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Etude : Clausewitz, la politique et la guerre
Clausewitz définit la guerre comme un processus guerrier.
Il admet l'existence de différents types de conflits :
-guerres civiles,
-conflits interétatiques...
Il s'intéresse particulièrement à la guerre entre États.
Il définit la guerre comme la continuité du politique.
La guerre débute avec le 1er affrontement.
Texte 1 : Guerre et civilisation
« La guerre n’est rien d’autre qu’un duel à plus vaste échelle. Si nous voulons saisir en une seule conception les innombrables duels particuliers dont elle se compose, nous ferions bien de penser à deux lutteurs. Chacun essaie, au moyen de sa force physique, de soumettre l’autre à sa volonté. Son dessein immédiat est d’abattre l’adversaire, afin de le rendre incapable de toute résistance. La guerre est donc un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté. [...] Chez les sauvages, les intentions inspirées par la sensibilité l’emportent ; chez les peuples civilisés ce sont celles que dicte l’intelligence. Cependant cette différence ne tient pas à la nature intrinsèque de la sauvagerie et de la civilisation, mais aux circonstances concomitantes, aux institutions, etc. [...] En un mot, même les nations les plus civilisées peuvent être emportées par une haine féroce. On voit par-là combien nous serions loin de la vérité si nous ramenions la guerre entre peuples civilisés à un acte purement rationnel des gouvernements, qui nous paraîtrait s’affranchir de plus en plus de toute passion [...]. L’invention de la poudre et les progrès incessants dans le développement des armes à feu démontrent par eux-mêmes qu’en fait la tendance à détruire l’ennemi, inhérente au concept de la guerre, n’a nullement été entravée ou refoulée par les progrès de la civilisation. »
Carl von Clausewitz, De la guerre, « La nature de la guerre » (livre I), chapitre 1, Éditions de Minuit, 1955 (traduction Denise Naville).
Texte 2 : Guerre et politique
« La guerre d’une communauté – de nations entières et notamment de nations civilisées – surgit toujours d’une situation politique et ne résulte que d’un motif politique. [...] Donc, si l’on songe que la guerre résulte d’un dessein politique, il est naturel que ce motif initial dont elle est issue demeure la considération première et suprême qui dictera sa conduite. [...] Aussi la politique pénètrera-t-elle l’acte de guerre entier en exerçant une influence constante sur lui, dans la mesure où le permet la nature des forces explosives qui s’y exercent. La guerre est une simple continuation de la politique par d’autres moyens. Nous voyons donc que la guerre n’est pas seulement un acte politique, mais un véritable instrument politique, une poursuite des relations politiques, une réalisation de celles-ci par d’autres moyens.
Carl von Clausewitz, De la guerre, « La nature de la guerre » (livre I), chapitre 1, Éditions de Minuit, 1955 (traduction Denise Naville).
Texte 3 : Le tournant de la Révolution française
« La guerre devint ainsi [à la fin du XVIIe siècle], dans son essence véritable, un jeu où le temps et le hasard battaient les cartes ; mais pour sa signification, ce n’était qu’une diplomatie un peu plus tendue, une façon un peu plus exigeante de négocier, où les batailles et les sièges servaient de notes diplomatiques. Le plus ambitieux se proposait tout juste d’obtenir quelque avantage modéré pour en user au cours des négociations de paix. [...] Les choses en étaient là quand la Révolution française éclata. [...] La guerre était soudain redevenue l’affaire du peuple et d’un peuple de 30 millions d’habitants qui se considéraient tous comme citoyens de l’État. [...] La participation du peuple à la guerre, à la place d’un cabinet ou d’une armée, faisait entrer une nation entière dans le jeu avec son poids naturel. Dès lors, les moyens disponibles – les efforts qui pouvaient les mettre en œuvre – n’avaient plus de limites définies ; l’énergie avec laquelle la guerre elle-même pouvait être conduite n’avait plus de contrepoids, et par conséquent le danger pour l’adversaire était parvenu à un extrême. »
Carl von Clausewitz, De la guerre, « Le plan de guerre » (livre VIII),
Texte 4 : Vers la guerre absolue
« Depuis l’époque de Bonaparte, la guerre [...] s’était approchée plus près de sa vraie nature, de son absolue perfection. Les moyens qu’on mit alors en œuvre n’avaient pas de limites visibles ; la limite se perdait dans l’énergie et l’enthousiasme des gouvernements et de leurs sujets. L’étendue des moyens et le vaste champ des résultats possibles, comme l’excitation puissante des sentiments, accroissait immensément l’énergie dans la conduite de la guerre ; l’objet de son action était le renversement de l’ennemi ; il ne paraissait pas possible de s’arrêter et d’en venir à un accommodement quelconque [...]. La violence primitive de la guerre, libérée de toute restriction conventionnelle, explosait ainsi dans toute sa force naturelle. La cause en était la participation du peuple à cette grande affaire d’État qui découlait en partie des effets de la Révolution française sur les affaires intérieures des pays, et en partie de l’attitude menaçante des Français vis-à-vis de toutes les nations. »
Carl von Clausewitz, De la guerre, « Le plan de guerre » (livre VIII), chapitre 3, Éditions de Minuit, 1955 (traduction Denise Naville).
Questions :
-A quoi Clausewitz compare-t-il la guerre ?
-Pourquoi fait-il de la guerre un acte politique?
-Pourquoi pense-t-il la Révolution française et les guerres napoléoniennes comme des conflits qui ont transformé la pratique et la conception de la guerre ?
-Pourquoi dit-on qu'il théorise "la guerre absolue" ?
Tags : guerre