• Asie du Sud-Est est une des aires régionales les plus dynamiques de l’espace mondialisé. Deux pôles moteurs : le Japon et la Chine. Historiquement, le Japon est le pôle le plus ancien. Aujourd’hui, la Chine apparait comme le nouveau pôle dynamique. Les deux puissances sont rivales. Cette rivalité ne traduit pas véritablement une opposition Nord-Sud.

     

     

    I. Deux modèles :

     

    1) Le Japon est un pays anciennement industrialisé membre de la Triade.

     

    Le développement du Japon a débuté au XIXe : ère des Meiji. Son modèle de développement économique s’est basé sur le modèle du « vol des oies sauvages ». Il est stimulé par le METI (ancien MITI). Dvpt de kereitsus. Ce modèle a été imité par les quatre dragons asiatiques. Le Japon a longtemps été le leader de l’économie asiatique. Il fait partie de la Triade.

    Mais le modèle japonais du dévouement à l'entreprise est critiqué. 

    Texte : https://www.lesechos.fr/monde/asie-pacifique/0211697354252-pourquoi-les-japonais-se-tuent-au-travail-2057548.php 

     

    2) La Chine est un modèle de socialisme de marché Cf cours d’histoire.

    A lire : http://jmgleblog.eklablog.com/la-chine-depuis-1949-la-construction-rapide-d-une-grande-puissance-a126106028

     

     

    II. Deux puissances mondiales :

     

    1) Deux puissances économiques de rang mondial.

     

    -2e et 3e puissances économiques du monde. Le PIB de la Chine a dépassé celui du Japon en 2010. Son taux de croissance ralentit après avoir connu une croissance moyenne de 10% depuis 1980. Le Japon a un taux de croissance qui stagne.

     

    -Le Japon (3e) reste un acteur majeur de la mondialisation. Il est un leader mondial en recherche-développement : robotique (45% du parc mondial), nanotechnologies… La Chine (2e) a d’abord été un pays atelier avant de diversifier ses activités : automobiles (co-industries Peugeot-Dongfeng) high tech et les biotechnologies. La Chine dispose de 97% des "terres rares" (=ensemble des 17 métaux indispensables aux productions de produits optiques, électroniques...)

    Texte : http://www.slate.fr/story/101461/chine-puissance-innovation

     

    – La Chine est devenue la 1ère puissance commerciale du monde avec 11,5% des exportations mondiales : textile, jouet… Dvpt de FTN : Sinopec (pétrole)…

     

    La Chine est devenue la principale pourvoyeuse d’IDE : achats de terres agricoles en Afrique, en Amérique du Sud, rachats d’entreprises aux États-Unis et en Europe, construction d’infrastructures dans les pays émergents… La Chine rachète des dettes souveraines européennes et américaines. Le Japon reste une puissance financière majeure.

     

    2) Deux puissances interdépendantes.

     

    -12 août 1978 : Traité de paix et d’amitié. Les deux signataires s'engagent à respecter leur souveraineté et leur intégrité territoriale et affirment ne pas avoir de visées hégémoniques sur le continent. Ils prévoient des échanges culturels et économiques.

     

    -Chine est depuis 2009 le 1er partenaire commercial du Japon. Le Japon est le 1er fournisseur de la Chine et le 3e client de la Chine. Les échanges Chine-Japon représentent 3% des échanges mondiaux.

     

    -Les investissements croisés sont de plus en plus importants. Le Japon a été un des premiers à investir et à délocaliser des usines en Chine. Le Japon reste le 1er investisseur étranger en Chine. Aujourd’hui, des entreprises chinoises sous-traitent au Japon.

     

    -500 000 Chinois résident au Japon. 127 000 Japonais résident en Chine dont 50 000 à Shanghai. Mais les Japonais redoutent une présence chinoise trop importante.

     

    -Le Japon est une des principales destinations touristiques des Chinois.

     

    -Des élans de solidarité se sont manifestés lors du tremblement de terre au Sichuan en Chine en 2008 et lors du tsunami au Japon en 2011.

     

     

    III. Deux puissances concurrentes.

     

    1) Une rivalité diplomatique.

     

     -Le Japon est un « nain » politique. Membre du G20, il participe à la gouvernance économique mondiale. Mais sa diplomatie et sa défense sont liées aux États-Unis.

     

    – La Chine est une puissance complète qui tente de s’affirmer comme la première puissance mondiale. Elle intègre progressivement les institutions internationales. Sa rivalité avec les États-Unis s’affichent. La Chine s’oppose à l’intégration du Japon au Conseil de sécurité de l’ONU.

     

    -Le Japon et la Chine ne sont pas membres de l’ASEAN mais ont des accords de partenariat. Les deux ont deux visions différentes de l’ASEAN. La Chine veut une ASEAN restreinte aux pays asiatiques. Le Japon veut l’ouvrir à l’Inde, à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande.

     

    -La rivalité s’exacerbe depuis les années 2000. Les médias entretiennent cette rivalité.

     

    2) Des ambitions géopolitiques concurrentes.

     

    -La Chine développe son influence par l’intermédiaire de l’Organisation de coopération de Shanghai. Elle développe son « collier de perles » autour de l’océan Indien. Elle investit en Afrique et y applique le « Consensus de Pékin ».

     

    -Shanghai cherche à devenir la concurrente directe de Tokyo. Elle symbolise l’essor chinois : extension et réaménagements urbains, développement du centre d’affaires de Pudong (plus de 9000 entreprises chinoises et étrangères), 1er port mondial… Tokyo est une ville globale qui symbolise encore la modernité : plusieurs C.B.D. dont Shinjuku, universités prestigieuses (Todaï, Nihon…), image de ville connectée et de cyberculture (quartier d’Akihabara), 3e carrefour aérien mondial…

    Photo : Quartier de Shinjuku :

     

    http://www.japan-guide.com/g2/3011_01.JPG

     

    -Le Japon investit également en Afrique et se rapproche des Amériques. Il intègre l’Accord de partenariat transpacifique. Il tente de s’implanter en Amérique du Sud et notamment au Pérou.

     

    3) Des tensions géostratégiques

     

    -La Chine exerce un hard power.

     

    -La Chine et le Japon se concurrencent pour les matières premières agricoles et énergétiques.

     

    -Problèmes de frontières non résolus : îlots inhabités de Diaoyutai (Chine)-Senkaku (Japon).

     

    https://www.franceinter.fr/s3/cruiser-production/2014/12/cd499ace-853a-11e4-bab6-005056a87c30/640_tensions-chine-japon-un-avion-17191-jpgg.jpg

    Réserves halieutiques+réserves potentielles d’hydrocarbures.

     

     

    IV. Deux puissances incomplètes.

     

    1) Deux puissances qui tentent de développer leur soft power.

     

    -La Chine devient une puissance culturelle : instituts Confucius, organisation des JO de Pékin en 2008 et de l’exposition universelle de Shanghai en 2010. Elle produit des films qui mettent en scène des mythes ou des héros chinois. La diaspora (50 M de personnes) joue un rôle essentiel dans la diffusion de la culture chinoise. Le Japon promeut une image de Cool Japan : mangas, jeux vidéo, films d’animation (studio Ghibli)…

     

    -Le Japon est un des principaux contributeurs de l’Aide Publique au Développement. Il finance la Banque africaine de Développement. Il est le 1er contributeur de la Banque asiatique de Développement. La Chine finance également la Banque asiatique de développement.

     

    2) Deux puissances qui souhaitent devenir deux puissances militaires.

     

    -La Chine s’est dotée du 2e budget militaire du monde. Son armée est composée de 2,2 M d’hommes. Elle rattrape son retard maritime. Elle mène une politique expansionniste en mer de Chine. Elle empiète sur les ZEE de ses voisins. Ce qui crée des tensions avec le Vietnam et l’Indonésie.

     

    -L’article 9 de la constitution interdit au Japon de recourir à la guerre. Le Japon dispose du 5e budget militaire mondial. Il sort de son isolement militaire : présence en en Irak en 2003. La marine japonaise joue un rôle régional important dans la lutte contre la piraterie.

     

    -Mais les États voisins se méfient du retour du nationalisme et du militarisme en Chine et au Japon (http://rue89.nouvelobs.com/2014/01/01/chine-japon-deux-rivaux-jouent-feu-nationalisme-248716). Le Japon réclame en vain de devenir membre du conseil permanent de sécurité de l'ONU depuis 1993. 

     

    3) Des faiblesses structurelles.

     

    -La Chine et le Japon n’ont pas le même niveau de développement. Le Japon a l’I.D.H. le plus élevé d’Asie : 0,91. Celui de la Chine est de 0,69. La Chine est un pays très inégalitaire. Seulement 400 M de personnes appartiennent aux classes moyennes ou supérieures. La Chine amorce une politique contre les inégalités. 500 M de personnes sont sorties de la pauvreté depuis 1990.

     

    -Le Japon est un pays vieillissant (1,4 enfant/fe). La Chine amorce ce processus. Elle a mis fin à la politique de l’enfant unique en 2015.

     

    -La Chine reste une dictature. Depuis 2007 : multiplication des "écoles patriotiques" (http://www.francetvinfo.fr/monde/chine/chine-a-l-ecole-de-l-armee-rouge_1843449.html). La liberté d’expression et l’accès à internet et aux réseaux sociaux restent très contrôlés.

     

    -Le Japon est l’État le plus endetté au monde : 253 % de son PIB (2017). Mais la dette de la Chine progresse. Elle dépasse maintenant celle des États-Unis et atteint 259% du PIB. Chine et Japon subissent la concurrence des émergents asiatiques. La Chine commence à délocaliser. Les Européens veulent anticiper la fin de croissance chinoise en trouvant d’autres pays partenaires. 

     

     

    Jean-Marc Goglin

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  • La mémoire est à la fois le moyen par lequel on se souvient de quelque chose et ce dont on se souvient. La mémoire permet l'apparition du passé dans le présent.La mémoire peut être sélective, traumatique et douloureuse ou magnifiée et transformée.

    Lire : http://jmgleblog.eklablog.com/histoire-memoire-seconde-guerre-mondiale-a174324828

    Les événements dont il faut se souvenir :

      -la Seconde Guerre mondiale : http://jmgleblog.eklablog.com/les-grandes-phases-de-la-seconde-guerre-mondiale-1939-1945-a126177366

       -Vichy, la Résistance et la refondation de la République : http://jmgleblog.eklablog.com/vichy-la-resistance-et-la-refondation-de-la-republique-a126548872

     

    L'histoire est un récit et une analyse des faits contextualisés et mis en perspective. Les historiens s'interrogent sur les rapports entre la mémoire et l'histoire.

    Texte : http://www.liberation.fr/debats/2016/04/08/henry-rousso-le-surinvestissement-dans-la-memoire-est-une-forme-d-impuissance_1444888

     

    Comment les historiens ont-ils contribué à faire évoluer les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France ?

     

     
    I. Des mémoires traumatisées et partiales.

     

    • La mémoire gaullienne.

     

    1944 : Les Français se lancent dans une chasse aux collaborateurs. 

    1945 : Philippe Pétain et Pierre Laval sont traduits en justice.Ils sont condamnés à mort.Mémoires Seconde Guerre mondiale

    Charles de Gaulle transforme la condamnation de Pétain en peine de prison.

    Il donne la priorité à la restauration de l’État et de l'unité nationale. Il autorise une épuration légale.

    Il déclare le régime de Vichy comme "nul et non avenu". Il proclame la continuité de la République.

     

     

     

    Charles de Gaulle impose une interprétation des faits : Vichy devient une parenthèse dans l'histoire de la République, la République a continué d'exister par la "France de Londres".

    Résultat de recherche d'images pour "france de londres de gaulle"

    Cette interprétation est justifiée par l'appel du 18 juin 1940.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    • La mémoire communiste.
     
    Le PCF propose une autre mémoire de la Seconde Guerre mondiale.
     
    Il se proclame le « parti des 75 000 fusillés ».  
     
    http://compodispo.free.fr/ImagesHistoire/FranceApres45/parti-communiste.png
     
    Ce chiffre est alors invérifiable. Mais il impose le PCF comme le parti politique qui a résisté.
     
    Le PCF définit la résistance comme un sursaut de l'ensemble du peuple français face à l'occupant mais aussi ses dirigeants.
     
    Le PCF fait des communistes résistants, tel Guy Môquet, de véritables héros.
     
    Résultat de recherche d'images pour "guy moquet"
    Source : Service historique de la défense
    Résultat de recherche d'images pour "guy moquet"
    34 rue Baron, Paris.
     
    Le PCF encourage la publication des autobiographies des résistants.
     
    Le PCF a une mémoire partiale. Il occulte le fait que les communistes ne sont entrés en résistance qu'à partir de l'attaque de l'URSS par l'Allemagne en juin 1941.
     
    • Des mémoires qui  s'affrontent.
     
    Les mémoires gaulliste et communiste s'affrontent.
    Image associée
     
    Les gaullistes présentent de Gaulle comme le sauveur de la France.
    Les communistes minorent son rôle.
    L'enjeu est la prise du pouvoir en France.
     
    Éloigné du pouvoir, de Gaulle publie ses Mémoires de guerre.
    Il y présente sa vision des faits.  

     
     
     
     
     
     
     
      

    • Des mémoires qui oublient et sélectionnent.
     
     
    Les mémoires occultent les vaincus de la guerre et les collaborateurs.
    En 1947, 1951 et 1953, des lois amnistient les anciens collaborateurs.
    Celle de 1953 amnistient les "malgré nous", les Alsaciens enrôlés de force dans l'armée allemande qui ont participé au massacre de 642 civils à Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944.
     
    Les mémoires occultent le rôle de Vichy.
     
    Le cinéma glorifie les résistants : La bataille du rail de René Clément de 1946.
     
    Image associée
     
    Les manuels scolaires présentent la France occupée mais résistante.
     
    Certaines mémoires mythifient le maréchal Pétain, toujours présenté comme le "vainqueur de Verdun".
     
     
    Image associée
     
    Affiche de 1951 favorable à la réhabilitation de Philippe Pétain.
     
     
    En 1954, dans son Histoire de Vichy, Robert Aron popularise la thèse "du bouclier et de l'épée".

    Mémoires Seconde Guerre mondiale

     
    Philippe Pétain (le "bouclier") aurait protégé les Français, simulé la collaboration, tandis que Charles de Gaulle ("l'épée") aurait, lui, combattu les Allemands. Cette thèse donne aux deux hommes un rôle complémentaire. De fait, tous les Français auraient été résistants.
    Le "mythe résistancialiste" s'impose relayé par l'enseignement et le cinéma : Paris brule-t-il ? de René Clément et La grande vadrouille de Gérard Oury, sortis en salles en 1966.
     
    Résultat de recherche d'images pour "paris brule t il"
     
     
     
    En 1987, l'historien Henry Rousso explique qu'un "syndrome de Vichy" a marqué les Français. Résultat de recherche d'images pour "rousso syndrome de vichy"
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Les mémoires occultent la spécificité des politiques d'extermination. La politique d'extermination est liée à celle de la déportation. La déportation est présentée comme étant l'œuvre des nazis. 
     
     
    En 1956, Alain Resnais, présente Nuit et Brouillard, le premier film à révéler au grand public l'univers concentrationnaire. Mais les images montrant le rôle actif de policiers français ont été censurées.
     
     
         
    Image censurée : Camp de Pithiviers, 1942. 
     
    Source :  http://clioweb.free.fr/camps/kepi.jpg
     
    Les mémoires gaulliste et communiste déclinent à partir des années 1960.
    Une nouvelle génération qui n'a pas connu la guerre s'interroge et interroge la génération précédente
     
    Résultat de recherche d'images pour "de gaulle en hitler"
     
    .
     
     
     
    Résultat de recherche d'images pour "crs SS mondiale mai 68"

    • La mise en place d'une mémoire officielle.
     
    Certains sites devient des lieux de mémoire :
     
    Résultat de recherche d'images pour "carte lieux mémoire seconde guerre mondiale"
     
    1960 : un mémorial de la France combattante est ouvert au Mont-Valérien à Suresnes (Hauts-de-Seine).Résultat de recherche d'images pour "mont valérien mémorial"
     
     Source : http://www.mont-valerien.fr/
     
    En 1961, l’État propose aux jeunes scolarisés de participer au Concours national de la Résistance.
    En 1964, les cendres de Jean Moulin, organisateur du Conseil National de la Résistance, torturé par la gestapo, sont transférées au Panthéon.
     
    Des rues prennent le nom des résistants : Jean Moulin...
     
    Des sites sont préservés :
      
      -Camp du Struthof :
      
    http://www.e-monsite.com/s/2008/02/06/strasbourg-montagneverte/struthof-g4u4b.jpg
      
      
      -Oradour sur Glane :
       
    http://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/sites/regions_france3/files/styles/top_big/public/assets/images/2017/06/07/oradour_4-3097497.jpg?itok=SPcyNSmn
      
      
      -Plages et cimetières militaires de Normandie :
       Ex : Site de la Pointe du Hoc :
      
    http://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/sites/regions_france3/files/styles/top_big/public/assets/images/2014/06/14/pointe_du_hoc_vue_du_ciel.jpg?itok=0zrD8Sih
     
     http://www.dday-overlord.com/wp-content/uploads/2016/02/carte_cimetieres_normandie-1.gif

    Source :  http://www.dday-overlord.com/wp-content/uploads/2016/02/carte_cimetieres_normandie-1.gif

      Ex Cimetière américain de Colleville sur Mer (Calvados) :

    https://cdt14.media.tourinsoft.eu/upload/Cimetiere-americain-bassin.jpg

    https://cdt14.media.tourinsoft.eu/upload/Cimetiere-americain-aerien.jpg

      

      

    II. L'histoire bouleverse les mémoires.

      

    • La lente multiplication des recherches et analyses historiques.

     

    En 1951, un comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale est créé. Il est chargé de collecter les témoignages des résistants et de conserver les archives.

    Les universités encouragent la rédaction de travaux universitaires et notamment de thèses.

    Les premiers historiens de la résistance sont d'anciens résistants.

    La recherche est bouleversée par les apports des universitaires anglo-saxons et notamment américains.

    1979 : Les archives françaises deviennent accessibles aux historiens.

     

    • L'affirmation de la mémoire de la Shoah

     

    La notion de crime contre l'humanité est définie dès 1945.
     
    Pourtant la mémoire juive n'est pas reconnue spécifiquement en France. Pourtant les intellectuels chrétiens ont transmis dès la fin de la Seconde Guerre mondiale la spécificité du génocide juif.
     
    Simone Veil témoigne : "Nous n'avons pas parlé parce qu'on n'a pas voulu nous écouter".
    Résultat de recherche d'images pour "mythe résistancialiste"
     
     
     
    Un événement réveille les mémoires  : en 1961-1962, Adolf Eichmann, un des responsables de la Shoah, est arrêté et jugé à Jérusalem, en Israël. Des rescapés témoignent.  

    Mémoires Seconde Guerre mondiale

    Source : https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20160208.OBS4238/annette-wieviorka-le-proces-eichmann-a-permis-de-comprendre-la-rationalite-nazie.html
     
     
    En 1963, une pièce de théâtre allemande Le Vicaire fait scandale. Elle met en cause le pape Pie XII dans la non dénonciation du génocide juif.
     
    Une mémoire juive militante émerge.
     
    En 1964, les crimes contre l'humanité sont déclarés imprescriptibles. 
     
    Les cinéastes révèlent les horreurs de la Shoah : Marvin J. Chomsky avec Holocaust  en 1979 et Claude Lanzmann avec Shoah en 1985.
     
    Résultat de recherche d'images pour "shoah 1985"
     
     
    Les révélations sur la Shoah sont contredites par des "négationnistes" comme Robert Faurisson.
     
    En 1981, Georges Wellers, survivant d’Auschwitz, doit publier
    Les chambres à gaz ont existé.
    Résultat de recherche d'images pour "georges wellers"
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    En 1987, l'historien Pierre Vidal-Naquet condamne Les assassins
    de la mémoire.
     
     
     
     
    En 2000, une fondation pour la mémoire de la Shoah est créée. En 2005, le mémorial de la Shoah est ouvert à Paris.
    Résultat de recherche d'images pour "mémorial de la shoah"
     
    Résultat de recherche d'images pour "mémorial de la shoah"
    Le mur des noms, Mémorial de la Shoah, Paris. 

    • La révélation des spécificités du régime de Vichy.
     
    En 1971, le cinéaste Marcel Ophuls montre dans Le Chagrin et la Pitié, chronique d'une ville française, Clermont-Ferrand, sous l'occupation, une vision sombre de la période de Vichy.
     
     
     
    A partir des années 1970, les historiens anglo-saxons étudient les spécificités du régime de Vichy.En 1973, un ouvrage majeur de Robert Paxton, La France de Vichy, est publié en français. Résultat de recherche d'images pour "paxton vichy"
     
     
     
     
     
      
     
    Robert Paxton montre que le régime de Vichy est à l'initiative de
    la collaboration et qu'il a joué un rôle actif dans la déportation. Il
    montre aussi que Vichy met en œuvre une "révolution nationale" qui
    lui confère des caractéristiques fascistes. Désormais, les
    historiens distinguent les collaborateurs des collaborationnistes. En
    1981, Robert Paxton oublie une étude sur Vichy et les Juifs qui confirme
    ses analyses précédentes. 
      
     
     
     
    En 1994, les révélations sur le passé vichysto-résistant du président François Mitterrand font débat.
     
    Henry Rousso et Eric Conan publient leur livre Vichy. Un passé qui ne passe pas. 
    Mémoires Seconde Guerre mondiale
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    • La découverte d'une France peu engagée.

    Les historiens montrent que les Français étaient minoritairement résistants. Ils montrent également que la résistance a pris de multiples formes.
     
    En 2011, dans son ouvrage Le chagrin et le venin, l'historien Pierre Laborie refuse le verdict d'une France presque totalement collaboratrice qui semble alors s'imposer.
    Résultat de recherche d'images pour "le chagrin et le venin"
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

     

    III. Un travail des mémoires.

     

    • Les procès.

     

    Beate et Serge Klarsfeld œuvrent en faveur de l'arrestation et de la mise en procès des anciens nazis et collaborateurs.

    Texte :  https://www.la-croix.com/Actualite/France/Serge-et-Beate-Klarsfeld-architectes-de-la-memoire-2015-01-23-1271985

     
     
     
    Klaus Barbie, ancien chef de la gestapo de Lyon, est jugé en 1987. Son procès est entièrement filmé pour servir de témoignage historique.
     
    Paul Touvier est le premier Français condamné pour crime contre l'humanité.
     
    Maurice Papon, ancien fonctionnaire responsable de la déportation des juifs de Bordeaux, est condamné en 1997.
     
    • La mise en place d'une politique des mémoires.
     

    L’État met en place une politique de mémoire :

    • une composante patrimoniale,

    • une composante commémorative,

    • une composante savante ;

    • une composante pédagogique qui permet de fixer la mémoire d’un événement ;

    • une composante vigilance.

     L’État impose progressivement un devoir civique de mémoire des crimes commis pendant la guerre. 

    Les témoins racontent :

    https://www.youtube.com/watch?v=ov6DnLg0y7A

    https://www.youtube.com/watch?v=HVh9huCsjaE

     
    L'Etat impose des journées commémoratives
     
     
    16 juillet 1992 : François Mitterrand devient le premier chef de l’État à assister à la commémoration de la "rafle du Vel d'hiv". 
     
     
    L’État modifie les programmes scolaires. En 1983, les programmes intègrent le thème de la France occupée. En 1985, ils insistent sur les spécificités de la Shoah.
     
     
    L’État adopte des lois mémorielles. La loi Gayssot du 13 juillet 1990 interdit la négation de l'existence de la politique d'extermination nazie. Les historiens débattent au sujet des lois mémorielles.
     
    L'historien Henry Rousso présente le devoir de mémoire comme " le plus grand mythe démocratique".
     
     
    2015 : François Hollande fait entrer des résistants au Panthéon :
     

     

    • La reconnaissance des responsabilités.
     
    Le 16 juillet 1995, le président Jacques Chirac reconnaît officiellement la responsabilité de l’État français. Il rend hommage aux Justes, aux Français qui ont sauvé des Juifs de l’extermination nazie.

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     Image associée
     
    Allée des justes. Mémorial de la Shoah. Paris.
     
    En 1999, l’État crée une Commission pour l'indemnisation des victimes de spoliations intervenues du fait des législations antisémites en vigueur durant l'occupation.
     
    En 2011, la SNCF reconnait son rôle dans la déportation.
     
    Le 28 octobre 2016, le président François Hollande reconnaît la responsabilité de l’État dans la déportation des Tsiganes.
     
    Certains s'opposent à ces manifestations de repentance. Les débats sont reflètent les oppositions politiques. 
     
     
    • Aujourd'hui des mémoires plurielles et apaisées ?
     
    Les historiens étudient les différentes mémoires et présentent leurs spécificités. Ce travail est d'autant plus important que la mémoire s'interroge de plus en plus sur les cas individuels : "que faisait mon aïeul, mes aïeux durant le conflit ?
     
    Les mémoires indigènes restent longtemps occultées. Leurs mémoires et le traitement de leurs mémoires sont liées aux questions coloniales. 
    En 1966, une nécropole nationale, à Chasselay, est dédiée aux tirailleurs sénégalais.
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    En 2006, le cinéaste Rachid Bouchareb rappelle, avec Les indigènes, le rôle des soldats issus des colonies. Le film fait polémique.
      
    http://fr.web.img6.acsta.net/medias/nmedia/18/36/31/72/18653664.jpg
     
    Les mémoires semblent s'apaiser peu à peu. Le 8 mai 2010, les "malgré nous" sont officiellement reconnus comme "victimes du nazisme".
    Résultat de recherche d'images pour "malgré nous bd"
    Source : BD Malgré nous t. 4, éditions Soleil.
     
     
    Les événements sont de plus en plus éloignés dans le temps. Les témoins sont de moins en moins nombreux. Mais les historiens continuent de transmettre leurs analyses et de faire évoluer les mémoires.
     
     
    Pourtant les débats reprennent régulièrement et manifestent les divisions qui marquent la société française. La repentance et l'enseignement de la Shoah restent deux sujets particulièrement sensibles. 
     
    Un sondage IFOP de 2018 laisse entendre que 10% des français ignorent ce qu'est la Shoah.
     
     

     

     

    Jean-Marc Goglin

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