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Correction : Les accords de Matignon
Les accords Matignon sont signés dans la nuit du 7 au 8 juin 1936 à l’Hôtel Matignon. Le président du conseil Léon Blum est parvenu à organiser une rencontre entre représentants syndicaux et représentants du patronat.
Certains accords sont des réaffirmations : liberté syndicale (loi Waldeck-Rousseau de 1884) et d'opinion en entreprise… D’autres sont nouveaux : deux semaines de congés payés… Les accords sont-ils une forme de new deal français ? Ils visent à soutenir la demande en augmentant les salaires et à partager le travail en limitant la semaine de travail à 40 heures.
Ces accords ont été difficiles à obtenir. Le contexte politique et économique est défavorable. Les effets de la crise financière de 1929 sont parvenus tardivement en France et se font encore sentir. L’économie est fragile. La démocratie parlementaire est critiquée. Les ligues d’extrême droite la menacent. Désireux à la fois de protéger la démocratie et de mettre en œuvre une politique sociale, le Front populaire, alliance des partis de gauche qui vient d’obtenir la majorité aux élections législatives, propose une politique nouvelle qui inquiète la droite. Léon Blum est obligé de justifier les accords Matignon devant la Chambre des députés. Il rappelle que ces accords sont la mise en œuvre du programme pour lequel le Front populaire a été élu. Il a le soutien des députés des gauches rassemblées. Signe des difficultés, les ouvriers ont accompagné les négociations de « grèves joyeuses » qui accentuent la pression sur le patronat.
Ces accords suscitent de vives réactions. La presse de gauche souligne la victoire sur la pauvreté. Le patronat déplore une politique économique qu’il juge irréfléchie. Il calcule la hausse du coût du travail qui se répercutera sur les prix de vente. Il craint que, dans un contexte marqué par le protectionnisme, les produits français ne soient plus compétitifs et que les exportations ne s’effondrent. Il s’alarme d’une France « en faillite ». Ce sont les congés payés qui cristallisent les critiques. Le patronat y voit une fermeture forcée des usines qui subiront un arrêt de leur production et un manque à gagner supplémentaire. La presse de gauche se moque de leurs craintes. Elle défend l’amélioration des conditions de travail et de vie des salariés.
Le FP tente de consolider ces accords par des lois. Il jette les bases d’un nouvel Etat providence. Mais le patronat reste opposé à ces mesures. Le FP populaire est contraint de repousser des réformes. En 1938, le nouveau gouvernement revient sur les mesures du FP.
Jean-Marc Goglin
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