face.

    En conséquence, j’annonce l’institution d’une quarantaine rigoureuse sur tout équipement militaire offensif acheminé vers Cuba. La politique de notre pays sera de considérer tout lancement de missile nucléaire à partir du sol cubain, contre toute nation de l’hémisphère occidental, comme une attaque de l’Union Soviétique contre les Etats-Unis, appelant en représailles, une riposte complète contre l’URSS.

    Je demande la convocation du Conseil de l’Organisation des États américains et du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies. J’invite Monsieur Khrouchtchev à abandonner son entreprise de domination mondiale, à retirer ses armes de Cuba et à se joindre à un effort historique en vue de mettre fin à la dangereuse course aux armements […]»

    in Belin, Histoire Terminale (F. Lebrun, V. Zanghellini dir.) 1983

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