• Etude : François-René de Chateaubriand défend la Charte de 1814

    Montrez que la Charte de 1814 est un texte de compromis entre préservation des acquis de la Révolution française et rétablissement des principes monarchiques.

     

    « Et qui pourrait se plaindre de cette Charte ? Elle réunit toutes les opinions, réalise toutes les espérances, satisfait tous les besoins. [...] Il faut se souvenir que depuis soixante ans les Français se sont accoutumés à penser librement sur tous les sujets. [...] Les idées d'une indépendance légale et légitime ont survécu : elles existent partout, dans le soldat sous la tente, chez l'ouvrier dans sa boutique. Si vous voulez contrarier ces idées, [...] elles feront explosion, et, en éclatant, causeront des bouleversements nouveaux.

    Il est donc nécessaire de chercher à les employer dans un cadre de choses où elles aient assez d'espace pour se placer et pour agir, et où cependant elles rencontrent une digue assez forte pour résister à leurs débordements. C'est ce que le roi a merveilleusement senti, et c'est à quoi il a pourvu avec la Charte ; toutes les bases d'une liberté raisonnable y sont posées ; et les principes républicains s'y trouvent si bien combinés, qu'ils y servent à la force et à la grandeur de la monarchie. [...] Elle convient donc également, cette Charte, à tous les Français : les partisans du Gouvernement moderne parlent au nom des Lumières qui leur semblent éclairer aujourd'hui l'esprit humain ; les défenseurs des institutions antiques invoquent l'autorité de l'expérience : ceux-ci plaident la cause du passé, ceux-là l'intérêt de l'avenir. Les républicains disent : "Nous ne voulons pas retourner à la féodalité [...]". Les royalistes s'écrient "Nous ne voulons pas, de constitution en constitution, nous égarer dans de vains systèmes, abandonner ces idées morales et religieuses qui ont fait la gloire et le bonheur de nos aïeux". Aucun de ces excès n'est à craindre dans l'espèce de monarchie rétablie par le roi. [...] La Charte, [...] c'est un traité de paix signé entre les deux partis qui ont divisé les Français : traité où chacun des deux abandonne quelque chose de ses prétentions pour concourir à la gloire de la Patrie. »

    François-René de Chateaubriand, "Réflexions politiques", chap. XIII, dans Œuvres complètes, 1831.

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