• Les responsabilités de la Première Guerre mondiale : une histoire politique

    Présentation d'ensemble :

    https://essentiels.bnf.fr/fr/histoire/20e-siecle/23183553-a0a4-44d8-b7f0-e6d6aec91db8-grande-guerre/article/623559a6-86d0-4450-a1f2-5ec358b02deb-origines-et-responsabilites-la-grande-guerre

     

    L'Allemagne : responsable de la PGM ?

     

    1. Voir : Traité de Versailles

     

    2. Écouter : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-pourquoi-du-comment-histoire/l-allemagne-fut-elle-responsable-du-declenchement-de-la-premiere-guerre-mondiale-9812749

     

    3. Lire : https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-journal-dun-prof-dhistoire/20150717.RUE9915/programmes-d-histoire-c-est-aussi-toujours-la-faute-a-l-allemagne.html

     

     

    Le traité de Versailles : un diktat ?

     

    Les responsabilités de la Première Guerre mondiale : une histoire politique

     Les responsabilités de la Première Guerre mondiale : une histoire politique Ce dessin légendé « Clémenceau le vampire » est publié en Une de Kladderatastsch dans le numéro daté du 13 avril 1919

     

     

    Pierre Renouvin (1925) : La responsabilité des empires d'Europe centrale.

     

    Lire : https://www.lemonde.fr/livres/article/2013/11/04/1925-renouvin-et-les-origines-de-la-premiere-guerre-mondiale_3507594_3260.html

     

     

    Jules Isaac (1930) : une responsabilité inégalement partagée ?

     

    « Jules Isaac a essayé de repenser de façon originale le problème des origines de la guerre (…). Or il devait constater, non sans angoisse, que les manuels allemands, qu'il a livrés à une sévère critique, apportaient une vision entièrement Un débat historique : le problème des origines de la guerre - Jules Isaac -  FeniXX réédition numérique (Rieder) - ebook (ePub) - Librairie Le Divan  PARISinexacte, chargée du plus étroit nationalisme, de la guerre de 1914-1918. Il lui apparaissait d'autant plus nécessaire de faire du côté français un effort pour que toute intention apologétique se trouve exclue. (... )

    Selon Isaac, il est inadéquat de parler de la part de l'Allemagne de « responsabilité unilatérale »; il y a eu en fait responsabilité inégalement partagée. (…) il ne peut pas non plus adhérer à la conception de P. Renouvin, qui croitpouvoir répondre « oui » à la question de savoir « si les puissances centrales ont, avant 1914, imposé la guerre à l'Europe ». Il pense, lui, que « la stricte équité oblige à reconnaître que l'Europe [entendez l'Entente] n'a pas semblé bien récalcitrante... Elle a délibérément accepté la guerre avec une promptitude dont l'adversaire même fut surpris ». L'on ne peut pas parler dans « l’autre camp » de volonté de paix, mais seulement de « quelques gestes ébauchés, sans foi et sans espoir, d'avance les cœurs gagnés à la guerre », reconnue comme inévitable. Selon Isaac, c'est « le déséquilibre » de la vieille Europe à son paroxysme qu'exprime le déchainement de la Grande Guerre : l'Europe est victime d'un « lourd passé, qui a forgé et durci, avec les frontières des États, leurs égoïsmes nationaux.

    Chaque gouvernement a continué à suivre sa voie traditionnelle, à appliquer fidèlement les règles du jeu, qui remontent à Richelieu ou à Bismarck ». Les hommes politiques sentent le péril, mais sont incapables de le prévenir, « d'adapter l'archaïsme de leur politique », prétendue réaliste, à une réalité neuve. Aussi, dans les conférences qu'il fait devant l'Union pour la vérité, Isaac réclame-t-il une reprise en main complète de la question des responsabilités par un Institut de coopération historique de caractère international."

    Jacques Droz, Les causes de la PGM. Essai historiographique, Paris, Seuil, 1973, p. 36-38.

     

     

    Fritz Fischer (1961) : L'impérialisme allemand responsable de la guerre ?

     

    1. « La puissance industrielle de l'Allemagne était la plus forte du continent et elle-même était consciente de posséder 

    Les responsabilités de la Première Guerre mondiale : une histoire politique des structures politiques et une tradition culturelle originale qui se distinguait à la fois de la démocratie occidentale et du despotisme oriental. L'Allemagne avait entrepris de se hausser de la position de grande puissance que Bismarck lui avait assurée au sein de l'Europe jusqu'à celle « puissance mondiale ». Mais cette politique avait abouti, en l'espace de dix ans (1897-1907) à une impasse : l'empire allemand, isolé par sa propre faute, éprouvait cet isolement comme un «encerclement », un « corset de fer».

    Dès lors l'éclatement de l'Entente devint le but principal de l'empire. Obtenir« la liberté de ses mouvements » était pour l'Allemagne la condition de toute extension ultérieure et de son accession définitive au rang de puissance mondiale. Si elle n'obtenait pas cette « liberté », l'Allemagne n'aurait plus qu'à abdiquer tout rôle dans le monde. Telle était la conviction profonde de la «nation». Pour ne citer qu'un représentant de l'élite intellectuelle allemande, Max Weber en était persuadé. Et la même pensée était exprimée par le général Bernhardi – qui jouissait alors d'une haute considération et qui élaborait les conceptions des chefs militaires de l'Allemagne impériale – dans son livre, réédité six fois jusqu'en 1914 : L’Allemagne et la prochaine guerre, qui contenait ce slogan souvent répété, « Puissance mondiale ou décadence » (Weltmacht oder Niedergang). C'est forte de cette devise que la « nation » voulait lutter et vaincre.»

    F. FISCHER, Colloque franco-allemand, Historiens et Géographes, août 1966, cité dans Nathan Histoire de Première dirigé par Jacques Marseille, 1988.

     

    2. « Les tensions accrues des relations internationales dans la seconde moitié des années 1930, puis la guerre et ses conséquences relèguent la "querelle des responsabilités" d’une guerre qui paraît plus lointaine, ensuite, dans les années 1950, au second plan.

    Elle est vivement relancée par la parution en 1961 du livre d’un professeur de Hambourg, Fritz Fischer : Les Buts de guerre de l’Allemagne impériale. 1914-1918. Bien que le parcours de Fischer ne soit pas celui d’un esprit critique – il fut même membre du parti nazi –, il entend ici démontrer que c’est bien l’impérialisme allemand qui est responsable du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Selon lui, il y a une continuité dans la volonté allemande de devenir une puissance mondiale et dans les buts de guerre du Reich depuis les années 1890 : affaiblir la France, mettre à distance la Russie et surtout dominer la Belgique.

    Un des arguments clés de Fischer tient dans un texte intitulé le "programme de septembre" du chancelier allemand Bethmann Hollweg (1914). Du coup, le chancelier apparaît loin de l’image qu’il avait d’un modéré, pour devenir le représentant d’un programme annexionniste et belligène. Plus tard, dans La Guerre des illusions (Krieg der Illusionen, 1969) Fischer radicalise le propos et insiste sur les problèmes économiques de l’Allemagne d’avant-guerre qui renforcent la marche vers la guerre.

    À contrecourant de tout l’effort allemand de l’entre-deux guerres pour rééquilibrer les responsabilités, Fischer fait de son pays le grand coupable de l’hécatombe. Il déclenche un véritable "scandale" car ses thèses sortent de l’espace universitaire et touchent l’espace public le plus large, jusqu’à mobiliser le gouvernement pour produire un contre-feu. (…) Des historiens conservateurs répondent que la politique allemande fut en fait essentiellement défensive, ou que la politique extérieure fut le moteur principal des décisions allemandes. (…) Au final, les thèses de Fischer, bien reçues dans un contexte contestataire, se sont imposées à de nombreux historiens allemands, ce qui n’est pas sans poser question dans un espace public allemand élargi. »

    Nicolas Offenstadt, article « Les "origines" et les "responsabilités" de la Grande Guerre », pour l’exposition sur la Première Guerre mondiale à la BNF, http://expositions.bnf.fr/guerre14/arret/03_4.html

     

    3. Lire : https://www.lemonde.fr/centenaire-en-france/article/2014/02/20/l-historiographie-allemande-tourmentee_5994661_4366887.html

     

     

    La difficulté à définir le rôle et la responsabilité de chaque État.

     

    "Le grand chantier de cette première configuration (est) la publication des documents diplomatiques. C'est qu'en effet les contemporains sont hantés par une question qui commande leur historiographie : celle des responsabilités de la guerre. Nous avons peine, aujourd'hui, à nous représenter I‘intensité et l'ampleur de ce débat. L'épreuve avait été si longue, si dure, si meurtrière, le coût en était tellement élevé que l'on voulait absolument savoir pourquoi elle avait éclaté et pourquoi elle avait duré si longtemps.

    Chaque nation était convaincue de la justesse de sa cause. Les Allemands étaient persuadés de la réalité de la menace d'encerclement qu'avaient fait peser sur eux une France agressive et revancharde et des alliés résolus à refuser au Reich le statut et la place qu’il méritait du fait de sa puissance croissante. Ils adhéraient à l'idée qu'ils n'avaient fait que se défendre. Leur défaite leur paraissait injuste, et plus injuste encore que l'article 231 du traité de Versailles leur impose de reconnaître qu'ils portaient la responsabilité du conflit.

    Avant même que n'interviennent les historiens, deux versions inconciliables des responsabilités de la guerre s'opposaient donc.

    Pour établir le bien-fondé de leurs thèses, les gouvernements entreprennent de publier des documents officiels, non seulement sur les origines immédiates de la guerre, mais sur l'ensemble des relations internationales qui ont organisé les alliances et conduit à la guerre. Tous mobilisent des historiens pour piloter ces entreprises et en garantir la scientificité. »

    Antoine Prost et Jay Winter, Penser la Grande Guerre, un essai d’historiographie, Paris, Seuil, Points Histoire, 2004, p. 18-19.

     

    Des responsabilités partagées ?

     

    1. « On ne peut pas dire qu'une « volonté de puissance mondiale » déterminait la politique du chancelier Bethmann-Hollweg [..]. Ce qui déterminait sa politique extérieure était la recherche du prestige et non un désir de conquête. L'Allemagne aurait pu éviter la guerre si elle avait été prête à payer le prix de la paix. Cela signifiait : abandonner l'Autriche, renoncer aux relations étroites qu'elle entretenait avec son seul allié, renoncer à la position qu'elle possédait jusqu'à présent parmi les grandes puissances de l'Europe. Mais cela est aussi valable pour les autres puissances.

    Chaque État engagé dans la crise de juillet 1914 aurait pu sauvegarder la paix européenne s'il avait été prêt à en payer le prix par l'abandon d'intérêts réels ou présumés : l'Autriche, si elle avait renoncé à laver l'humiliation de la Serbie ; la Russie si elle avait renoncé à assurer la Serbie de sa protection ; la France, si elle avait fait savoir à la Russie qu'elle ne considérait le casus belli comme ne s'appliquant qu'en cas de défensive ; l'Angleterre, si elle avait promis sa neutralité
    dans le conflit.

    Étant donné la situation en 1914 et l'influence des idées nationalistes et impérialistes de l'époque, on comprend du point de vue historique, qu'aucune puissance ne fit ce geste, que personne ne voulait la guerre mais que personne non plus n'était prêt à payer le prix de la paix. Qu'aucun des responsables n'ait pu se soustraire à la conjoncture de l'époque, c'est là la fatalité de l'Europe. »

    K.D. ERDMANN, Colloque franco-allemand, Historiens et Géographes, août 1966, cité dans le manuel
    d’histoire de Première dirigé par Jacques Marseille, Nathan, 1988.

     

    2. Lire : https://www.france24.com/fr/20140730-guerre-premiere-mondiale-debut-declenchement-conflits-causes-christopher-clark-somnambules

    Les responsabilités de la Première Guerre mondiale : une histoire politique

    3. Lire : https://www.lemonde.fr/livres/article/2013/09/26/14-avant-14_3485283_3260.html

    4. Lire : https://lejournal.cnrs.fr/articles/nouveaux-regards-sur-lorigine-du-conflit

    5. Lire : https://www.lemonde.fr/vu-d-ailleurs/article/2014/03/11/gerd-krumeich-les-deux-camps-ont-rempli-la-poudriere_4380867_4366902.html

    6. Voir : Conférence de Stanislas Jeanneson/Université de Nantes

     

     

    Conclusion :

    Comment ont évolué les théories sur les responsabilités ? Quels liens établir entre le discours politique et le travail historiographique ? Le travail historiographique est-il influencé par le contexte politique ?

     

     

    Jean-Marc Goglin

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