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La dimension politique de la guerre
Certains pensent que toute relation est conflit.
La guerre est un conflit particulier.
La guerre résulterait soit :
-d'un déterminisme : l'homme est "naturellement" porté au conflit,
-d'un choix individuel ou collectif.
Hache à main en quartzite.
Lire : https://www.scienceshumaines.com/aux-origines-de-la-guerre_fr_1350.html
La guerre n'est pas une violence interpersonnelle.
La guerre oppose des groupes.
Les causes d'une guerre sont multiples :
-désir d'expansion, d'appropriation de ressources...
-désir de réparation, de vengeance...
La guerre est pensée comme :
-spontanée,
-sans limite.
Hiroshima après le 6 août 1945.
Certains la voudraient :
-morale : guerre défensive aux moyens proportionnés,
-juridique : respect du droit des États et des personnes.
La guerre serait alors soumise à des règles, à des conditions.
La guerre est-elle subie ? ou résulte-t-elle de choix ?
La guerre est-elle liée à l'exercice d'un pouvoir ?
I. Dans l'Antiquité et au Moyen Âge : la guerre se pense :
- Comme externe à la cité.
Platon exclut la guerre de la vie interne de la cité.
Il avance que les citoyens doivent agir en fonction de la morale.
Les citoyens doivent :
-mettre de côté leurs inimitiés,
-éviter la guerre civile.
-rechercher la concorde.
Mais il admet que les cités puissent être en conflit.
- Comme défensive.
-Platon refuse la guerre offensive.
Platon admet une guerre défensive face à un agresseur amoral.
-Les citoyens ont l'obligation de défendre le territoire et la population de la cité.
- Comme un moyen de conquête.
-Aristote définit la guerre comme l'art naturel d'acquérir quelque chose.
La guerre devient un moyen.
-Les philosophes romains insistent sur la notion de victoire.
La guerre devient le moyen d'étendre sa domination.
- Comme régulée par des normes.
Cicéron propose une liste des "lois de la guerre" :
-discussion,
-emploi de la force,
-respect de l'ennemi une fois la victoire acquise (pacte et alliance).
Cicéron propose une ébauche de la théorie de la "guerre juste."
-Les penseurs chrétiens affrontent une contradiction :
-faire la guerre,
-respecter le commandement biblique de ne pas tuer.
Ils théorisent la guerre comme :
-défensive,
-proportionnée à l'attaque,
-ordonnée par une autorité légitime,
-défendant une cause juste.
-Au Moyen Âge : La guerre est le fait de quelques hommes : les seigneurs et les chevaliers.
Adoubement. Miniature du XIVe s.
Le vassal doit l'ost à son seigneur.
XIe s : L’Église leur impose la "Paix de Dieu" et la "Trêve de Dieu".
Communion du chevalier. Revers de la façade de la cathédrale de Reims.
II. A l'Epoque moderne : la guerre est pensée comme :
- Liée à la nature humaine.
-Thomas Hobbes caractérise l'homme comme violent.
La violence individuelle se traduit en violence collective.
-Thomas Hobbes distingue 3 formes de guerre :
-la guerre interindividuelle de tous contre tous,
-la guerre civile,
-la guerre interétatique.
Ex : La Guerre de Cent ans.
- Liée à l'exercice du pouvoir politique.
-Machiavel définit la guerre comme le fait du prince.
Il présente toute cité comme à la fois conflictuelle, désordonnée et conquérante.
Il caractérise tout ordre politique comme violent.
Il fait de la guerre un moyen de régulation des conflits intérieurs et extérieurs.
L'armée est au service du souverain.
-Thomas Hobbes lie politique des Etats et pratique de la guerre.
Il caractérise l'état de nature comme l'état de la guerre de tous contre tous.
Il définit l'état social comme un état de pacte entre les individus afin de garantir leurs libertés.
L’État impose la paix intérieure mais mène des conflits extérieurs.
Abraham Bosse, Le Léviathan de Thomas Hobbes, 1651.
-Jean-Jacques Rousseau caractérise l'homme comme pacifique et craintif, apte à fuir.
Il pense que la guerre apparait avec la création de l'état social.
Il pense l'Etat comme fondé sur l'usage de la force et non sur l'usage du droit.
Il lie pouvoir et pratique de la guerre.
Il critique les princes qui font la guerre.
-G. W. F. Hegel définit la guerre comme ce qui permet au peuple de partager un destin commun.
- Est codifiée.
-Jean-Jacques Rousseau affirme que la guerre :
-interdit la guerre privée,
-induit le respect des personnes et des biens,
-nécessite le respect des combattants.
Il nie que la guerre soit la loi du plus fort.
-La guerre d'Ancien Régime est pensée comme une guerre très codifiée.
La guerre est pensée comme une guerre d'aristocrates.
- Liée à la défense de ses droits.
-Emmanuel Kant insiste sur l'importance de pouvoir défendre ses droits.
Il réclame que L’État en guerre respecte les forces en présence afin de leur garantir la possibilité de se défendre.
Il évoque la possibilité d'un ennemi injuste.
-1795 : Emmanuel Kant propose aux États de :
-sortir de leur état de guerre,
-tenir compte des opinions publiques favorables à la paix,
-coopérer,
-progressivement instituer une paix perpétuelle.
III. Certains conflits sont des ruptures.
- La Guerre de Sept ans.
Chronologie : http://jmgleblog.eklablog.com/chronologie-la-guerre-de-sept-ans-a201731374
Étude : http://jmgleblog.eklablog.com/la-guerre-de-sept-ans-1756-1763-la-premiere-guerre-mondiale-a198170672
Étude : http://jmgleblog.eklablog.com/etude-la-guerre-de-sept-ans-a198185072
- Les guerres napoléoniennes.
Étude : http://jmgleblog.eklablog.com/les-guerres-napoleoniennes-a198178884
IV. La guerre pensée par Clausewitz :
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=rEh7icoIf8M
Étude : http://jmgleblog.eklablog.com/etude-clausewitz-et-la-guerre-a198183312
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=nHZUgR1Ox94
- Comme la continuation du politique.
-Carl von Clausewitz insère la guerre dans le politique.
Il constate que les guerres révolutionnaires et les guerres napoléoniennes amènent une rupture dans la conception de la guerre et de l'armée :
-Les armées révolutionnaires combattent pour des idéaux et non pour défendre les intérêts d'un souverain.
-La nation entière s'engage dans la guerre,
-L’État investit dans la guerre (humains, techniques...).
-Clausewitz définit la guerre comme le résultat d'un choix collectif et politique.
L’État choisit de faire la guerre pour :
-obtenir ce qu'il veut,
-obtenir ce qu'il n'a pu avoir au cours de négociations.
La guerre est:
-un moyen de négocier au mieux,
-un moyen d'action politique.
- Comme une violence sans limite.
Clausewitz définit la guerre comme un acte de violence destiné à contraindre l'adversaire à exécuter sa volonté.
Le principe directeur est l'efficacité.
Clausewitz réfute que la manifestation de la violence ait des limites.
Chaque belligérant cherche à imposer sa force à l'autre.
Clausewitz définit la guerre comme d'anéantissement.
Mais rares sont les guerres des XVIIe-XVIIIe s qui ont conduit à l'anéantissement de l'ennemi.
Exception : Le royaume de Pologne partagé en 1772 et 1793 et qui disparait en 1795.
- Comme stratégique.
Clausewitz compare la guerre à un duel.
L'objectif est de détruire les forces de l'adversaire.
Le combattant met en place stratégies et tactiques.
- Comme "absolue".
Clausewitz décrit la guerre comme "absolue".
Mais il montre que l’État en guerre utilise d'autres moyens que la violence afin de l'emporter :
-diplomatie parallèle,
-mobilisation des ressources...
Il ne définit pas de notion de "guerre totale".
Vidéo : Réné Girard : Clausewitz, la violence, l'Apocalypse.
Jean-Marc Goglin
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